L'Association Tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a organisé, hier, à la Cité des Sciences de Tunis, une conférence de presse au cours de laquelle elle a présenté son rapport préliminaire relatif au second tour des élections présidentielles qui s'est déroulé le 21 décembre. ATIDE avait déployé quelque 4500 observateurs dans l'ensemble du pays pour suivre le déroulement des élections présidentielles, dont certains sont des handicapés qui ont été formés pour à la fois observer et voter. En présence de Anouar Ben Hassen, membre du Conseil de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Mme Anissa Bouasker, membre du bureau exécutif de l'Association ATIDE, a, au nom du président de l'Association, absent, ouvert la rencontre en soulignant que l'Association ATIDE considère que les deux tours des élections présidentielles se sont déroulés, globalement, de manière acceptable, alors que le taux de participation a été relativement satisfaisant, reflétant l'implication du peuple tunisien dans le processus de transition démocratique et sa volonté de décider de son destin, comme consécration du sens de la citoyenneté. Elle a insisté sur l'importance du rôle imparti à la société civile dans l'enracinement des pratiques démocratiques dont en premier lieu l'organisation d'élections libres et transparentes, évoquant les actions de sensibilisation à l'attachement à l'unité nationale, menées par ATIDE, face à « certaines dérives » ayant entaché la campagne électorale pour les élections présidentielles. Le rapport de l'Association ATIDE constate « que le scrutin présidentiel s'est caractérisé par une compétition virulente, dans une atmosphère tendue. » Des photos relatives à ces dérives ont été montrées, à l'instar d'inscriptions hostiles à l'un ou l'autre candidat au second tour du scrutin présidentiel. Mme Anissa Bouasker a indiqué que « compte tenu du discours violent entre les candidats au cours du 1er tour et des manifestations qui ont suivi l'annonce des résultats, incitant au régionalisme et menaçant l'unité du peuple, ATIDE a lancé une campagne médiatique en vue d'appeler les candidats au respect des principes de la campagne électorale et d'éviter toute manifestation de diabolisation et de discrimination, et recommandant, en même temps, aux citoyens tunisiens de se méfier des répercussions de la violence et de rejeter les incitations à la violence. » ATIDE se propose de poursuivre, encore, cette campagne médiatique de sensibilisation à l'adresse des citoyens. Néanmoins, le rapport d'ATIDE « enregistre avec satisfaction l'implication remarquable de la société civile et des électeurs dans la réussite de cet évènement qui s'est manifestée dans la participation et la vigilance. » Recommandations Concernant l'organisation du scrutin, les responsables de l'Association ATIDE ont relevé l'amélioration sensible des aspects techniques et de la logistique déployée par l'ISIE en vue d'assurer le bon déroulement des élections, réitérant, par ailleurs, leurs réserves au sujet de la circulaire du 17 décembre 2014 de l'ISIE, interdisant notamment la présence des représentants des candidats et des observateurs de la société civile, dans les centres de vote, mesure que l'ISIE avait justifiée, rappelle-t-on, par le souci d'éviter les confusions et les interférences négatives sur le travail des responsables et agents des centres de vote. S'agissant des recommandations, ATIDE préconise, principalement, de procéder à un audit du registre électoral, d'appliquer strictement les dispositions relatives au contrôle du financement de la campagne électorale, ainsi que d'assurer un nombre suffisant de contrôleurs de l'ISIE afin de mieux faire respecter la réglementation électorale. Elle a recommandé, également, de veiller à sévir contre les infractions de nature criminelle (violence, achat de voix, fraude). En effet, rappelle-t-on, en vertu de sa compétence juridictionnelle, le tribunal administratif, en examinant les contestations concernant le bon déroulement des élections, tient compte, principalement, de l'influence des actes incriminés sur les résultats du scrutin, alors que l'examen des infractions de nature criminelle relève des tribunaux ordinaires.