C'est désormais officiel ! Les citoyens de la commune de Sfax seront dorénavant associés aux décisions budgétaires de la municipalité en matière d'investissement et de développement local et pourront émettre leurs avis et proposer des projets selon leurs besoins et priorités. La société civile de Sfax a récemment signé une convention avec les autorités municipales locales, officialisant ainsi la mise en oeuvre du « Budget Participatif » qui permettra à l'avenir aux riverains de participer aux prises de décisions relatives aux dépenses du budget de leur municipalité. Une initiative citoyenne et démocratique dont les termes ont été longuement négociés avant d'être adoptée dimanche dernier, à l'issue de trois jours de formation destinée aux associations intéressées par le projet et assurée par des experts nationaux en budget participatif. Cette session aura été l'occasion pour tous les activistes de se familiariser avec cet instrument et de comprendre son mode de fonctionnement ainsi que les différentes étapes de son implantation. Les responsables assurent par ailleurs qu'un effort particulier sera fourni pour faire participer activement les femmes et les jeunes à ce projet. Comment ça marche ? Sfax n'est pas la première commune tunisienne à opter pour le budget participatif, implanté dès 2014 à la Marsa, à Menzel Bourguiba, à Gabès et à Tozeur grâce aux efforts de l'organisme « L'Action Associative », présidée par Kouraïch Jaouahdou. Face au succès indéniable de cette initiative, ces quatre communes ont renouvelé l'expérience pour l'année 2015. La Manouba, Gafsa et Kairouan ont également adhéré à cet outil de démocratie locale participative début 2015, en attendant une implantation plus large sur les autres communes tunisiennes. Le principe du Budget Participatif est simple. En l'adoptant, les municipalités s'engagent à consacrer un pourcentage prédéfini de leurs budgets communaux pour la réalisation des projets proposés par les citoyens qui participent ainsi activement à la prise de décision avec leurs élus municipaux. Ainsi, une assemblée citoyenne s'est par exemple tenue, le 7 février dernier, au Palais Essaada. L'occasion pour la municipalité de la Marsa, en concertation avec la société civile de la ville, d'impliquer les citoyens présents dans le choix de la deuxième ligne budgétaire de 2015 en lui appliquant les normes de l'instrument Budget Participatif, la première ayant été consacrée depuis l'année dernière à l'éclairage public pour un budget avoisinant les 550.000 DT. Les Marsois ont eu à choisir parmi ces différents axes: espaces verts, voirie et chaussées, trottoirs, embellissement de la ville, établissements sportifs ou évacuation des eaux pluviales. En 2014, Tozeur a consacré un budget de 550 000 DT pour la construction des chaussées et des trottoirs. Les communes de Gabès et de Menzel ont quant à elles opté pour des projets relatifs à l'embellissement de la ville, en y consacrant respectivement 200.000 DT et 100.000 DT. Le réseau des villes émancipées A travers le monde, plus de 2700 communes, dans plusieurs pays d'Europe, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, ont déjà opté pour le principe du budget participatif, à l'instar de Paris, New York, Montréal et Londres. Toutes ces villes ont adopté cet outil participatif afin d'encourager notamment la décentralisation, principe indissociable de la Gouvernance locale. C'est à Porto Alegre au Brésil que ce concept a été initié pour la première fois en 1989. Tout citoyen de plus de 16 ans avait ainsi le droit de participer aux décisions communales, d'émettre son avis et de proposer des projets de développement locaux. A quand donc une généralisation du budget participatif sur l'ensemble du territoire tunisien ?