Depuis le second tour de l'élection Présidentielle, le Front Populaire n'a cessé de rejeter toutes les propositions qu'on lui a faites. Le fameux mot d'ordre donné lors du tour final de la Présidentielle, ‘ni-ni', résonne encore dans les oreilles de la classe politique. En intégrant l'Assemblée des Représentants du Peuple, avec un bloc formé de 15 sièges, le Front a campé sur sa position de refus en rejetant la possibilité de former une coalition avec d'autres partis notamment le mouvement Nidaa Tounes, majoritaire aux législatives. A l'avènement du gouvernement d'Habib Essid – celui d'avant l'intégration d'Ennahdha – le bloc du Front Populaire s'était fortement opposé à l'idée de voter pour ledit gouvernement. Ce serait suite à ce refus qu'Essid s'est trouvé obligé de faire participer Ennahdha dans l'équipe gouvernementale. En tous cas, c'est l'argument fourni par plusieurs dirigeants de Nidaa Tounes. Les leaders du FP quant à eux ont toujours nié ce prétexte accusant Nidaa Tounes de vouloir faire porter la responsabilité de cette alliance sur le dos de la Gauche. Ayant raté l'opportunité de voir l'un des députés du FP occuper les fonctions de vice-président de l'ARP –qui a été accordé à Abdelfattah Mourou du bloc d'Ennadha – les députés ont visé la présidence de la commission des Finances, qui, selon la Constitution, doit être présidée par un membre de l'opposition. C'est Mongi Rahoui qui a été proposé par le bloc du Front pour chapeauter ladite commission. Mais le vote a donné raison au député du parti Al-Jomhouri Iyed Dahmani avec 9 voix contre 2 pour Mongi Rahoui selon les déclarations de Mehdi Ben Gharbia, député de l'Alliance Démocratique. Suite à ce verdict, les dirigeants du Front Populaire ont crié au scandale accusant quelques parties de vouloir faire main basse sur l'ARP. Les termes Putsch et Hold-up ont de même été employés dans le mécontentement des leaders de la Gauche. Une nouvelle polémique s'est installée divisant, encore une fois, l'échiquier politique. Les députés du bloc de Nidaa Tounes, ou une partie d'entre eux, semblent appuyer la position de Rahoui. Meriem Boujbal a indiqué que le passage de Dahmani à ce poste n'est que ‘le fruit des forces obscures et occultes qui travaillent dur dans les coulisses de ce pathétique théâtre politique'. Le cri au scandale a dépassé les coulisses du parti et de l'ARP pour aller se déballer sur les plateaux médiatiques où Iyed Dahmani et Mongi Rahoui ont alimenté les discours insultants. Des accusations de chantage et de donnons-donnons ont été évoqués par les deux parties qui se sont engagés dans ce conflit sans plus se soucier de ce qui est important. Si l'on peut déduire quelque chose de cet incident, c'est que le Front Populaire a lancé un pari qui s'avère être perdant : il a voulu s'accaparer le titre d'opposant et s'approprier le monopole de l'opposition au sein de l'ARP. Une stratégie qui lui aurait permis de préparer confortablement le terrain pour les prochaines élections. Le Front aurait acquis les vertus de l'opposition sans se mouiller dans le pouvoir et ses risques. Sauf qu'avec un mauvais calcul, le Front Populaire se retrouve aujourd'hui évincé et du pouvoir et de l'opposition. La stratégie du non-non n'a finalement pas donné le résultat voulu et attendu. Comme toute Gauche qui se respecte, le Front, et plus précisément le POCT et son président Hamma Hammami, devraient établir une autocritique qui leur permettra de mieux relever leurs erreurs afin d'être plus préparés pour les prochaines batailles.