Le dimanche 26 octobre 2014 aura marqué l'Histoire moderne de la Tunisie. Il s'agit des premières élections législatives libres et démocrates pour le peuple tunisien. Cette route vers les urnes, les citoyens ne l'ont guère arpentée de par le passé. La chute du régime a permis tous les espoirs. Le tout premier scrutin s'est déroulé pour les élections de l'Assemblée Constituante du 23 octobre 2011. Cette fois-ci, les électeurs devaient choisir les prochains membres du Parlement. Entre les 1327 listes réparties sur 33 circonscriptions, les Tunisiens résidant en Tunisie avaient largement le choix. Au cœur d'un nouveau paysage politique et sécuritaire complètement différent des élections de 2011, les législatives du 26 octobre 2014 présentent un véritable défi pour toutes les forces politiques en course.En effet, on ne parle plus d'Assemblée Constituante qui va choisir un gouvernement provisoire le temps de préparer les vraies élections. On parle, aujourd'hui, d'un Parlement qui élira un gouvernement qui gèrera la Tunisie pendant 5 ans. Les enjeux sont grands. Les défis sont autres. Afin d'assurer la réussite du processus électoral des législatives et de prouver à la communauté internationale le caractère indépendant, transparent et démocrate du scrutin du 26 octobre 2014, l'ISIE a invité les organisations internationales et inter-gouvernementales étrangères afin d'observer les élections législatives. A cet effet, une armada de 600 observateurs internationaux est venue en Tunisie ces derniers jours. Un message positif et apaisant Dans ce même contexte, une délégation composée de 11 observateurs de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe débarqué parmi nous depuis le 23 octobre, soit à J-3 du scrutin. Après avoir rencontré, entre autres, les leaders politiques des différents partis, les représentants de certains médias et la société civile tunisienne accréditée par l'ISIE pour observer les élections, les 11 parlementaires se sont déployés dans différentes régions en Tunisie le 26 octobre 2014. Lors d'une conférence de presse donnée au lendemain du scrutin, soit le lundi 27 octobre 2014, le Chef de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) M. Andreas Gross s'est dit réjoui de «la qualité extraordinaire du processus électoral, avec lequel il achève une étape cruciale dans la transition postrévolutionnaire.». Il a, notamment, tenu à féliciter le peuple tunisien pour cet exploit. Le message de la délégation parlementaire du Conseil de l'Europe était très positif et assez rassurant. En effet, avec une expérience d'une dizaine d'années en matière d'observations électorales et après avoir visité un bon nombre de bureaux de vote le Chef de la délégation du Conseil de l'Europe a déclaré que «les élections ont été libres, inclusives et transparentes». Il ajoute : «l'Assemblée des représentants du peuple qui en résulte représente vraiment le peuple et bénéficie d'une légitimité qui lui permet de prendre les décisions nécessaires et indispensables dans l'intérêt du pays». Améliorer le travail de sensibilisation auprès des jeunes et des démunis L'un des parlementaires a souligné que même si aucune démocratie n'est parfaite, la Tunisie avance sereinement vers l'enfantement d'un Etat démocratique élu par le peuple. A l'instar de tout processus démocratique, certaines améliorations sont à prévoir. D'ailleurs, en vue des prochains scrutins, la délégation de l'APCE propose quelques mesures qui perfectionneraient la tenue des prochaines élections. Elle a exhorté les médias à enrichir les débats politiques et à favoriser la comparaison des programmes et projets politiques. Cette matière riche et variée donnera aux citoyens une meilleure vision du paysage politique et une compréhension plus claire des enjeux. Chose qui éclairera l'opinion publique quant à la valeur du scrutin et l'impact du vote. Continuant dans cette même lancée, la délégation parlementaire du Conseil de l'Europe encourage les acteurs politiques et les institutions toutes confondues à continuer leur travail de sensibilisation auprès des électrices et des jeunes afin de les motiver et les inciter à voter. Elle appelle les politiques à effectuer un très grand travail de sensibilisation dans les zones rurales auprès des couches défavorisées de la population. Le but est de les intégrer dans le processus électoral et de leur faire comprendre qu'il s'agit là, de l'unique moyen de faire entendre leur voix. Sur le plan réglementaire, la délégation recommande aux institutions de revoir le financement de la campagne électorale. Le but est de permettre aux partis d'étendre de manière légale leurs dépenses électorales, tout en garantissant une transparence absolue sur la provenance de leurs moyens financiers. La délégation a souligné «la qualité remarquable des élections et a espéré que ceux qui ne les ont pas remportées sauront faire preuve de la même matûrité politique que les citoyens en acceptant le résultat du vote. Ce qui contribuera non seulement à l'instauration rapide de la nouvelle législature, mais aussi au dépassement de la bipolarisation de la société.» L'Assemblée a tenu, au terme de la conférence de presse à souligner qu'elle «continuera à s'engager activement avec ses partenaires tunisiens, dans leurs efforts de démocratisation de la Tunisie». D'ailleurs, toujours dans le cadre du soutien du processus démocratique en Tunisie, une autre délégation sera parmi nous pour observer le premier tour de l'élection présidentielle prévue le 23 novembre 2014. Elle débattra ensuite des deux rapports concernant les élections en Tunisie, lors de sa partie de session de janvier 2014 à Strasbourg.