Migrants, Anas Hmaidi, syndicat des enseignants … Les 5 infos du week-end    Tunisie : Mise en échec de 22 opérations de franchissement illicite des frontières maritimes    La 2ème édition du Prix Ibn El Jazzar célèbre l'excellence médicale méditerranéenne    Tensions accrues à Rafah : Israël renforce sa présence militaire à la frontière de Gaza    Sommet de l'Organisation de la Coopération islamique : la Tunisie émet des réserves    Tunisie – METEO : Ciel clair, vent faible    Ahmed Souab : il serait difficile pour Kaïs Saïed de passer au second tour    Afrique subsaharienne : le FMI prévoit un rebond de la croissance de 3,8% en 2024    Tunisie – La colline de Sidi Bousaïd menace de s'effondrer ?    Ligue 2 – Gr A/B : résultats complets et classements après les matches de la J21    Franchise Days à Sousse : Une porte ouverte sur l'entrepreneuriat en franchise    Les syndicats solidaires avec les membres du conseil de discipline du collège de Bouficha    Tunisie | Ouverture des souscriptions à la 2e tranche de l'emprunt obligataire national 2024, demain lundi 6 mai    EST: Changements en vue    EGSG: Sur le fil du rasoir    Des médecins mettent en garde contre l'automédication pour les personnes âgées    ST: A l'épreuve du leader    Fermeture des bureaux d'Al Jazeera en Israël : Nouvelle atteinte à la liberté de presse    Commémoration du 40e jour du décès du médecin Jed Henchiri    Hatem Mziou : les honoraires des avocats doivent être révisés    La STEG dément l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz    La Tunisie réitère sa position ferme en faveur du peuple palestinien    Lancement du programme Ta'ziz au profit des OSC: Pour une meilleure autonomie financière    Elevage et alimentation animale: Défis et perspectives de développement    Pourquoi: Les médicaments et leurs aléas...    La ligne d'or – Narrer l'entrepreneuriat : maîtriser l'art du récit pour inspirer et engager    Activités du Chef du gouvernement au cours de la semaine dernière: Conjugaison des efforts pour plus d'actions et de réalisations    28e édition des Prix littéraires Comar d'or 2024: Palmarès des romans primés    La sauvegarde du patrimoine, une œuvre collective    "La Passion de Dodin Bouffant" de Tran Anh Hung, actuellement sur nos écrans: Un film beau et touchant !    Farid Ben Jha : Anas Hmaidi bloque les dossiers des justiciables    Démarrage de la 28e édition du Festival des roses à l'Ariana    Le Liban a-t-il reçu des "pot-de-vin européen" pour garder les réfugiés syriens sur son territoire ?    2 pays arabe dans le classement mondial de la consommation de thé par habitant en 2022    Ligue 1 pro (play-offs et play-out) : résultats des matches du samedi et classements    Fatma Thabet Chiboub : le déficit énergétique est devenu un fardeau pour l'Etat    Quinzième session du Sommet islamique à Banjul, en Gambie : Nabil Ammar préside la délégation tunisienne    Journée nationale de la diplomatie : Défendre plus que jamais les intérêts nationaux    Le taekwondoïste tunisien Khalil Jendoubi sacré meilleur sportif arabe pour la saison 2023-2024    La CAF dévoile les dates de la finale entre l'EST et Al Ahly    Prix FABA de littérature 2024 : ouverture de l'appel à candidature    Section VR de GCFen : Un RDV fixe qui explore des histoires de drames et d'espoir en 2024    «La Quête de l'Espoir Sublime» de Héla Jenayah Tekali comme récit de voyage    Exécution du budget de l'Etat : le point sur les résultats provisoires à fin décembre 2023    USA : un campement d'étudiants dénonçant l'agression sioniste contre la Palestine démantelé    Les écoles et les entreprises ferment de nouveau aux Emirats    Giorgia Meloni reçoit le roi Abdallah II de Jordanie au palais Chigi à Rome    Palestine: Pour un simple statut d'observateur aux Nations Unies!    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« Nous laissons un pays qui jouit d'une grande confiance de la part des grands pays et des institutions multilatérales »
Publié dans Le Temps le 03 - 02 - 2015

Alors qu'il s'apprête à quitter le département de l'Economie et des Finances qu'il a dirigé pendant une année, Hakim Ben Hammouda nous a accordé une interview exclusive qu'il a qualifiée de celle de l'adieu.
Le Temps : Quelle est la signification politique du dernier prêt contracté sur le marché international avant votre départ ?
Hakim Ben Hammouda : C'est un grand signe de confiance de la part du marché international et des investisseurs privés dans l'avenir de la Tunisie, après la réussite de la première étape de la transition démocratique qui ferait de la Tunisie l'exemple arabe en démocratie et en respect de l'Etat de Droit.
Ce prêt sera –t-il dépensé dans des projets d'investissement ou pour maintenir le train de vie de l'Etat ?
Il sera versé dans le budget de l'Etat. Et, le budget de l'Etat est régi selon le principe de l'unicité des dépenses de fonctionnement et celles de l'Investissement.
Avec un peu de recul, aujourd'hui, quelles seraient vos trois réussites à la tête du département ?
La première a trait à la transparence et au débat suscité sur les difficultés de notre économie. La deuxième, sans prétention aucune, c'est la réduction du déficit budgétaire qui est passé de 6.8% à 4.6% en 2014. Le troisième succès et non des moindres n'est autre que l'accélération des réformes, notamment celle des banques est de la fiscalité. Sans prétention, même non terminées, ces réformes j'en suis suffisamment fier.
Et ... Vos trois échecs ou regrets?
Je ne pense pas qu'on peut parler d'échecs dans un mandat aussi court d'une année et un environnement national et international aussi difficile. Primo : le défi à relever et qui reste encore à l'ordre du jour est celui de l'investissement et notamment son cadre législatif et institutionnel. Secundo : nous avons entamé le travail sur le modèle de développement avec de nombreuses études effectuées. Il est temps d'en faire la synthèse et de définir de manière participative le nouveau modèle de développement. Tertio : Je laisse aux chers lecteurs de l'honorable journal Le Temps, le soin d'en trouver et je suis ouvert à toutes leurs critiques.
Mais que regrettez-vous le plus, une année après votre nomination à la tête du ministère de l'Economie et des Finances ?
Au risque d'étonner les lecteurs du Temps, je n'ai aucun regret. Et si c'était à refaire, je le ferai...J'ai eu un grand plaisir à travailler avec Mehdi Jomaâ, chef d'équipe devenu un ami.
Et votre grande réussite ?
Le rétablissement de la confiance en notre chère Patrie auprès de la Communauté internationale.
Comment ? Et concrètement Monsieur le ministre ?
Durant 30 ans quand j'étais à l'étranger que ce soit en Afrique, dans le Monde arabe, en Europe, en Amérique du Nord ou en Amérique Latine et en Asie, j'ai pu tisser un réseau solide d'amis très proches qui m'ont énormément aidé dans la mobilisation de la Communauté internationale en faveur de la Tunisie.
Comment laissez-vous la Tunisie, quelques minutes avant la publication de la liste des membres du prochain gouvernement ?
Nous laissons aujourd'hui, un pays qui jouit d'une grande confiance de la part des grands pays, des institutions multilatérales, à l'instar des grandes banques privées et des grands fonds d'investissement.
Passons à des questions un peu humaines, pour connaître l'homme des lettres et non seulement l'homme des chiffres ? Quel a été votre première pensée, lorsque vous aviez occupé ce bureau et étiez seul, pour la première fois ?
J'ai eu une pensée pour ma mère qui était décédée quelques jours avant la passation, mais que j'ai dû la consulter avant de donner mon accord à Mehdi Jomaâ et elle m'avait encouragé à le faire. J'ai pu donc, durant toute une année, travailler en sachant que j'ai sa bénédiction.
Ça vous a donné du courage ?
Oui, et comment ! C'est quasiment certain que ses encouragements avant de nous quitter à jamais, m'ont permis de puiser les forces au fin fond de moi-même, et de trouver le courage qui m'ont permis de tenir devant certaines lâchetés. Ne dit-on pas chez nous, que « le Paradis est sous les pieds des mères » !
Quel sera votre dernier geste juste avant la passation du pouvoir, avec vos deux successeurs ?
Je remercierai mes plus proches collaborateurs et je m'excuserai auprès de ceux envers auprès de ceux qui j'ai pu être injuste, sans le savoir.
Et demain, que feriez-vous, il y a bien une vie après la fonction de ministre ?
Je ne me repose qu'en travaillant. La première chose que je ferai dès ce week-end, est de reprendre ma plume pour partager avec mes lecteurs habituels mes réflexions, mes interrogations, mes inquiétudes, aussi mes espérances sur le temps qui court. Et, je le ferai volontiers et avec grand plaisir au journal Le Temps.
Vos réflexions seront les biensvenues, sur les colonnes du Temps
Merci.
Avez-vous établi un plan pour la prochaine étape ? Ici ou ailleurs ? Quelle est votre motivation ?
Je crois profondément à la réussite de notre expérience de transition et je mettrai tous mes efforts, tous mes moyens pour que les enfants de la Tunisie puissent jouir d'un pays démocratique, stable, prospère et porteur d'une espérance humaine plurielle et au diapason des valeurs et des progrès universels.
Vous avez ébauché certaines réformes. Quelle est la plus urgente à entamer ou à réaliser par vos successeurs, s'ils le veulent bien ?
Celles de la fiscalité et des banques. La première permettra de résoudre le problème des finances publiques, d'encourager l'investissement et d'assumer une plus grande justice sociale. La seconde permettra d'asseoir les conditions du financement de notre économie.
Durant les années 2015, 2016 et 2017, quels seront les premiers et les plus grands défis à relever par la Tunisie ?
Trois grands défis sont à relever à savoir, la stabilisation macro-économique, la relance de la croissance et de l'investissement et la poursuite des réformes y compris celle de l'Etat...
Comment voyez-vous la Tunisie dans cinq ans ?
Elle sera une démocratie et apaisée. Elle fera échec au terrorisme et offrira une nouvelle espérance à ses enfants en désarroi. Elle sera un pays en reconstruction avec de grands projets et de grandes initiatives, de grands rêves dans les têtes de chacun d'entre nous.
Et à l'horizon 2025 ?
Nous serons un pays qui fera rêver tous les autres
Et vous dans tout ça ?
Je serai plus Tunisien et, encore plus fier de l'être...et toujours disposé à servir et non m'en servir.
Vous avez goûté à tous les mets tout au long de votre longue expérience, de quarante ans. Quel a été le plus amer et / ou le plus doux de ces mets ?
Le plus doux c'est l'amitié. Je vendrai tout pour un dîner chez moi pour « refaire » le monde entre amis. Le plus amer est l'ingratitude. J'ai appris tout au long de ces 40 années de ne pas en tenir compte... et de continuer à avancer. J'ai hérité de mes parents la force du pardon. Donc, pour mois la vie est une longue histoire d'amour, d'amitié, d'espérance, de joie à partager et de grands éclats de rire.
La politique ne vous tente pas ?
J'ai toujours suivi la politique, sans en être un professionnel. Je porte en moi un grand respect pour la politique et ses vrais hommes et femmes, car ils sont porteurs de grands projets, de grands rêves et d'espérance d'un meilleur vivre en commun.
50% des Tunisiens, en âge de voter, ne s'étaient pas inscrits sur les listes électorales et sur la moitié restante 50% ne se sont pas déplacés aux bureaux de vote. Que leur dites-vous ?
La démocratie a été obtenue de haute lutte. Ne ratez pas cette chance.
En économie ouverte, l'art et la culture, ont-ils leur place ? L'image de la Tunisie en dépendra-t-elle ?
L'art, c'est la vie. Et la liberté. Cette révolution a bénéficié aux artistes. Je suis heureux de voir l'explosion artistique tunisienne dans tous les domaines (cinéma, musique, arts plastiques, théâtre, musique....). Nous vivons une époque formidable pleine de couleurs.
Etant journaliste à Dar Assabah, je ne peux m'empêcher de vous poser cette question. Quel est l'avenir de Dar Assabah, au milieu de ce brouillard général, marquant les médias, écrits ? Aura-t-elle, les atouts et les moyens pour relever la tête, comme elle l'a été il y a des dizaines d'années ?
Dar Assabah est une grande institution nationale. Elle fait partie de la mémoire de ce pays. J'ai connu Assabah à l'âge de 8 ans. C'est même, sur ses colonnes que j'ai su mon admission au Concours de la 6ème primaire. J'espère qu'elle trouvera les moyens, la force et les idées pour retrouver son brio d'antan. Là je suis optimiste, en dépit de la situation actuelle de ses finances.
Portrait express
Grand fidèle parmi les plus fidèles aux amis et à l'esprit patriotique des étudiants du Campus des années 70 et 80, celles de toutes les variantes des idéologies islamistes, de gauche et « révisionniste »où il a du se faire piquer par les idées de progrès, sans extrémisme. C'est à la sueur de son front, que ce meneur d'hommes au charisme certain et au verbe facile, est passé par les cercles de discussions improvisées, par les structures syndicales provisoires, il a su patienter, écouter et apprendre l'art oratoire des jeunes leaders du mouvement estudiantin de l'époque post- congrès inachevé de Korba de 1971. Brillant étudiant, rat des bibliothèques, amateur des soirées entre amis et virées dans les stades il a pu aller très loin dans ses études et atterrir à la Banque Africaine de Développement (BAD) devenir un très haut gradé au sein du groupe de la vénérable Banque Africaine de Développement, avant de rejoindre le pays à l'appel du devoir et conduire un super-grand ministère, sourire aux lèvres. Les réflexes de freinage des bonnes initiatives propres aux résistants aux changements ne lui ont pas fait peur. Il a osé remettre la fiscalité sur les rails du recouvrement. Les appréciations peuvent diverger à propos du bilan de son action. Une chose est sûre, il aura marqué son passage. Il n'a pas épargné une seule goutte de sueur pour servir sa Patrie. Il sera bien heureux de servir le pays où qu'il est. Ses vrais amis préfèrent qu'il le fasse en restant au pays... Nous attendons beaucoup plus de lui, qu'un passage supersonique à la tête d'un grand ou petit département résistant aux changements. Que vaut une année à la tête d'un super -département, mais elle peut peser lourd, car nous avons à faire à un homme d'action, mais aussi d'idées qui a écrit plus d'une trentaine d'ouvrages.
Propos recueillis


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.