Des indépendants, des syndicalistes, des militants du tissu associatif et autres politiques se coalisent pour lancer une initiative citoyenne à même d'exercer une pression sur les forces civiles et démocratiques afin de les amener à s'unir. Lors d'une conférence de presse très suivie, tenue hier, Salah Zghidi, porte-parole de l'initiative, a précisé que l'objectif de l'initiative est d'œuvrer pour l'union de toutes les forces démocratiques attachées à l'Etat civil, contrairement à l'Etat théocratique. « Toutes les forces qui veulent préserver le caractère civil de l'Etat sont appelés à s'unir en un seul front. Leur union dans ce large front ne les empêche aucunement de garder leurs spécificités respectives. On ne peut bâtir un Etat démocratique, ni un régime véritablement républicain, sans un Etat civil. On ne peut non plus parler de liberté, ni de justice », dit-il. Ennahdha essaye par tous les moyens et utilise toutes les stratégies pour éviter d'adopter dans la Constitution, le caractère universel des Droits de l'Homme. Les promoteurs de cette initiative considèrent qu'un grand danger menace la Tunisie, en cas d'éventuelle victoire d'Ennahdha aux prochaines élections, au cas où l'opposition y va en rangs dispersés comme elle l'avait fait aux élections du 23 octobre 2011. « Depuis, la montée d'Ennahdha au pouvoir, tout a régressé à part les prix et la violence », constate Salah Zghidi. Jamais on n'a imaginé que la Tunisie évoluerait vers une pareille situation. La violence s'est installée avec l'attaque d'une salle de cinéma projetant un film dont le titre ne plaisait pas à certains. Puis l'assaut a été donné au Palais El –Abdellia. Nouri Bouzid avait été violenté. Des manifestants à Siliana ont été la cible de chevrotine. Le 9 avril 2012, des milices d'Ennahdha agressaient des citoyens, la main dans la main avec les forces de sécurité. Haïfa Ben Abdallah en porte les séquelles jusqu'à nos jours. La violence a atteint son paroxysme par le lynchage qui a entraîné la mort de Lotfi Naguedh de Nida Tounès à Tataouine pour culminer avec l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février devant chez lui à 8H du matin. « Durant une année et demie, les pouvoirs publics n'ont fait que plonger le pays dans cette situation accablante. Il est temps de dire Assez ! », clame Salah Zghidi. Les hommes au pouvoir ont montré leur limite et incompétence, indépendamment de leur idéologie. Pour mettre fin à ces dérives, il faudra agir afin de barrer la voie à une quelconque victoire d'Ennahdha aux prochaines élections. « Si elle les gagne, elle poursuivra son projet d'islamisation de l'Etat et de la société. C'est son seul programme. L'économie du pays ne l'intéresse pas beaucoup. Il faut donc sauver le pays de la catastrophe qui le guette. Nabil Ben Azzouz, coordinateur de l'Initiative, a exprimé sa satisfaction de l'initiative du Front populaire pour un large front civil et démocratique. « Les promoteurs d'Al-Badra, poursuivront leur action pour que les militants de base des différents partis démocratiques imposent à leurs directions respectives la formation du Front. S'il faut organiser une manifestation pour que les partis s'unissent, on le fera », dit-il. Il déplore que les forces démocratiques aient raté l'occasion du 6 février, date d'assassinat de Chokri Belaïd pour s'unir. Pour mette en échec les calculs politiciens, un pacte devrait être signé par ces partis avant les élections. « Le temps n'est plus celui de l'idéologie mais de la politique », dit-il. L'universitaire Raja Ben Slama, prévient que les leaders des partis démocratiques doivent dépasser leur narcissisme somme toute légitime, pour faire prévaloir l'intérêt de la Tunisie. Les promoteurs de cette Initiative n'ayant aucune ambition politique personnelle, comptent faire pression pour que soit adoptée une Constitution qui sauvegarde le caractère civil et non théocratique de l'Etat, qui garantisse la nature démocratique du régime politique et qui préserve et renforce les libertés individuelles et publiques sur la base des principes universels des Droits de l'Homme et cela, sans restriction ni réserve d'aucune sorte ; de faire également pression pour que soit fixé un calendrier électoral définitif ayant force exécutoire et d'agir pour que soient garanties les conditions d'un déroulement des élections dans un contexte réellement libre, transparent et démocratique.