En 2012, Faouzi Bellaaj opère sa révolte et entre en dissidence définitive avec une fédération qui ne répondait plus à son attente et qui ne respectait plus à ses yeux les valeurs olympiques. Aussi prit-il l'initiative de créer une association sportive à Tunis pour se procurer un univers propice à la réalisation d'un projet qui lui tenait à cœur depuis belle lurette : accorder aux jeunes les mêmes chances que celles qui lui ont permis de s'épanouir d'abord en tant que handballeur au Club Africain, puis en tant karatéka. Aujourd'hui, cette association compte 500 licenciés, dont 40% de filles, avec une activité soutenue à la salle Jaafar de l'Ariana. Encadrés par douze entraîneurs, les adeptes de cet art martial se donnent à cœur joie pour occuper sainement leur temps libre et se projeter dans le futur avec une vision plus optimiste. En moins de trois ans le bilan est des plus élogieux : Tournoi mondial en France en mars 2014 : 3ème place obtenue par Nesrine Araar, soit la performance jamais égalée par une compétitrice arabe. Championnats maghrébins mixtes en avril 2014 au Maroc : première place obtenue par Nesrine Araar aux dépens d'un Marocain. Organisation annuelle de concours de passage de grade et de compétitions sous l'égide de la fédération internationale de Shinkyokushin. S'il est déterminé à poursuivre sa mission avec la même passion, il ne manque pas de s'indigner quand il constate de temps à autre les dérives de sa fédération, qu'il avait quittée sans regrets, tant les pratiques le réconfortent dans ses nouveaux choix. Il s'en exprime avec écoeurement : « J'observe qu'on commet des entorses graves et en toute impunité dans l'organisation d'une compétition internationale ( Hammamet - février 2014). Les participants étrangers n'ont pas été accrédités par leurs fédérations respectives. Aussi la légitimité des athlètes a-t-elle été suspecte ; les délégations qui se sont présentées lors de la cérémonie officielle ont été renforcées par des Tunisiens pour tromper le Ministre présent dans la tribune. Un tel agissement pénalise l'instance fédérale et discrédite tout le sport tunisien ; c'est pourquoi j'appelle à une réaction énergique de la tutelle pour prendre les mesures qui s'imposent et dissuader ceux qui sont tentés de suivre ce mauvais exemple. » A un moment où le pays s'attèle à enraciner les valeurs de l'olympisme, tous les acteurs sont sans doute invités à observer un minimum de rigueur dans leur rapport au sport qui est l'un des principaux vecteurs de la socialisation des enfants et de l'épanouissement de la jeunesse.