Le chômage est, certes, un problème de déséquilibre macroéconomique mais sous nos cieux, il représente une triste singularité : il est spécifiquement féminin, puisque la gente féminine est plus touchée par ce fléau que la gente masculine. Les talons aiguilles ont toujours du mal à investir des lieux de travail réservés aux hommes. En politique la femme tunisienne reste l'éternelle outsider. En Tunisie, au lendemain de l'indépendance la Tunisie a été touchée par un chômage structurel de masse. D'aucuns croient que la responsabilité de ce problème incombe à l'Etat, mais en Tunisie la question relève aussi de la mentalité collective qui sévit. Dans sa spécificité tunisienne, le chômage est misogyne ! Le chiffre officiel présenté par l'INS : 15, 3 %, fin 2013 montre une hausse du nombre des sans-emplois en un temps où l'Etat annonce un ralentissement des créations d'emplois en 2014. Sauf que là le taux de chômage est estimé à 13.1 % chez les hommes et 22.5 % chez les femmes, toujours selon l'enquête de l'INS se rapportant au troisième trimestre de l'an 2013. Les créations d'emploi sont estimées à 25.9 mille emplois au cours de cette période où on enregistre un effectif des personnes actives de 3341.2 mille hommes et 845.9 mille femmes. Cela est valable aussi pour la catégorie des chômeurs du supérieur, puisque l'on note un taux estimé à 23.1 % chez les hommes et à 43.5 % chez les hommes, soit une augmentation de 2.2% chez les hommes, et une stagnation pour les femmes. Sommes-nous tous égaux face au chômage. L'égalité des chances est semble-t-il une question réservée aux discours politiques pompeux, creux et incohérents, car dans la réalité les choses sont bien différentes pour que les femmes essuient les outrages d'une société misogyne malgré les apparences...hypocrites. Sur le plan mondial, en comparaison avec la situation des femmes dans le monde, on notera que le taux d'accès de la Tunisienne au marché du travail est nettement le plus faible. C'est ce qu'a relevé le projet de la stratégie nationale d'emploi (2013/2017) qui révèle un taux de chômage de la gente féminine parmi les plus élevés dans le monde, même si sur le plan législatif, la Tunisienne jouit d'un ensemble de droits relativement en avance par rapport à ceux des autres femmes. En 2012, ce taux a atteint 26,9%, contre une moyenne mondiale de 6,5%. Et là encore la présence féminine se limite à 24,7%, contre 75,3% de demandeurs d'emploi parmi les hommes. Le document montre par ailleurs qu'un « meilleur positionnement de la femme sur le marché du travail aurait contribué à 0,7% au PIB. » Le projet propose « la mise au point d'un plan de travail visant à encourager les femmes à la création d'entreprises d'économie sociale et à l'investissement dans les industries de transformation. » On recommande également de « concevoir de nouveaux mécanismes favorisant le travail de la femme à distance en privilégiant les projets d'essaimage et la sous-traitance intellectuelle comme la télé-comptabilité. » La femme en politique Il faudrait par ailleurs, mettre en place une politique d'accompagnement personnalisée pour les femmes postulant un emploi en leur apprenant à mettre en valeur leurs compétences et s'imposer en tant que telles. Cela revient, en partie à leur faire prendre conscience que leur employabilité est liée aussi à l'iniquité sinon la discrimination de genre. Les femmes devraient apprendre à affronter la misogynie qu'elles subissent tous les jours, pour parvenir à des postes de responsabilité auxquels d'autres femmes ont accédé un peu partout dans le monde. Le choix des têtes de listes pour les élections législatives nous a montré, un tant soit peu, que les femmes sont vilipendées par les hommes du même parti et que ces derniers ne supportent pas voir des femmes gouverner. On confirmera l'idée qui dit que les slogans de l'égalité homme-femme ne sont que des arguments politiques fallacieux choisis par ceux qui ont fait de la soi-disant liberté de la femme un alibi pour animer des conférences de presse ou pour meubler des meetings où le sexe féminin y joue le rôle de figurant. Un élément de décor. Et puis ces mêmes femmes attachées à de fausses illusions de liberté et d'égalité avec les hommes sauront peut-être répondre à ce misogyne de la première heure qui demande « aux femmes par quoi elles remplacent l'intelligence. » A là là là. Vaste programme.