Voguant dans les remous tumultueux des œuvres où luttent l'ombre et la lumière, le féminin et le masculin, le diable et l'ange, nous voyons l'inconscient qui se dessine et se projette sur les toiles de Rifeh Gharsellaoui. Si cette vision jungienne nous fascine, une autre lecture pourrait nous effrayer. « Mes œuvres sont l'expression de mon développement intérieur... » disait Jung ; Rifeh, puise elle aussi dans l'émanation de son imaginaire où l'insaisissable est capté ; « le plus petit acte de création spontanée est un monde plus complexe et plus révélateur qu'une quelconque métaphysique » écrivait A. Artaud Dans les œuvres de Rifeh, l'énigme est posée, et le rêve apparait dans son irréelle vérité. Ses êtres qui incitent à la réflexion, s'enchevêtrent, dansent, souffrent, jubilent et là, la société dite moderne s'y reflète, « une ouverture sur le Cosmos » dirait G.Mathieu. Les compositions de la plasticienne nous montrent un monde de héros éponymes qui sont faits d'entrelacs, de couleurs subtiles où s'agencent les traits d'un dessin visionnaire, annonçant les blandices de l'irréel. Si la tendance actuelle va vers un art dit contemporain ou conceptuel, Rifeh tire sa référence dans son univers d'autodidacte, elle nous donne à voir et nous parle un langage oublié où l'œuvre se métamorphose, s'intériorise et se spiritualise sous le regard. Sylvain Montéléone Artiste