Alors que les résultats officiels du second et dernier tour de la présidentielle en Tunisie ne sont pas encore rendus publics et que le comptage suit son cours, les observateurs nationaux et internationaux travaillent comme des fourmilières et se bousculent pour divulguer à l'opinion publique tunisienne et internationale leur rapport d'observations. A la première heure du lundi 22 décembre 2014, la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), qui est en mission d'observation des élections en Tunisie, a organisé un point presse. En effet, au lendemain du scrutin historique en Tunisie et dans le Monde Arabe, les parlementaires du Conseils de l'Europe ont rendu public, hier matin, leur rapport d'observation. Un scrutin dans la sérénité Le chef de la délégation, M. Andreas Gross (Suisse, SOC) a entamé ainsi son discours : «Avec l'élection libre et démocratique, d'une qualité extraordinaire, de leur Président, les citoyens et citoyennes de la Tunisie ont su s'offrir à eux-mêmes le plus beau cadeau pour la nouvelle année qu'un démocrate peut imaginer». Il a tenu, par la suite à féliciter tous les acteurs qui ont contribué au succès de l'ensemble du processus électoral à savoir «l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) et les dizaines de milliers de personnes, membres des 11 000 bureaux de vote et les observateurs, qui ont contribué à un déroulement serein et absolument correct de ce vote historique». Ayant parcouru une vingtaine de bureaux de vote dans diverses régions, la délégation a félicité les Tunisiens pour le succès de la tenue du scrutin qui «s'est déroulé d'une façon exemplaire» et sans incident ou fraude. Ils ont noté l'esprit organisationnel, discipliné et sérieux de part et d'autres. Qu'il s'agisse des agents de l'ISIE, des représentants des deux candidats ou des électeurs, tous étaient à la hauteur de la responsabilité qui leur incombe. Ils ont fait, selon l'APCE, montre de maturité électorale notoire. Ils ont, notamment, évoqué le climat de sérénité et sécurité qui régnait que cela soit à l'intérieur ou à l'extérieur des centres de vote. Ils n'ont relevé aucun incident majeur ou mineur durant le déroulement du scrutin, ni de signe ostentatoire de tension. Tout était-il aussi parfait ? A la question des journalistes quant à ce message un peu trop rassurant et positif à leur gout, le chef de la délégation, Andreas Gros s'est exprimé ainsi : «Rien n'est jamais parfait aussi bien dans les vieilles démocraties que dans les démocraties naissantes.» rajoutant : «durant ma longue carrière d'observateur international des élections, je peux vous assurer que j'ai vu des cas de fraude et de dépassement assez graves.» Présent lors des législatives, il a surenchéri : «Ce que j'ai observé en Tunisie lors des élections législatives et lors du second tour de la présidentielle, est réellement épatant et émouvant ! Je peux vous garantir que le processus électoral tunisien s'est mieux déroulé que dans certains pays de l'Union européenne.». Toujours dans le même contexte : «Il y a certainement beaucoup à faire et plusieurs choses à améliorer et on a relevé cela durant les législatives. Je citerai l'exemple de l'argent politique et du financement des partis et des campagnes. Or, dans l'ensemble, la Tunisie a su réellement réussir son processus électoral, et ce, dans la sérénité.» De son côté, la parlementaire géorgienne de l'APCE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE), TinatinKhidasheli a déclaré aux journalistes : «Je suis Géorgienne et je peux vous assurer que les fraudes que vous venez d'évoquer comme les messages que les électeurs ont reçu, sont très courants dans les Etats démocratiques ou dans les pays en transition démocratique. Cette pratique de messagerie a été utilisée en Géorgie.» Au terme du point presse, présente durant tout le processus électoral, l'APCE se montre confiante quant à l'avenir de la Tunisie. Il y a, certes, beaucoup à améliorer. Néanmoins, «la Tunisie a terminé la phase transitionnelle révolutionnaire en établissant des institutions qui ont la plus grande légitimité possible pour répondre dès maintenant aux espoirs des citoyens et citoyennes, de construire une société juste et une économie fleurissante, dans lesquels personne ne se sente oublié.» Au chef de la délégation de l'APCE de conclure l'entrevue par une note positive : «Le pays qui a été la source du Printemps arabe a réussi à cueillir les fruits de ses efforts. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'en réjouit».