-Décidément, on n'a pas toujours besoin d'un pinceau pour peindre. Parfois, une paire de ciseaux suffirait pour faire l'affaire et aboutir à un travail impressionnant qui aurait le même effet sur l'observateur. Tel est le cas des travaux de l'artiste Fathia Aïssaoui Maâtoug, exposés depuis samedi 31 janvier à la galerie Saladin de Sidi Bou Saïd. Il s'agit en effet de la technique du collage qui consiste en l'assemblage de coupures de journaux, de magazines ou de revues ou encore d'objets divers, organisé d'une telle manière qu'il donne une création plastique pleine de vie, de couleurs et de lumières, donc exerçant le même effet, sinon plus, qu'une toile faite à l'huile, à l'aquarelle ou au pastel. Ces travaux nous rappellent peut-être ceux de Matisse à la fin de sa vie qui a eu recours à cette technique du découpage-montage-collage où les ciseaux lui faisaient retrouver la fluidité et le rythme du pinceau qu'il utilisait dans ses peintures. Certes, cette technique de collage n'est pas toujours facile, car c'est un travail de fourmi qui suppose déjà une maitrise de la peinture en général, une certaine subtilité et un grand tact. En effet, cette technique, restée longtemps méprisée ou considérée comme un procédé complémentaire, à la différence des techniques picturales traditionnelles, est de plus en plus employée dans l'art plastique contemporain. Tantôt sur carton, tantôt sur bois, l'artiste a réalisé ces 30 travaux surprenants de collage, de petits formats, pleins de couleurs et de lumières et qui nous invitent au rêve et à l'évasion. Devant cet ensemble d'œuvres, le visiteur plonge dans une vaste réflexion sur la représentation de l'« attente », titre qu'elle a choisi, à bon escient, pour sa première exposition personnelle. Car on ne pourrait, de nos jours, que percevoir ou imaginer l'homme moderne dans une situation d'attente, d'espoir et d'espérance, étant toujours dans l'expectative de quelque chose qui n'arrivera peut-être jamais. A travers ces travaux, cette notion d'attente prend une dimension optimiste et passionnée et peut-être personnelle, dans la mesure où l'artiste a dû vivre cette expérience d'attente en espérant un jour organiser sa première exposition personnelle, en garnissant de ses belles créations les cimaises de cette agréable galerie. Les compositions réalisées au niveau des lignes, des formes, des couleurs, des lumières et surtout l'effet du mouvement suggèrent cette idée que l'attente ne sera pas longue ni stressante, mais que les prochains jours seront meilleurs. Ce sentiment rassurant est éprouvé devant presque tous les tableaux exposés : dans « Sérénité », « Accolade », « Lecture », comme dans « Viendra-t-il le beau temps ? », « Espoir », « Horizon », « Paix » et « Dégage »... L'attention du visiteur est également portée sur ces portraits de femmes dont les détails (la grosse taille, le visage, les mains, le maintien, les bijoux et l'habit) nous rappellent la femme orientale, arabe ; cette femme coquette avec ce choix de foulards et de bijoux suggérant l'admiration et le respect. Il est à rappeler que Fathia Aïssaoui Maâtoug est diplômée de l'Ecole des beaux-arts de Tunis, professeur d'éducation artistique et membre de l'Union des Artistes Plasticiens Tunisiens. Elle a participé à de nombreuses expositions collectives en Tunisie et à l'étranger. « Attente » est sa première exposition personnelle qui se poursuit jusqu'au 17 février.