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L'avenir du tourisme tunisien n'est-il fatalement que balnéaire ?
Débat enseignants / acteurs du tourisme
Publié dans Le Temps le 29 - 11 - 2012

Les crises économiques qui touchent actuellement le monde entier ne peuvent apparemment pas faire passer l'envie de voyager. Selon une estimation de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le nombre des arrivées internationales augmentera à nouveau de deux à quatre pour cent en 2013 malgré une période économique critique.
Le tourisme, comme industrie importante dans le monde entier, a montré qu'il est en mesure de résister aux pressions économiques. L'OMT est optimiste pour l'année en cours et prévoit une croissance mondiale qui pourrait être comprise entre trois et quatre pour cent dans le secteur des arrivées touristiques.

Bénéficiant d'une conjoncture hautement favorable, le tourisme tunisien a connu pendant plus de trente ans un essor prodigieux. Son influence sur l'économie tunisienne a été cruciale. C'est dans ce cadre que s'inscrit la journée de formation sur le tourisme tunisien, réalités et perspectives organisée par l'inspection d'histoire géographie de la direction régionale de l'enseignement de Nabeul.

Mme Olfa Mahmoud organisatrice de cette journée a précisé que la Tunisie fait partie de ces destinations touristiques. Le tourisme en Tunisie est l'un des secteurs les plus dynamiques de son économie et une source de devises pour le pays. Il a un effet d'entraînement sur d'autres secteurs économiques, tels que le transport, les communications, l'artisanat, le commerce et le bâtiment. Le développement du tourisme mondial peut se révéler comme un encouragement à la protection de l'environnement. Les régions touristiques ont donc intérêt à préserver leurs atouts naturels, voire à les développer. Les notions de tourisme durable, d'écotourisme, de tourisme équitable, raisonné, responsable, vert essayent de garantir un bilan positif à l'activité touristique dans ses rapports avec l'environnement. Cette journée a été une opportunité pour les enseignants de dire leurs avis sur le tourisme. Il s'agissait de parler à bâtons rompus entre les professionnels et les universitaires autour des problèmes du secteur. Le débat était fructueux et enrichissant pour des enseignants qui veulent se former en écoutant les spécialistes du secteur.

Un tourisme balnéaire
L'architecture socio-spatiale de la Tunisie privilégie depuis trois millénaires le littoral oriental. C'est sur ces rivages de la mer, interfaces féconds, que s'est progressivement constituée une bonne part de l'identité tunisienne. Le développement économique a contribué, plus généralement, à un processus démographique d'urbanisation du littoral a précisé Pr Jean Marie Miossec , responsable du Master 2 « Gestion des littoraux et des mers » et co-responsable du Master « Identité et territoires en Méditerranée et Orient ».à l'université Paul Valery à Montpellier. En effet, la forte croissance de l'activité touristique dans les espaces littoraux a entraîné une transformation complète des cités balnéaires qui les parsèment, telles que Nabeul, Hammamet, Sousse et Djerba.

Ce développement des villes balnéaires et la littoralisation des activités économiques ont progressivement donné naissance à un axe structurant majeur, qui court de Bizerte à Djerba. Cet axe, a totalement déterminé l'organisation géographique de l'économie tunisienne. Ceci s'est répercuté sur l'offre restée toujours balnéaire. Autant dire, dans ces conditions, que le reste de l'arrière-pays tunisien, qui bénéficie pourtant d'importants atouts culturels et naturels constitue un espace marginal sur le plan touristique.

Un mono-produit peu innovant
Le développement touristique a nettement marqué le pas en Tunisie. Le ralentissement s'est opéré dans le contexte de la crise conjoncturelle qui a lourdement affecté l'industrie des voyages au début de la décennie, particulièrement dans le Bassin méditerranéen, suite à une série d'événements qui ont durement éprouvé le secteur. « Le tourisme tunisien stagne. Le produit ne s'est pas encore renouvelé estime Jean Marie Miossec. Chose qui explique ce caractère saisonnier de l'activité touristique. L'offre culturelle du littoral, qu'il s'agisse de musées, de sites archéologiques ou de quartiers urbains, est très peu prisée des touristes internationaux. Cet état de fait tient à la fois à la manière dont sont conçues les unités hôtelières balnéaires et à leur mode d'exploitation. D'une part, les sites hôteliers ont été aménagés comme des enclaves autosuffisantes et exclusives (plages, discothèques, restaurants privatifs), rangées dans des zones touristiques situées en bordure des villes et donc sans accès direct ni à la vie des villes et des villages tunisiens ni à l'animation populaire. C'est le cas de Yasmine Hammamet, un vrai ghetto touristique sans verdure et sans animation. D'autre part, l'offre vendue par ces unités étant centrée sur le tourisme balnéaire. Les besoins de diversification de l'offre sont donc immenses. La situation de mono-produit dans laquelle le pays s'est laissé enfermer n'est pas seulement néfaste sur le plan économique ; la Tunisie est uniquement perçue par les marchés comme une destination balnéaire. Mais l'entreprise de diversification a trop tardé et sa mise en œuvre se heurte aujourd'hui à d'autres faiblesses structurelles qui entravent la poursuite et le renouveau du développement touristique. D'où la nécessité de créer d'une offre nouvelle, visant à compléter l'existante. Ce qui donnera naissance à de nouveaux espaces, qui viendront élargir le territoire touristique traditionnel. Il faudrait innover et créer de nouvelles niches comme le tourisme culturel, le tourisme vert, le tourisme alternatif pour lesquels il y a une demande internationale. En valorisant certains territoires, l'offre d'authenticité permet au pays de différencier son offre de celle de pays concurrents

Pour une bonne maîtrise du littoral et du foncier
Le littoral est occupé par les unités hôtelières « C'est une zone sous pression, densément peuplée, occupée par beaucoup d'activités humaines. C'est un milieu naturel fragile, original mais qui est menacé par les actions de l'homme » souligne Jean Marie Miossec qui explique que l''économie de la planète repose en grande partie sur les littoraux.). Ces littoraux représentent le quart du produit intérieur brut du monde alors que côté superficie, ils ne représentent qu'un pourcentage de 4 à 5% seulement. La Tunisie a une économie essentiellement littorale. C'est là où sa compétitivité peut se mettre en place. Ces littoraux font depuis le début de l'époque moderne et surtout depuis quelques décennies l'objet d'une emprise considérable. Ce littoral est menacé par l'érosion. Le cordon littoral est menacé et là dit-il il faut avoir une planification de l'ensemble du littoral avec des zones gelées où on interdit l'urbanisation et là il faut une réglementation très stricte à la fois sur le plan foncier, immobilier et infrastructure. En Tunisie, il y a un code d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Cette réglementation n'est pas toujours respectée notamment, pour le domaine public maritime où on doit interdire de bâtir mais il y a parfois des dérogations. Le danger est présent. Il faut qu'il ait une réflexion sur le contrôle de l'espace côtier et aussi une bonne maîtrise du foncier.

Quel avenir pour le tourisme tunisien ?
Le printemps arabe, et les révolutions et élections qui ont suivi dans tous les pays d'Afrique du Nord ont profondément influencé l'activité touristique. Peut-on se priver du tourisme en Tunisie ? Non, affirme Jean Marie Miossec « Bien qu'elle n'ait commencé à s'intéresser au tourisme qu'à partir du milieu des années 80, la Turquie se positionne désormais comme l'une des destinations phares de la Méditerranée. En 2011, le pays gouverné par un parti islamo-conservateur a attiré plus de 31 millions de touristes. On ne peut pas se priver du tourisme en Tunisie surtout que le pays n'a pas d'autres ressources. Le tourisme peut se développer dans une atmosphère de tolérance et de respect de toutes les cultures et toutes les croyances. La Tunisie a une économie diversifiée.

Le modèle économique devrait être plus équilibré et diversifié, laissant une plus grande part aussi pour l'agriculture et l'industrie. Aujourd'hui il appartient aux Tunisiens de décider s'ils souhaitent la continuité du système actuel avec un tourisme de masse dans les conditions que nous connaissons ou au contraire d'opter pour d'autres formes d'attraction c'est-à-dire s'orienter vers un tourisme plus sélectif, de plus haute gamme plus rémunérateur mettant en valeur les atouts naturels et culturels mais avec des entrées touristiques importantes. Et comme l'a affirmé Dr Salem Sahli Secrétaire général de l'Association relative à l'environnement « la plupart des zones touristiques sont déjà saturées ou proches du seuil de saturation, du moins sur une large partie du littoral. De nombreuses associations, réseaux internationaux et mouvements locaux partagent cette conclusion et en font la raison de leur mobilisation pour la promotion d'un tourisme respectueux des gens et de l'environnement. Tourisme durable, équitable, solidaire, responsable, éthique...les appellations pullulent mais toutes renvoient à un concept de tourisme alternatif (porté vers d'autres solutions possibles qui s'oppose au concept de tourisme industriel, un concept qui renoue avec le sens des limites. Oui, nous pouvons faire du tourisme autrement. Pour cela, il nous faut repenser la programmation touristique nationale et l'inscrire dans une démarche de développement durable visant à concilier nécessités économiques et contraintes environnementales. Il faudrait promouvoir un tourisme « doux » plus proche de l'environnement, un tourisme à visage humain, plus curieux et respectueux des traditions locales et pour lequel seraient privilégiés des établissements hôteliers intégrés au milieu naturel et non des forteresses fussent-elles cinq étoiles »

Un secteur peu compétitif et endetté
La conjoncture touristique, les tunisiens et le tourisme, la politique de promotion du tourisme, les problèmes majeurs de l'industrie touristique... ont été les principaux sujets débattus par Afif Kchouk Vice –Président de la Fédération tunisienne d'hôtellerie « Le tourisme alternatif a ses exigences. C'est beau de développer les gîtes et les maisons d'hôtes Mais le coût de ce tourisme est très élevé. On ne peut pas s'engager dans ce tourisme. C'est vrai qu'il faut retravailler l'image de la Tunisie afin de rompre avec le cliché de destination balnéaire, de se libérer de l'emprise des tours-opérateurs (TO) et d'accélérer la diversification du produit touristique. Mais tant qu'il n' ya pas de sécurité et de visibilité dans notre stratégie, le tourisme tunisien ne pourra pas décoller. La Tunisie, qui attire chaque année près de 7 millions de visiteurs qui dépensent en moyenne 500 dinars par séjour, réalise moins de recettes que d'autres destinations méditerranéennes du Sud où les touristes dépensent plus du double pour la même durée de séjour.

Certes, le pays s'est donné pour objectif de diversifier l'offre touristique existante pour y inclure des séjours d'aventure dans le désert, des spas, ou encore un golf, et miser davantage sur les différentes régions du pays, notamment les déserts, les forêts et les sites archéologiques. Mais que représentent ces niches? 10à 15% .Comment s'imposer dans un environnement marqué par une concurrence rude et de plus en plus accrue? Qu'est-ce qui manque au produit touristique tunisien pour qu'il puisse attirer davantage de clients et conquérir de nouveaux marchés? Où en est le tourisme local? Pourquoi le Tunisien ne peut plus s'offrir des journées dans un hôtel ? Ce sont là des interrogations que se sont posés les enseignants à propos d'un secteur peu compétitif et endetté. Sous l'effet de la croissance, les flux de crédits contractés annuellement pour financer les investissements et la croissance, les hôtels ont fini par accumuler un encours d'endettement vis-à-vis du système bancaire relativement important. Quel que soit le ratio considéré, on relève une augmentation sensible et inquiétante du nombre d'années requis pour rembourser la dette. De 1983 à 2010 l'encours total de la dette a pratiquement explosé, passant de178 millions de dinars à plus de 3176 millions. Soit une multiplication par plus de 17. C'est dire que l'hôtelier tunisien travaille pour rembourser sa banque. M. Olfa Mahmoud devait clôturer cette journée sur une note d'espoir sous réserve d'une mobilisation générale de tous les acteurs pour revoir notre produit et mettre en œuvre une vision claire et nette pour booster notre tourisme. Nous, en tant qu'enseignants notre rôle est important dans la sensibilisation de nos élèves sur l'importance de ce secteur, clé de notre économie.


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