Le Comité de défense dans l'affaire de l'assassinat du militant politique Chokri Belaid a révélé, vendredi 6 février, lors d'un Colloque tenu, à la maison de l'avocat à Tunis, dans le cadre de la commémoration du 2ème anniversaire de cet assassinat, que le dossier de l'affaire se trouve, actuellement, devant la Cour de cassation aux fins de statuer sur l'arrêt de la 9ème chambre d'accusation du tribunal de Tunis, rendu le 4 juin dernier 2014 et demandant au parquet et au juge d'instruction chargé de l'affaire de satisfaire les demandes formulées par la défense concernant l'accomplissement de certaines actions que le juge d'instruction n'a pu mener, dont l'audition du ministre de l'Intérieur lors du meurtre, Ali Lâarayedh, et le ministre de l'Intérieur dans les gouvernements de Ali Lâarayedh et Mehdi Jomâa, Lotfi Ben Jeddou, ainsi que d'autres hauts cadres sécuritaires. L'arrêt demande en outre au juge d'instruction de veiller à découvrir la vérité et à mettre en accusation tous ceux dont la culpabilité est établie, que ce soit au niveau de la préparation et de l'exécution ou à travers le camouflage des preuves et l'obstruction des poursuites. Maître Ali Kalthoum, membre du Comité de défense, a déclaré que le Comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaid exprime sa haute considération à la décision de la 9ème chambre d'accusation et espère qu'elle inaugure une nouvelle ère dans l'action de la chambre d'accusation dans le sens de la facilitation de la réalisation de la justice. Il a noté que cet arrêt de la 9ème chambre d'accusation fait partie des arrêts qui ne peuvent pas faire l'objet de cassation, du point de vue juridique, formant le vœu que la Cour de cassation tiendra, avec la diligence requise, une audience pour statuer sur cet arrêt et que son jugement ne tendra pas à la cassation de l'arrêt de la chambre d'accusation, dans la mesure où il favorise la recherche de la vérité concernant l'assassinat de Chokri Belaid.. Dans ce même contexte, l'avocat Nôoman Mzid, membre du Comité de défense, a passé en revue ce qu'il a qualifié de lacunes dans les enquêtes et les investigations menées par le parquet et le juge d'instruction concernant l'assassinat de Chokri Belaid, estimant que le parquet s'est emparé de l'affaire aux dépens du juge d'instruction, alors que le juge d'instruction a abandonné ses prérogatives au profit de la brigade des affaires criminelles, au moment où le juge d'instruction est indépendant dans les décisions qu'il prend et constitue l'autorité de tutelle pour la brigade des affaires criminelles qui travaille conformément aux commissions rogatoires qu'il lui délivre., mais la brigade des affaires criminelles informait le parquet de l'avancement des enquêtes, au lieu du juge d'instruction. Il a été d'avis qu'il y avait une complicité au niveau de tous ces services pour cacher la vérité et entraver la découverte de la vérité car cet assassinat était un crime politique, à commencer par la victime qui est un homme politique et en passant par toutes les autres parties prenantes dans l'affaire qui sont tous des acteurs politiques y compris les terroristes ayant commis le meurtre. Il a indiqué qu'on aurait pu éviter l'assassinat du député à l'Assemblée constituante Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2014 et les autres meurtres des agents des forces de l'ordre et de l'armée, par les groupes terroristes, si l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaid avait été entourée du sérieux et de l'attention particulière qu'elle méritait, en la considérant dès le début comme étant un crime politique digne d'un intérêt spécial. L'avocat français François Roux, président du comité de défense dans le tribunal international pour le Liban et membre du comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaid est également intervenu et a parlé du crime politique dans le droit international. A cet égard, Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaid, a indiqué que l'Union internationale des avocats a décidé, lors de son dernier congrès, de parrainer l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaid et a désigné un coordinateur en vue de suivre cette affaire.