Depuis la sortie du pouvoir de la Troïka et l'installation du Gouvernement de technocrates de Mehdi Jomaâ, le paysage politique tunisien est en train d'évoluer. Les allianceschangent et ce qui se mijote pour les prochaines élections nul ne peut le prédire. Le Front de Salut n'est plus visible. L'Union pour la Tunisie (UPT) est pratiquement à l'arrêt. L'UPT avait suscité de grands espoirs au moment de sa création pour équilibrer le paysage politique. Avec les soubresauts qui ébranlent Nida Tounès, les observateurs se posent des questions sur l'avenir de l'UPT. Les dissensions internes de Nida affecteront-elles l'UPT ? Les inquiétudes pèsent sur les autres composantes de l'UPT, à savoir Al-Massar, le Parti Socialiste et le Parti du Travail Patriotique et Démocratique. Maintenant que Nida Tounès occupe une bonne place dans les sondages, va-t-il tourner le dos aux accords conclus avec ses alliés ? Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar évite de parler directement de ce qui se passe au sein de son allié Nida Tounès. Toutefois, il rappelle que « les orientations générales de l'UPT n'ont pas changé. Il s'agit de construire un pôle démocratique et progressiste qui fasse le poids et tienne la comparaison face à Ennahdha et ses alliés. Aucun parti seul, ne peut réaliser cet équilibre impératif et nécessaire à la démocratie. L'UPT connait quelques difficultés du fait des hésitations de Nida Tounès. Ce parti hésite à s'engager clairement et pleinement dans des listes communes pour les prochaines élections législatives avec le respect de l'identité de chaque parti. Nida Tounès semble en proie à des interrogations internes que nous respectons. En tant que Massar, nous œuvrons à élargir l'UPT et réaliser ses objectifs. Si Nida Tounès veut aller dans ce sens, tant mieux. S'il veut agir en solitaire, l'UPT continuera. C'est uniquement au sein de l'UPT qu'on peut édifier un pôle politique opposé à Ennahdha et ses alliés. De toute façon, nous avons une réunion des secrétaires généraux des partis constituant l'UPT la semaine prochaine. On verra plus clair. De toute façon, l'UPT reste ouverte à toute personne ou groupe de personnes qui croient et partagent son projet. Nous serons vigilants pour que l'UPT ne soit pas l'otage des dissensions internes de Nida ». Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique considère que la situation à l'intérieur de l'UPT est affectée par l'évolution de la situation générale dans le pays. Il déclare au Temps : « Le passage d'une situation où la Troïka était au pouvoir et les forces démocratiques dans l'opposition. Par opposition démocratique, je vise le Front du Salut avec ses deux principales composantes le Front populaire et l'Union pour la Tunisie. A l'époque, il y avait une certaine stabilité dans le paysage politique. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation nouvelle, ni la Troïka n'est au pouvoir, et l'opposition non plus. Le pouvoir se trouve entre les mains d'une structure appelée à réaliser le programme arrêté par le Dialogue national. Les partis ont généralement une position d'un non-alignement positif. La carte politique est en train d'évoluer. Le Front du Salut comme outil pour sortir la Troïka du pouvoir a pratiquementrempli son rôle. Il aurait pu se transformer en Front électoral. Cela n'a pas été fait. Les candidatures se sont multipliées. Les plus grandes composantes du Front de Salut connaissent des remous internes. L'Union pour la Tunisie est traversée par des doutes et des indécisions à consolider son caractère d'alliance politique et électorale, en dépit de l'accord de principe pour qu'elle aille aux prochaines élections en rangs unis. En plus, Nida Tounès vit des tiraillements ordinaires que peuvent d'ailleurs connaitre d'autres partis. Des débats et des révisions concernant les grands choix sont à l'ordre du jour au sein de ce parti. Va-t-il se substituer au Front ? Evoluera-t-il vers un arrangement historique accommodant avec son principal concurrent politique ??? Notre parti ne veut pas renoncer à serrer les rangs de ceux qui défendent l'étendard de la République civile et démocratique. C'est un projet prometteur qui a gagné l'appui des Tunisiens. Nous n'appelons pas à l'anarchie. Il y a dans le pays un projet conservateur qui a le droit d'exister. Toutefois, les Démocrates ont une autre vision qu'ils doivent communiquer au peuple. Nous appelons toutes les forces à en être conscientes. L'UPT doit jouer son rôle. Au sein de notre parti, nous sommes en train d'avancer avec le Mouvement patriotique de Touhemi Abdouli et d'autres, pour la formation d'une alliance politique et électorale dans le cadre du renforcement du projet de l'UPT. Ce sont des partis candidats à l'UPT ». Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste est loin d'être optimiste. Il déclare au Temps : « l'UPT est dans une phase très difficile. Les points de vue divergent. Ce qui se passe à Nida Tounès risque de mener l'UPT à la dérive. Les bonnes volontés doivent tenir bon pour éviter un tel désastre. Ce qui se passe à Nida, Al-Massar et ailleurs doit inciter tout le monde à se maintenir dans la même ligne directrice qui a été à l'origine de l'apparition de l'UPT. Ces derniers temps, je suis un peu pessimiste. Nous avons raté des moments précieux et avons laissé Ennahdha faire ce qu'elle veut. Pour des intérêts étriqués, nous avons raté beaucoup de choses. Nida Tounès au début était modeste dans ses rapports avec les autres. Lorsqu'il s'est vu renforcer, beaucoup de ses membres ont eu levertige. L'orientation de départ a été perdue. Depuis la naissance du Front de Salut, l'UPT n'a pu se maintenir ou mener une action d'envergure dans le pays ». Taïeb Baccouche secrétaire général de Nida Tounès est catégorique. Il clame haut et fort : « l'Union pour la Tunisie, j'y tiens et continuerai à le faire jusqu'à la fin, pour des raisons politiques et morales. Nous avons signé un accord pour la formation d'un Front politique et électoral. Il n'est pas question de remettre en cause cet accord. Nous avons chez nous certains qui sont contre cet accord. Nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes. Je suis attaché à l'UPT quel que soit le prix. L'homme doit respecter la parole donnée. On ne peut faire comme la Troïka en dérogeant à la parole donnée ».