Une conférence présentée par l'Association "I Watch" en collaboration avec " l'Association de la Transparence Internationale " sous le thème des indicateurs de la corruption en Tunisie en 2014 s'est tenue hier. Achref Aouadi , président de l'Association "I Watch" , affirme , dans un premier temps , que la corruption est un processus dangereux qui peut toucher tous les organismes de la société civile une fois installée . Il considère , ainsi , que les structures de l'Etat font partie du problème et va jusqu'à accuser l'administration tunisienne de complicité et d'incitation à la corruption . Il propose, afin d'y mettre fin , de commencer par diagnostiquer la corruption dans tous ses états et d'essayer par la suite d'instituer une stratégie efficace qui permette de minimiser les risques d'une telle perversion . Achref Aouadi met l'accent sur le fait de promulguer une loi qui puisse protéger les citoyens voulant porter plainte contre les groupes mafieux et les corrupteurs ; Ainsi que sur le fait de mettre en vigueur les Tribunaux concernés par ce genre de dépassements . Tout de suite après , il a insisté sur la facilité de fonctionnement de ce genre procédures qui , selon lui , nait uniquement et simplement d'une volonté politique sûre. "Mais, nous ne savons pas comment vont se présenter les cinq prochaines années pour notre pays " a-t-il-ajouté en exprimant son angoisse par rapport à l'application des lois déjà existantes et par rapport au respect de la Constitution qui , pour Achref Aouadi , représente le plus grand défi de la Tunisie en ce moment. Dans un deuxième temps, le président de l'association " I Watch " pose le problème de la mentalité du citoyen tunisien et de sa position à l'égard des corrupteurs . Il dit , dans ce cadre , que pour sensibiliser les Tunisiens à dénoncer ceux qui les corrompent , il faut avoir du souffle et s'apprêter à une très longue guerre car ces derniers se montrent tolérants , voire indifférents . Et là encore , il considère que même les tunisiens qui évitent les problèmes en évitant de porter plainte repésentent une grande partie du problème . Il nous donne , ensuite , un chiffre énorme qui traduit en nombres le problème économique du pays " Un pays qui n'a pas l'air de sortir d'une Révolution ." a-t-il-commenté . Les dettes annuelles sont de l'ordre de 8 milliards de dollars l'année , qui est une somme énorme . Le vrai problème réside dans le fait que la Tunisie est en train de vivre , pour ne pas dire survivre, de ses dettes . Il clôt son intervention en mettant le doigt sur la fin de la phase transitoire car "les nouveaux corrupteurs" , selon lui , sont ceux qui profitent de la faiblesse du corps de l'Etat durant cette période . et que ces mêmes personnes sont aidées et soutenues par l'administration tunisienne qui empêchait l'accès à l'information et qui niait toute infraction et tout dépassement . Soumaya Belaid , chef du projet " I Watch " , trouve que à cause de ces pratiques , il y a une crise de confiance entre le citoyen tunisien et l'Etat et que pour la réinstaller , il faut mettre en place une stratégie bien claire dans le cadre de la Loi . " La Tunisie ne figure même pas dans les 10 premiers pays arabes ayant de bons indicateurs " . A la question : " Les lanceurs d'alertes sont-ils perçus comme traitres ayant divulgué des secrets ou comme héros ayant sauvé l'Ethique des structures de l'Etat? " , Soumaya Belaïd répond que le fait de dénoncer ces corrupteurs rentre dans la liberté d'expression car il est temps de rompre le silence et d'oublier la peur . " C'est un acte certes héroïque mais il est plus logique de le qualifier d'acte Citoyen car c'est un droit ". La corruption est un fléau enraciné dans tout le corps de l'Etat Tunisien et c'est principalement pour cela que la Révolution a été faite. Trois ans après la révolution, bientôt quatre ans , et nous entendons toujours parler de ces dépassements tels que la fraude. La Tunisie s'apprête à installer la 2ème république. Quels que soient les enjeux politiques, il s'agira de revaloriser l'Etat en nettoyant l'administration des mauvaises graines et en impliquant la société civile traditionnellement recluse dans son mutisme et, donc, dans une sorte de complicité.