La coordination de Sfax pour la protection des secteurs du textile et du cuir et chaussures a brandi hier, au cours d'un point de presse, la menace de l'escalade en vue d'obtenir gain de cause et décider le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour protéger ces secteurs contre les préjudices causés par la contrebande et le commerce parallèle. L'escalade préconisée se traduira en premier lieu par l'insubordination fiscale, mesure que Mohamed Mlik, vice-président de l'URICA à Sfax justifie d'abord, par l'incapacité des professionnels à s'acquitter de leurs obligations fiscales, étant au bord de la faillite, s'attardant à ce propos sur les symptômes de morbidité de ces secteurs qui sont sur la voie de l'extinction pour ne pas dire en état de mort en sursis. De plus, les professionnels veulent se mettre sur le pied d'égalité que les trafiquants et les contrebandiers qui ne paient pas d'impôts tout en amassant des fortunes, n'assument non plus aucune charge sociale et font fi de toutes les lois. Pou étayer ses dires, Mlik, avance plusieurs chiffres illustrant les préjudices subis par les secteurs de l'industrie et du commerce légal : « Il y a deux décennies, le secteur du cuir et chaussures comptait 20 000 artisans qui employaient au total 100 000 personnes. Aujourd'hui, le nombre des professionnels en activité ne dépasse pas les 2500. De plus, à Sfax il y avait une centaine d'ateliers de production de chaussures, alors qu'aujourd'hui il n'en reste que 36. Quand on sait que chaque atelier faisait travailler une moyenne de 60 employés, cela donne au minimum 2400 emplois en moins. C'est pareil dans le secteur du textile où l'on avait une très importante concentration d'usines dans la zone industrielle en plus d'autres unités implantées sur toute la zone urbaine à Sfax, autant d'entreprises et ateliers qui employaient 40 000 personnes . Mais aujourd'hui, il n'en reste que 10 000. Par ailleurs, entre le cuir et la chaussure, il y a une centaine d'ateliers qui ont fait faillite dont certains comptaient 700 employés. La deuxième menace brandie par la coordination consiste à décréter des lock-out, mesure à laquelle s'engageront plusieurs dizaines d'industriels. En troisième lieu, les professionnels du textile et du cuir et chaussures ont prévu un sit-in, lundi prochain devant le siège du gouvernement à la Kasbah, avec la participation des « victimes du commerce parallèle et de la contrebande ». En effet, les professionnels qui se sont ralliés à la coordination de Sfax pour la protection des secteurs du textile et du cuir et chaussures comptent brasser large en ralliant à leur cause commune leurs homologues des autres régions à travers des initiatives à l'échelle nationale. Les participants s au point de presse d'hier se sont plaints des retombées négatives des importations anarchiques sur les secteurs précités, mettant l'accent sur les menaces qu'elles représentent sur les sources de revenus de milliers de familles. A ce propos, tout le monde s'accorde à dire que le commerce parallèle et la contrebande représentent, aujourd'hui, un grave problème à même de mettre en péril les deux secteurs, y compris les activités des secteurs parallèles qui sont touchés, comme le commerce, les prestataires de services, la broderie, la sérigraphie et toute la gamme de sous-produits. La gravité de ce danger est d'autant plus redoutée que ces deux phénomènes ont connu une nouvelle ampleur, au cours des quatre dernières années, à la faveur de l'augmentation des failles dans la législation, le contrôle douanier et la taxation. A rappeler que les professionnels des secteurs du cuir et accessoires avaient porté plainte au mois de septembre 2014 contre cinq ministères parmi lesquels figurent le ministère de l'Industrie, du Commerce, des Affaires Sociales et des Finances, dont « les tergiversations et le manque de fermeté vis-à-vis de la contrebande ont amené les professionnels à s'organiser dans le cadre d'une coordination dont l'objectif est d'exiger le strict respect de la loi. », conclut Mohamed Mlik.