Avec une nouvelle formule, un programme off et une dimension festive, les 24 heures de théâtre non stop du Kef continuent à progresser et offrent à leur public rencontres intellectuelles et spectacles artistiques. Plus d'une cinquantaine de créations à l'affiche pour un festival qui dure désormais six jours... C'est dans un nouveau format que le public et la grande famille du théâtre ont retrouvé la manifestation créée par Lassaad Ben Abdallah, il y a déjà quatorze ans. Cette nuit blanche du théâtre a enfin pris du volume et se développe désormais sur une semaine avec plusieurs actions qui sont venues se greffer sur les 24 heures non stop qui, comme de coutume, se sont déroulées à la veille de la journée mondiale du théâtre, le 27 mars. En effet, pour cette quatorzième session, le centre national des arts dramatiques et scéniques du Kef avec l'appui de la Délégation culturelle régionale a enrichi le programme des 24 heures avec plusieurs nouveaux éléments. Ainsi, un prélude de trois jours précède désormais les 24 heures proprement dites alors qu'un programme off a également vu le jour pour mieux structurer l'offre abondante de ce festival. Pour cette quatorzième édition, 36 œuvres théâtrales sont en effet au programme et se déroulent en 24h chrono! Les deux-tiers de ces spectacles constituent le programme premier avec 12 pièces jouées en off. En outre, des animations de rue, des concerts et des expositions complètent le programme qu'abritent le complexe culturel du Kef, la basilique byzantine et les différents espaces du centre national des arts dramatiques et scéniques du Kef qui comprend quatre salles distinctes. Comme toujours, le public s'est présenté nombreux en cette occasion. Des vieux routiers du théâtre keffois, les pensionnaires du centre ainsi que les étudiants sont particulièrement en vue. Des autres régions sont aussi venues de nombreux comédiens et artistes qui donnent aux 24 heures des allures de forum national. Il est important de mentionner que l'esprit des fondateurs continue à animer cette manifestation qui par ailleurs a su injecter plusieurs innovations qui enrichissent indéniablement le programme. Rencontres intellectuelles et débats de fond C'est par des rencontres intellectuelles et techniques que cette session des 24h a été ouverte depuis le 23 mars. En effet, sur le thème "Le théâtre et la culture", une série d'ateliers se sont déroulés du 23 au 25 mars. Ces ateliers ont permis d'aborder plusieurs problématiques doctrinales. Par exemple, les esthétiques modernes du théâtre, les nouvelles créations tunisiennes ou encore la critique théâtrale ont été au centre de débats passionnants. Ce qui rajoute une saveur certaine à ces débats, c'est le fait qu'ils réunissent des praticiens de divers horizons avec des universitaires et des médiateurs. Ce qui est de nature à multiplier les éclairages et donner une texture plus riche aux débats. Entre théorie et pratique, l'écart est en effet très large, ce qui donne à chaque point de vue une perspective complémentaire. Donc pas de querelles byzantines pour ces débats mais plutôt une atmosphère laborieuse en quête de synthèse. Dans le même esprit, des stages techniques étaient à l'ordre du jour du festival avec pour objectif essentiel : travailler sur le domaine du son et de ses techniques. Là encore, c'est le travail qui a prévalu, dans une atmosphère de stage formateur. Et c'est tant mieux car ces rendez-vous pratiques sont des occasions pour les techniciens d'enrichir leur bagage et confronter leur savoir-faire. Une dimension supplémentaire de cette session des 24h doit être soulignée: celle de la reconnaissance qui a donné l'occasion aux organisateurs d'honorer plusieurs personnalités du monde du quatrième art à l'image du fondateur du festival Lassaad Ben Abdallah, du comédien Mongi Ouerfelli dont le parcours est inséparable du théâtre keffois et aussi de Jelila Baccar, l'une des égéries du théâtre tunisien. 36 créations tunisiennes et cinq spectacles étrangers L'essentiel est aussi Théâtre! En ce sens, les 24h promettent monts et merveilles avec aussi bien une revue de la création tunisienne récente dans le domaine du septième art qu'un gros plan sur de nombreuses expériences étrangères. Cinq pays étrangers participent à cette session. Deux pays maghrébins (Algérie, Maroc), l'Egypte, l'Arabie Saoudite et l'Italie, seule nation européenne présente. Côté tunisien, "Kaabel Ghzal" du Théâtre de Médenine constitue l'une des œuvres les plus attendues. Toutefois, la profusion de créations présentées offrira de l'eau pour toute bouche avec 36 œuvres au programme.. Autre innovation, la clôture se déroulera au lendemain des 24h proprement dites. Et pour cette clôture qui aura lieu le 28 mars, plusieurs shows sont à l'affiche avec une troupe de cirque, une formation de danseurs brésiliens, un spectacle de hadhra et aussi un concert de percussions. Le tout dans une atmosphère qui promet d'être festive. Ainsi, les 24 heures du Kef continuent à évoluer et profitent de la structuration du paysage culturel dans la région. En effet, la Délégation culturelle régionale joue pleinement son rôle de catalyseur en créant un effet décentralisateur sur les différentes localités du Kef tout en investissant sur des synergies entre public et privé. Le récent festival Sicca Jazz est l'un des reflets de cette nouvelle dynamique dont l'un des pivots essentiels est le centre national des arts dramatiques et scéniques du Kef qui porte cette manifestation très suivie des 24h de théâtre non stop.