Certes, il est du devoir des médias, en cette période de campagne électorale, de veiller au grain et de dénoncer tout dépassement commis par l'un des candidats aux élections. Mais, doivent-ils pour autant se déchaîner sur les contrevenants et faire de leur action médiatique un acte de dénigrement ? Ne dépassent-ils pas par là le cadre qui leur est délimité par la loi ? Toutefois, au-delà des contraintes de la loi et des interdictions auxquelles ils sont soumis à ce niveau, un tel comportement ne risque-t-il pas de produire un effet contraire à celui escompté ? Les effets collatéraux L'article 52 de la loi électorale stipule que « L'autorité compétente doit prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect du devoir de neutralité. Le président de l'administration publique doit rédiger un rapport pour toute infraction au devoir de neutralité constatée, accompagné des preuves nécessaires et en transmettre une copie à l'Instance ». C'est l'article opposé par la HAICA à la chaîne Nessma pour l'annonce d'une émission consacrée au candidat à la présidentielle, Slim Riahi. Cette instance de régulation lui a, également, rappelé qu'elle était aussi tenue de respecter les principes énoncés dans l'accord commun conclu entre elle et l'ISIE datant du 5 juillet 2014 qui énonce que « Bien que les médias bénéficient de la liberté d'expression dans leur couverture de la campagne électorale, ils sont, tout de même, tenus de respecter les principes de neutralité, d'impartialité et l'éthique du métier ». Conformément à ces prescriptions, la chaîne dans le tort. Toutefois, et en dépit de l'importance de l'observance par les médias des principes régissant la campagne électorale, le plus important est, à notre sens, les répercussions imprévisibles de telles manœuvres frauduleuses et qui dépassent, largement, le cadre de la loi. Il est question de l'impact que cela risque de produire sur l'image du candidat dénigré. Cette campagne de médisance ne pourrait-elle pas de lui faire des sympathisants justement à cause de l'atteinte à sa vie privée et la divulgation de ses données personnelles ? Au vu de ce qui s'est produit par le passé, cette hypothèse reste plausible. Et ainsi, ce candidat tirerait des avantages de cette victimisation. Il en serait de même pour le président Marzouki qui était attaqué par des médias pour avoir fait l'objet d'un coup de pub de la part de la chaîne française M6. Des campagnes médiatiques pareilles rendraient service à ces candidats aussi bien à la présidentielle qu'aux législatives où leurs partis respectifs seraient en position confortable. Il va sans dire que ces pratiques malsaines doivent être dénoncées, mais avec mesure et non pas de manière outrancière comme l'ont fait certains médias en s'acharnant sur la personne du président. Au lieu d'en faire un fait médiatique majeur, ne serait-t-il pas plus judicieux de se concentrer sur les programmes électoraux des différents partis politiques et candidats, tout en essayant de les présenter en toute objectivité ? En agissant de la sorte, ne risque-t-on pas d'inventer un second « Persepolis » ?