Les relations entre le ministère de l'Education et les syndicats des enseignants demeurent extrêmement tendues, en l'absence d'un dialogue sérieux entre les deux parties. Les enseignants du secondaire ont entamé hier le boycott du conseil des classes. Répondant à l'appel de leur syndicat, ces enseignants se sont contentés d'adresser aux administrations des établissements éducatifs des bulletins de notes non signés et ne comportant pas des observations. «Nous entendons ainsi protester contre le refus du ministère de l'Education de lancer des négociations sur les revendications des enseignants», souligne le secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaâcoubi. Ce syndicat relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) prévoit également de lancer un mot d'ordre de grève pour les 21 et 22 janvier, suivie d'un rassemblement devant l'Assemblée des représentants du peuple. En cas de non-satisfaction de ses revendications après ce premier débrayage, le syndicat lancera un nouveau mot d'ordre de grève pour les 17 et 18 février. Cette nouvelle grève sera suivie d'un rassemblement de protestation devant le Palais du gouvernement à la Kasbah. Enfin, une grève administrative pourrait être observée à la fin du second trimestre de l'année scolaire. Les enseignants du secondaire réclament notamment des augmentations salariales de nature à compenser la détérioration remarquable de leur pouvoir d'achat, une révision à la hausse des montants des indemnités qu'ils perçoivent et la possibilité du départ volontaire à la retraite à l'âge de 55 ans au regard du caractère pénible de la profession. Ils appellent aussi à l'annulation du prélèvement de jours de travail sur les salaires à titre de contribution au budget de l'Etat décidé par le gouvernement de Mehdi Jomâa, l'ouverture de négociations sur la réforme du système éducatif et la promulgation d'une loi qui criminalise les violences physiques et verbales à l'encontre des enseignants et de l'ensemble du personnel exerçant dans les établissements éducatifs. Ultimatum Plus enclin au dialogue, le syndicat général de l'enseignement de base a annoncé, hier, à l'issue d'une réunion de sa commission administrative de lancer un ultimatum d'un mois au ministère pour satisfaire leurs revendications. «La commission administrative a pris une position très responsable, en laissant la porte ouverte au dialogue pendant un mois. Cela s'explique notamment par l'entrée en fonction prochaine d'un nouveau gouvernement et la situation générale dans le pays», explique le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique, Hefaïed Hefaïed. Le syndicat général de l'enseignement de base réclame notamment l'abaissement de l'âge du départ à la retraite à 55 ans pour les enseignants ayant accompli 35 ans de service, indemnité de travail administratif conformément au statut des instituteurs déjà paru dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT). Les instituteurs revendiquent aussi l'annulation des décisions «précipitées» du ministre de l'Education relatives au retour du concours obligatoire de la 6ème année et à l'enseignement des langues étrangères dès les premières années de l'enseignement de base (le français à partir de la 2ème année et l'anglais à compter de la 3ème année). Ils estiment que ces décisions ne s'adossent à aucune étude scientifique prouvant leur efficacité. Il est à rappeler que le ministre de l'Education, Fethi Jarray, avait expliqué le retour du concours obligatoire de la 6ème année et l'enseignement des langues étrangères dès les premières années de l'enseignement de base par la nécessité d'améliorer le niveau des élèves. Selon le dernier classement réalisé par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), les élèves tunisiens figurent parmi les plus cancres à l'échelle mondiale. La Tunisie est classée 61ème sur 65 dans le domaine de la performance des élèves en sciences, 56ème /65 en ce qui concerne la performance des élèves en compréhension de l'écrit, et 59ème /65 pour ce qui est de la performance en mathématiques.