Dans le cadre de la visite périodique des boutiques d'artisanat, implantés dans la Médina, M. Ridha Twiti, ministre du Commerce et de l'Artisanat a fait, vendredi soir le tour d'horizon des lieux. Il a été accompagné cette année par M. Khalil Lagimi, ministre du Tourisme, et M. Slaheddine Makhlouf, Secrétaire d'Etat de l'artisanat ainsi que des responsables des deux ministères. La visite fut une occasion pour se faire une idée claire sur les préoccupations des artisans ainsi que les problèmes qui se posent dans le secteur. L'horloge affiche 21 heures et quart. Côté la Kasba, la circulation bat son plein. Presque une semaine nous sépare de la fin du mois du Ramadan, les Tunisiens se préparent, déjà à Aïd El Fitr. Quelques minutes après la rupture du jeûne, les boutiques sont prises d'assaut et les rues de la capitale se transforment en une ruche d'abeille. La Médina, vit également, au rythme des derniers jours du mois saint. C'est d'ailleurs là où on découvre mieux l'ambiance ramadanesque. Si quelques artisans ont préféré de fermer leurs boutiques vendredi soir, d'autres n'ont pas manqué l'occasion pour rencontrer les ministres du Commerce et de l'Artisanat et du Tourisme pour les mettre au courant de leurs préoccupations et les problèmes qui se posent dans le secteur. Ils attendaient ce rendez-vous annuel devenu une tradition. L'artisanat tunisien est-il menacé de disparition ? Le secteur risque de perdre ses spécificités originelles. Et pour cause, l'invasion des produits externes, la hausse exorbitante du prix de la matière première et la diminution du nombre de la main-d'œuvre et des artisans. En exemple, le secteur d'orfèvrerie souffre de plusieurs difficultés, notamment la disparition des modèles tunisiens originaux le nombre de joailliers maîtrisant convenablement le métier est en régression, ont réclamé les professionnels vendredi soir. Le secteur souffre également des intrus sans oublier la hausse du prix de l'or. Autre obstacle soulevé est l'insuffisance des quantités d'or qui ne répondent pas aux besoins des professionnels. Ils ont ainsi appelé le ministre à former un comité pour débattre des problèmes qui se posent dans le secteur de manière plus étudiée et d'en apporter les solutions adéquates.
300 mille postes d'emploi A l'instar du secteur des bijoux, celui de tapisserie fait face à des problèmes qui sont presque les mêmes que ceux qui se posent dans les autres secteurs d'artisanat. Le nombre d'artisans est en fait, en diminution continue. Seules, quelques régions du pays produisent encore le tapis et le margoum à cause et ce à cause de l'invasion industrielle. Etant donné que le secteur n'est plus rentable pour les artisanes, elles optent davantage pour le travail dans les usines de textile. Bien qu'elle soit riche en modèles, la tapisserie tunisienne est limitée. Uniquement le margoum et le tapis kairouanai sont les plus commercialisés. Cerise sur le gâteau, la poterie de Sejnène est en vogue, elle gagne du terrain pour franchir même nos frontières. Ce produit, purement traditionnel, est largement demandé à l'extérieur. Toutefois, le domaine enregistre des lacunes. Car il est en train de perdre ses caractéristiques et spécificités. Les modèles chinois et le style extrême oriental dominent la poterie tunisienne. Ainsi, les artisans proposent de créer des groupements revitaliser le secteur.
A rappeler dans ce cadre que le secteur d'artisanat occupe la première position en termes de la main d'œuvre. Il assure en fait 300 mille postes d'emploi comme il contribue à 4 % du PIB. Une attention particulière a été accordée au secteur depuis quatre ans et ce suite à l'organisation de la consultation nationale dans le domaine. Une stratégie a été établie pour redynamiser le domaine d'artisanat. Lancée en 2003 et se poursuivra jusqu'au 2016, elle se base sur trois plans de développement. Objectif : multiplier par deux le taux de participation dans le PIB pour passer ainsi à 8 %, créer des postes d'emploi supplémentaires et arrêter les mécanismes susceptibles de revitaliser l'artisanat. Les autorités de tutelle mettront l'accent, entre autres, sur la formation, la qualité et l'offre de la matière première. De même, l'Office National d'Artisanat ne cesse de travailler sur la question. Des campagnes de sensibilisation ont été organisées pour impulser la création des groupements de commercialisation et d'approvisionnement. Il vise ainsi à faciliter le travail aux professionnels à tous les niveaux. Dans ce cadre, 20 groupements ont été créés jusqu'ici. Le nombre sera multiplié car une cinquantaine de groupements verront le jour prochainement.