La réforme du secteur bancaire tunisien est toujours d'actualité. Le programme d'action esquissé par le gouvernement Jomâa a été jusque-là bien vu par les institutions de Bretton Woods, lesquels recommandent tout de même la nécessité d'accélérer les réformes dont celles se rapportant à la modernisation du cadre réglementaire et de contrôle du secteur bancaire. En attendant la fin de la mission du Full audit des trois banques publiques, le gouvernement sortant Jomâa a mis en place un projet de restructuration et un plan stratégique pour le redéploiement de la politique de l'Etat dans le financement de l'économie. Reste à savoir si le prochain gouvernement dérogera relayera-t-il la procédure engagée par ses prédécesseurs pour effacer et repartir à zéro ? D'ici la fin de l'opération d'audit intégral des trois banques publiques BNA, BH et STB, un programme de développement pour les deux dernières a été arrêté et qui concerne entre autres l'assise financière, la gouvernance et le côté organisationnel et institutionnel. Le Conseil d'administration de la STB a déjà annoncé lors de la tenue de son AGE l'augmentation de son capital de 124,25 MDT, pour passer ainsi de 808 MDT à 932,25 MDT. Avec un résultat net du groupe déficitaire de 127,3 ramené après modifications comptables à 571 MDT. D'où la décision d'augmentation de capital qui s'inscrit dans le cadre du renforcement de l'assise financière de la banque ou encore dans le cadre de l'augmentation du ratio des capitaux propres. En attendant le parachèvement du business plan de l'opération de recapitalisation, le projet de la loi de finances 2015 prévoit une enveloppe de 300MDT au titre de la participation de l'Etat dans la recapitalisation des banques publiques. Il ne faut pas perdre à l'esprit que les actifs des trois banques contribuent à raison de 23% dans le financement de l'économie nationale. Toutefois, cette question de recapitalisation publique et de renflouement des banques publiques qui se fait au détriment de l'équilibre budgétaire suscité toujours la polémique en Tunisie et partout dans le monde (l'UE et les USA). Partant de l'hypothèse selon laquelle la faillite d'une banque entraîne automatiquement l'asphyxie et la paralysie de toute l'économie, la recapitalisation publique ou semi-publique des banques en difficulté se pose comme un mal nécessaire. Rappelons que la loi sur la recapitalisation des trois banques publiques a été bloquée par l'Assemblée nationale constituante et est renvoyée au prochain Parlement qui aura trois projets de lois essentiels à caractère économique pour les approuver à savoir : la loi sur la recapitalisation des banques publiques, la loi portant constitution et gestion de la société d'actifs et la loi sur les partenariats publics/privés. Ainsi, les distensions risquent de se poursuivre au cours des prochains mois et la feuille de route en 5 axes préparés par le gouvernement Jomâa risque-t-elle de tomber à l'eau pour envisager d'autres alternatives. La privatisation totale d'au moins une banque publique sur les trois est elle envisageable ?