A l'approche des élections qui auront lieu le 26 octobre pour les législatives, trois ans, presque jour pour jour, après les élections de l'Assemblée nationale constituante, qui se sont déroulées le 23 octobre 2011, et le 23 novembre pour le premier tour de la présidentielle, le paysage politique cherche encore des points de repères bien définis. Entre incertitudes et conviction, les alliances demeurent fort souhaitées. Si du côté d'Ennahdha on sait où l'on va et les choses semblent claires, ses candidats se présenteront sous la bannière de leur parti, ailleurs les tentatives d'alliances à l'exception de celle du Front populaire, sont encore loin d'aboutir. Durant le week-end dernier, le Conseil national de l'Alliance démocratique a décidé de poursuivre les intenses négociations pour la formation d'un front politique et électoral afin de s'intégrer dans des listes communes aux prochaines élections législatives et un candidat pour la présidentielle à désigner par la coalition. En cas d'échec des négociations, l'Alliance est prête à aller aux prochaines élections avec ses propres listes dans toutes les élections et son secrétaire général Mohamed Hamdi à la présidentielle. L'Union pour la Tunisie (UPT) après la défection de Nida Tounès patauge et piétine à la recherche d'un équilibre fort désiré. Les autres partis constituant ce front, à savoir Al-Massar, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique et le Parti Socialiste, vont-ils se présenter chacun tout seul où s'accrocheront-ils à l'UPT ? Samir Taïeb secrétaire général d'Al-Massar ne cesse de clamer la nécessité d'un large front qui va de Nida Tounès au Front populaire. Devant cette cacophonie, l'Initiative Nationale pour un Front uni des Forces civiles et Démocratiques (Al-Badra) a repris du service pour appeler à l'union. Cette initiative a été créée en Juin 2013, pour inciter les démocrates à s'unir pour sortir le pays de sa crise et du danger qui le menace. Salah Zghidi, animateur de cette initiative a affirmé au Temps que les membres de cette initiative avaient contacté les partis et les organisations pour pousser les forces civiles et démocratiques qui refusent l'Etat théocratique à s'unir. L'assassinat de Mohamed Brahmi, la formation du Front de Salut, le départ du Gouvernement d'Ali Laârayedh ont repoussé la date des élections. Depuis que les dates de ces élections ont été fixées l'Initiative a été relancée dans des conditions plus difficiles qu'en Juin 2013. Salah Zghidi précise : « Les positions des différents partis sont plus ou moins fixées. Mais nous, nous y croyons. Nous voulons lancer une grande campagne à l'adresse de l'opinion publique et aux partis politiques pour leur dire que les enjeux des prochaines élections se résument en une question : va-t-on laisser Ennahdha seule ou en alliance avec un autre parti comme Nida Tounès, pour reprendre le pouvoir ? Le bilan de son exercice du pouvoir est catastrophique. Jamais la situation économique, sociale et politique n'a été aussi grave. En dépit du bilan catastrophique pour la Tunisie, ce parti va-t-il revenir au pouvoir ? Qu'a-t-il fait de bien ? Eux-mêmes ils ne trouvent rien à dire. Ils parlent des libertés sauvegardées. Celles-ci existaient 10 mois avant leur prise du pouvoir. Nous avons connu une régression économique, sans précédent. La chute du dinar a été de 14% en deux ans. C'est catastrophique pour une monnaie. Les investisseurs étrangers ne veulent plus se hasarder à venir. Les investisseurs tunisiens vont investir au Maroc. Il y a eu la chevrotine, de sinistre mémoire, à Siliana. Trois assassinats politiques ont eu lieu sous le Gouvernement d'Ennahdha, Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Le dernier assassinat politique date de 1961 à Franckfort, celui de Salah Ben Youssef. Reste le dossier du terrorisme. Le bilan d'Ennahdha est négatif sur ce plan. Nous voulons un gouvernement capable de combattre le terrorisme. Ennahdha appartient à la même famille religieuse que ceux qui préconisent la violence. Tous parlent de Chariaâ. Rached Ghannouchi avait bien dorloté les extrémistes d'Ansar Chariaâ les appelant « nos enfants ». Dans la célèbre vidéo il leur disait qu'il partage avec eux les mêmes objectifs et idéaux, sauf que l'armée et la police ne sont pas garanties et que l'administration créée par Bourguiba est laïque et qu'il faut agir progressivement. Ils divergent sur la stratégie mais, pas sur les objectifs. Lorsqu'Ennahdha dit qu'elle est contre le terrorisme, ce n'est pas crédible. Habib Ellouze, un de ses dirigeants avait bien dit qu'il comprenait les jeunes qui allaient en Syrie et que s'il était jeune, il aurait fait comme eux. Quelqu'un qui défend le Jihad en Syrie, le défendra en Tunisie ». Pour Salah Zghidi, un retour d'Ennadha, banalisera son exercice du pouvoir. Elle en aura pour 20 ou 30 ans. La pétition lancée par l'Initiative a obtenu plus de 350 signatures, d'universitaires, hommes de lettres et citoyens ordinaires notamment des femmes. Dans cette pétition, les signataires affirment : « En se présentant aux élections en rangs dispersés, les forces se réclamant d' la démocratie et du progrès rendraient le meilleur des services à Ennahdha en ces jours difficiles pour l'Islam politique dans la région... Unies, les forces civiles et démocratiques dameront le pion aux « incompétences nationales » qui rêvent pour Ennahdha d'un nouveau mandat de 5 ans ».