La levée de 2 milliards de dinars sur le marché international a suscité la polémique dans la sphère économique et financière du pays. Pour des raisons politiques ou autres, l'émission des obligations ou encore cet endettement extérieur n'a pas séduit tout le monde. Outre les fervents détracteurs de l'endettement, des experts économiques ont critiqué l'exhorbitance du taux d'intérêt (soit 5.75%) qui fait montre de la prédominance du risque-pays mais surtout du motif sous-jacent de cette sortie sur la place financière internationale. A priori, ce portefeuille de 2 milliards de dinars qui alimentera le budget de l'Etat servira à financer les dépenses publiques, entre autres les salaires des fonctionnaires de l'Etat. Un endettement qui permettra encore une fois à financer le budget de fonctionnement et ce au détriment du budget d'investissement. Cela dit et comme l'a affirmé Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT, le gouvernement n'a pas d'autres alternatives. « S'il n'y a pas de production, encore moins d'exportations et d'investissements, comment l'Etat pourra-t-il procéder pour s'acquitter de ses obligations. Sinon, donnez-nous l'alternative », clame-t-il. La situation critique de la finance publique et la fragilité de l'économie nationale à tous les niveaux est une réalité palpable. D'abord comment en sommes nous arrivés là, à qui incombe la responsabilité? Ensuite, comment faire pour sortir de la crise et éviter la banqueroute ? Tel est le dilemme. Certains parlent de la nécessité de booster les investissements. Oui, mais comment ? Les mouvements sociaux et les débrayages se poursuivent mettant en péril des centaines de milliers d'emplois et la pérennité même des entreprises tunisiennes et étrangères. La productivité nationale est à son plus bas niveau historique. La crise du marché européen et la guerre en Libye viennent également jeter un pavé dans la mare en affaiblissant les exportations tunisiennes. Ainsi les facteurs ou déterminants de la croissance entre autres : production, investissement, épargne et consommation sont paralysés. Comment se procurer les ressources nécessaires au financement du budget ? A part les ressources fiscales, notamment celles directes, il n'y a vraiment pas de marges de manœuvres. Les impôts, les taxations, la série d'augmentation de prix à la consommation familiale ne sont que des « bouche trou » et des mesures draconiennes qui ne fut que saccager le citoyen. Hormis, les schémas de financement usuels et pour corriger le gap budgétaire, la Tunisie émettra cette année et au cours du troisième trimestre 2015 des sukuks islamiques pour une valeur de 500 millions de dinars. L'échec de l'opération d'émission de sukuks l'année dernière est dû aux problèmes réglementaires. Cette année et après la refonte du cadre juridique, il y a une grande chance de réussir cette opération qui clôturera le plan de financement du besoin budgétaire au titre de l'exercice 2015.