Djerba est une destination pionnière du tourisme balnéaire méditerranéen. Sa vocation est née au début des années 1960. Le Club Méditerranée, avait prévu son succès en ouvrant dès 1954 l'un de ses tout premiers villages, Djerba dite « la Fidèle ». Son véritable coup d'envoi fut donné en 1970 avec la mise en exploitation de son aéroport international. Cette île vit un marasme continu depuis quatre ans. Elle ne décolle pas comme l'ont évoqué les agents de voyages et les différents intervenants réunis samedi à Djerba lors d'une réunion organisée par la Fédération régionale des agents de voyages intitulée « le rôle de l'agent de voyage dans le développement régional »Les professionnels du tourisme, les artisans, les transporteurs et la société civile ont essayé de discuter des problématiques de l'Ile de Djerba et des mesures à mettre en place pour réussir la prochaine saison touristique. Ce rendez-vous a été un moment de réflexion sur la situation du secteur et, partant, celle de la profession à un moment où l'activité touristique gère un contexte particulièrement difficile. Le tourisme occupe une place de choix pour Djerba. Les temps sont durs pour ce secteur qui a accusé une baisse de 14,4% au niveau des nuitées de janvier à novembre 2014 par rapport à la même période de 2010. Le secteur touristique a besoin d'être redressé rapidement. Ce qui est certain, c'est que les défis sont nombreux et se situent à plusieurs niveaux dont notamment le comportement des consommateurs, celui de la profession ainsi que le bouleversement des structures traditionnelles de commercialisation. Le tourisme tunisien passe par des moments critiques. La barre étant ainsi haut placée surtout que plusieurs problèmes ne cessent d'entraver la profession. Les touristes ont perdu confiance en la destination. C'est dire que la conjoncture est difficile comme l'ont précisé les voyagistes qui étaient nombreux à prendre la parole et à proposer des solutions pour booster leur activité. Les doléances étaient aussi nombreuses que variées. Certains ont évoqué le problème de la sécurité. Pour attirer les touristes dans la conjoncture actuelle, il faudra chercher à rassurer. Avec les dernières réussites dans l'effort tunisien de lutte anti-terroriste, il ne sera pas difficile de mettre en place une communication ciblée mettant en exergue l'attachement des autorités à la sécurité de ses visiteurs. Il est vrai que le tourisme Djerbien souffre de son positionnement axé principalement sur le balnéaire et la masse, la qualité des prestations, l'absence de diversification des produits et d'activités para-touristiques. Or les hôteliers malgré l'incertitude des perspectives savent depuis longtemps qu'ils doivent procéder à des réformes structurelles pour réduire l'impact de la crise Une réadaptation de l'offre touristique s'impose donc pour mieux suivre les nouvelles tendances mondiales. Ainsi de nouveaux modes opératoires doivent être mis sur pied pour accroître la commercialisation. Côté environnement et comme l'a signalé Wahid Ibrahim expert en tourisme en descendant de son avion« De l'aéroport à la zone touristique, un paysage désolant de tas de détritus fumants et de sacs de plastique éventrés .Déteste-t-on à ce point l'île des Lotophages au point de lui réserver ce triste sort? A se demander si la Tunisie et les Tunisiens"méritent"Djerba» Appel au secours Ils étaient nombreux de la société civile à appeler les autorités à venir au secours de leur île, devenue totalement insalubre et présentant un danger sanitaire et environnemental, à cause de l'amoncellement des ordures. Djerba offre désormais un vrai spectacle de désolation. Elle croule sous la quantité de déchets qui polluent ses rues à cause d'une mauvaise gestion des ordures ménagères depuis des années. Pour cela des mesures urgentes devront être prises dont le respect de l'environnement, la sécurité à titre préventif, l'engagement des professionnels tunisiens dans l'amélioration de la qualité des services, la promotion et la communication, Il faudrait amorcer un remodelage structurel du secteur touristique pour développer d'autres produits autres que l'hôtellerie, le tourisme alternatif, le tourisme écologique lui permettant ainsi de rompre avec l'unique composante hôtelière pour s'inscrire dans une logique de diversification pérenne et durable. Rassurer les clients Mohamed Ali Toumi, Président de la FTAV a expliqué que le tourisme est un secteur vital pour le pays et que le Tunisien doit être conscient de l'importance de ce secteur et doit de ce fait être réconcilié définitivement avec cette activité qui a contribué à l'ouverture des Tunisiens sur d'autres cultures et civilisations. "Le mono-produit «soleil, plage» à caractère purement saisonnier n'est plus rentable. Face à une demande en mutation des voyageurs internationaux depuis deux décennies, les hôteliers de Djerba, Zarzis et Gabès n'ont pas su s'adapter à cette nouvelle donne et aux nouvelles perceptions du voyage. On doit innover car il faut avouer la qualité du produit laisse à désirer depuis l'accueil du touriste à l'aéroport en passant par le bus, le taxi jusqu'à l'hôtel. Cela nécessitera la mise en place d'une politique d'amélioration de la qualité globale (renforcement des critères de notation des hôtels, création d'incitations fiscales et autres mesures pour la diversification des composants du produit touristique) il faudrait faire surtout des efforts pour rassurer les clients et les TO. Cela passe par le renforcement de la sécurité, l'amélioration de l'environnement, l'image du pays et la consolidation de l'aérien sans oublier d'accorder un grand intérêt à l'environnement humain. Toutes ces urgences doivent être concrétisées dans l'immédiat. Ceci est lié à la constitution rapide du gouvernement car plusieurs chantiers nous attendent. Il faut une nouvelle feuille de route pour booster le secteur et sans vision nouvelle, Djerba ou Hammamet ne peuvent pas décoller surtout que nous avons chuté de 3% par rapport à 2013. En attendant, à Djerba on pense à demain. Les professionnels du tourisme réfléchissent aux possibilités de créer de nouveaux mobiles d'attraction permanents susceptibles d'enrichir le produit touristique tout au long de l'année et de le voir s'imposer sur les marchés étrangers. Tourisme alternatif, ouverture du ciel, créations de centres de bien être et de centres de congrès, développement de la plaisance et des marinas, les projets ne manquent pas." 2015 sera une année cruciale pour le tourisme djerbien. Sera -t-elle vraiment l'année de la reprise et de la relance ?Toutes les prémices les laissent supposer à condition qu'il ait une volonté politique pour booster cette île de rêve.