L'ambassade de Tunisie en France vient d'alerter les services compétents au ministère de la Culture à propos de l'imminence d'une nouvelle vente de pièces archéologiques tunisiennes à Paris. Aussitôt, l'Institut national du Patrimoine a pris le relais et mis des chercheurs sur la piste de ces objets antiques en France. Des spécialistes tunisiens s'apprêtent ainsi (si ce n'est déjà fait à la parution de cet article) à se rendre en France alors que, selon nos sources, notre ambassade s'évertue à stopper cette vente. Réaction remarquable des autorités culturelles, cette riposte et sa rapidité démontrent bien que la vigilance est désormais de mise dans ce domaine et que tout est fait pour dépasser les graves dépassements du passé qui ont concerné aussi bien des œuvres d'art que des objets archéologiques. De fait, toutes les ambassades tunisiennes sont désormais en alerte dans le domaine de la protection du patrimoine et cette mobilisation commence à donner des fruits. Introuvable Ganymède Pour l'instant, les procédures d'alerte sont en train de s'affiner et la collaboration entre nos ambassades et l'Institut du patrimoine de s'affirmer. En effet, ce n'est pas la première fois que des délégations d'experts tunisiens sont dépêchées pour examiner des pièces archéologiques mises en vente et lever le doute sur leur origine et leur présence sur le marché. Ainsi, il y a seulement vingt jours, les autorités tunisiennes ont pu stopper une vente aux enchères de six pièces archéologiques. La vente devait être effectuée le 21 novembre dernier et la mission d'experts tunisiens a pu la reporter. Après examen, il s'est avéré que les objets n'étaient pas volés. Par ailleurs, le trafic d'objets archéologiques continue à défrayer la chronique. La dernière affaire en date remonte au 10 novembre dernier lorsque les autorités ont démantelé une bande spécialisée dans le vol de pièces archéologiques. Cinq arrestations à Kebili ont permis de démanteler cette bande et mettre la main sur des monnaies, des statuettes et une tête de sphinx. Ces événements successifs témoignent des menaces qui pèsent sur le patrimoine archéologique des pays du Printemps arabe. En Irak ou en Syrie et aussi en Libye voisine, les crimes contre le patrimoine sont monnaie courante même si les objets volés n'intègrent pas les réseaux officiels de vente des pièces historiques. Ainsi, de nombreux objets demeurent introuvables comme c'est le cas de la statue de Ganymède volée à Carthage le 9 novembre 2013. Les voleurs courent toujours alors que l'affaire est entre les mains d'Interpol. Pour rappel, cette statue de Ganymède datant du Vème siècle avait été dérobée au musée paléochrétien de Carthage. D'une taille de 50 centimètres, elle représente l'échanson des dieux, Ganymède, auprès de Zeus, représenté en aigle.