Alia Kateb compte parmi les artistes peintres ayant fait leur chemin dans le domaine des arts plastiques depuis plus d'une vingtaine d'années. Elle a débuté en 1989 après s'être initiée à la peinture à l'huile, acrylique, pastel et aquarelle au Centre Culturel Dante Alighieri, auprès du peintre italien Sylvain Montéléone, du non moins célèbre Hamadi Ben Saâd et de Mariette Passotti pour la peinture sur soie. Forte de cette formation qui a duré sept ans, elle s'est lancée dans des expositions collectives puis personnelles. La peinture de Alia n'est pas cérébrale, mais spontanée. Elle laisse une place primordiale à l'improvisation. Pour toutes les œuvres, la méthode d'exécution est identique : dictée par l'instinct. Dès lors, chaque coup de pinceau est un jaillissement, un cri du cœur, un acte de bravoure, une délivrance. Ses œuvres en ont acquis une force et une puissance évocatrice sans pareille. Entretien. Le Temps : pourriez- vous nous donner un aperçu sur votre parcours d'artiste plasticienne ? Alia Kateb : Mes débuts dans cette passion se situent aux alentours de 1987, date de la mort de mon père où je me suis réfugiée dans les arts plastiques pour oublier ma douleur. Ma peinture était plutôt sombre et triste, puis la douleur s'estompait au fil du temps et ma peinture prenait des couleurs plus festives. *Comment qualifieriez-vous vos œuvres ? -Ma peinture jusqu'à récemment était plutôt de nature impressionniste, (influence de Monet, Manet...) et il est vrai que ce style dont j'étais éprise, a eu beaucoup de succès, et en particulier mes fantasias, mes paysages et mes personnages tunisiens en vêtements traditionnels. Puis, par l'influence de l'art nouveau que l'on voit de plus en plus émerger ces dernières années, j'ai voulu m'essayer à des techniques plus abstraites et surtout alliant divers matériaux et procédés (collages de papiers de soie ou autres, objets de récupération etc...).C'est le cas du dernier travail que j'ai présenté au salon des arts plastiques au centre Néapolis, il s'agit d'une technique mixte (collage et peinture acrylique sur toile), tableau que j'ai intitulé" Nébuleuse sur la Médina". * Qu'aimeriez-vous transmettre à ceux qui admirent vos œuvres? -Lorsque je commence une toile, bien sûr si c'est un sujet à thème, après réflexion, j'ai une idée sur ce que je veux obtenir... mais ma main m'entraîne parfois sur des résultats saisissants qui me surprennent moi-même. Donc on peut dire, que je n'ai jamais une idée précise sur l'aboutissement de mon œuvre (bien sûr, je parle de la peinture abstraite)... Je souhaite et aimerais que le spectateur qui regarde mon œuvre éprouve une émotion, cette émotion que je ressens en travaillant. Chaque coup de pinceau que je donne est empreint de sentiments que je souhaite partager avec ceux qui regarderont mon œuvre. Je ne peux pas dire que j'ai commencé la peinture sur un coup de tête car j'étais douée depuis l'enfance en dessin et adorais la peinture, mais je n'ai pu assouvir ma passion qu'une fois mes enfants adultes. J'ai donc commencé par prendre des cours de perfectionnement en dessin, peinture à l'huile, acrylique, pastel, même peinture sur soie que j'ai vite abandonné car je ne me sentais pas libre comme dans la peinture sur toile, à l'Institut Dante Alighieri durant 7 années avec le Peintre Sylvain Montéléone et Hamadi Ben Saâd, et puis j'ai fini par me lancer seule. J'ai aujourd'hui à mon actif quatre expositions personnelles et environ 8O expositions de groupe dans toute la Tunisie (Tunis, Nabeul, Hammamet, Sfax, Monastir, Bizerte, Djebel Rassas, Ben Arous, La Marsa , Sidi Bou Said, et à l'étranger au Grand Palais à Paris, Club Christiane Peugeot (Champs Elysée) , Espace Champerret, Galerie Pascal Courbot Le Halle Paris 7ème, Bruxelles (Futurart), Tanger (Festival des Arts Plastiques de Tanger), etc... * Est-il facile pour un artiste autodidacte de s'immiscer dans le monde de l'art? -Je pense que c'est à force de travail et d'acharnement que je me suis faite accepter dans ce monde où il n'est pas facile de se frayer un chemin, mais c'est à force d'acharnement et de travail que j'ai fini par être acceptée par l'Union des Artistes Plasticiens Tunisiens, qui m'ont délivré une carte professionnelle. *Une toile, est-ce un morceau de votre vie ? -A mon avis, c'est bien plus que cela : c'est comme si j'enfantais à nouveau ! mes œuvres sont donc toutes mes petits bébés et je suis heureuse quand, dernièrement ma toile "Phenix" qui est un diptyque en technique mixte et qui a été acquise par le ministère de la Culture a été exposée au Club Culturel Tahar Haddad dans une exposition organisée sous l'égide dudit Ministère et intitulé "PANORAM ' ART 2012" . *Comment interpréteriez-vous la célèbre phrase de Picasso, « Je ne cherche pas, je trouve » ? - Je pense que ce que je vous ai dit plus haut y répond parfaitement car cette phrase résume tout à fait ma démarche : lorsque je commence une œuvre, je ne sais pas réellement où cette dernière va m'emmener... donc, je ne cherche pas, je la laisse me guider vers son aboutissement Propos recueillis par: Kamel Bouaouina