C'est auréolé de deux prix internationaux obtenus en Californie et en Indonésie que l'artiste danoise Maria Dubin vient de retrouver la Tunisie pour présenter son projet de film qui devrait être tourné en octobre prochain. En effet, Dubin vient de remporter la médaille d'or du festival des courts-métrages de femmes organisé en Indonésie et le deuxième prix du California Film Festival pour la même œuvre. Il s'agit d'un film de fiction, un véritable poème filmé intitulé "Woman in red- Seahorse Aria" dont une suite devrait prochainement être tournée en Tunisie. Le club culturel Tahar Haddad a accueilli mardi dernier une rencontre avec l'équipe du projet " Une femme en rouge- Symphonie de l'Hippocampe" avec la participation de Maria Dubin et du compositeur danois Frederik Magle. Etaient également présents Moncef Barhoumi, un distributeur de films tunisiens opérant en Europe nordique, et Mohamed Meddeb, responsable de la communication de l'Office national du Tourisme tunisien en Scandinavie et en Finlande, soutien de Maria Dubin dans la séquence tunisienne de son projet cinématographique. Nous avons profité de cette rencontre qui s'est déroulée devant un public nombreux de journalistes, intellectuels et artistes pour recueillir cet entretien avec Maria Dubin. Le Temps: Pouvez-vous nous présenter ce projet de film? Maria Dubin: "Woman in red- Seahorse symphony" est un poème filmé, une œuvre courte qui repose sur un concept que je porte depuis 25 ans. Il s'agit d'un projet qui consiste, pendant 5 ans, à filmer une œuvre par an, dans un pays différent. Chaque film est en fait un mouvement dans une symphonie visuelle et sonore que nous créons au fur et à mesure Frederik Marge et moi. Et chaque mouvement est culturellement enraciné dans un pays. La première séquence de ce film-opéra a été tournée en Serbie avec des acteurs de ce pays. La deuxième sera tournée en octobre en Tunisie avec des artistes tunisiens et la troisième prendra place au Botswana, au cœur de l'Afrique. "Une œuvre qui se crée à travers la rencontre" Le Temps : Qu'en est-il de la partie tunisienne? Maria Dubin : Nous n'en sommes qu'au début. En février dernier, je suis venue en Tunisie pour effectuer des repérages. Cette fois-ci, je suis venue afin de trouver ma comédienne, celle qui portera le film et donnera son image tunisienne au projet. Il ne s'agit pas d'un casting à proprement parler car, pour le moment, je cherche une femme, pas nécessairement une actrice, mais une personne de grande taille, au regard ardent, à la silhouette féminine. Les contacts sont prometteurs et je viens de faire une demande de photos aux Tunisiennes qui se sentiraient correspondre au profil. En effet, il suffit de nous envoyer une photo de face et une autre de profil sur notre adresse "[email protected]". Avec les deux photographies, nous demandons aux candidates de nous dire en quelques lignes ce qui les motive et surtout pourquoi elles pensent correspondre au profil que nous recherchons. Nous retiendrons 15 dossiers et aurons ensuite des entretiens avec 5 candidates pour faire notre choix final en juin prochain. Pour l'instant, il faut nous adresser les candidatures et les photos jusqu'au 15 mai 2015. Mais il est clair que je ne cherche pas quelqu'un qui veut simplement jouer dans un film, je suis plutôt en quête d'une femme de 30 à 45 ans qui voudrait représenter, symboliser, incarner la Tunisie, ce pays que le monde admire. C'est un engagement moral pour la Tunisie qui me motive et que je voudrais retrouver parmi les membres de mon équipe. Le Temps : Dans cette équipe, Frederik Magle joue un rôle central... Maria Dubin : Magle est le compositeur du projet. Pour la partie musicale, nous sommes entrés en contact avec Hafedh Makni, directeur de l'Orchestre symphonique de Tunisie. A ce titre, je voudrais remercier les autorités touristiques et culturelles en Tunisie qui soutiennent ce projet et nous ont facilité tous les contacts. Magle a déjà, intuitivement, commencé à composer. Sa rencontre avec le joueur de rebab tunisien Anis Klibi a été décisive. Ils ont commencé à jouer ensemble comme s'ils avaient toujours travaillé en commun. Et le dialogue entre piano et rebab promet! Pour le moment, alors qu'il découvre la Tunisie, le compositeur danois s'imprègne de tout, plonge dans ce nouvel univers, va à la recherche de l'inspiration. De retour au Danemark, il formalisera ces approches et entamera la seconde phase de son travail. "Je me suis initiée à la mosaïque au musée du Bardo" Le Temps : Le tournage est pour bientôt? Maria Dubin : Le tournage est prévu pour septembre ou octobre. Pour le moment, nous travaillons sur la partition musicale et les repérages. L'actrice devra porter une robe rouge très ample, très féminine, elle devra aussi avoir un port altier et une propension à un jeu fluide, aérien. Nous cherchons l'oiseau rare... Le Temps : Un parcours artistique remarquable vous lie à la Tunisie... Maria Dubin : Ma relation avec la Tunisie remonte aux années 1990. A l'époque, j'avais vécu de nombreuses années à Tunis et travaillé au musée du Bardo grâce auquel j'ai pu m'initier à la mosaïque. J'ai présenté plusieurs œuvres en Tunisie et mon séjour a été couronné par une grande exposition à la Maison des Arts du Belvédère. Cette exposition intitulée "Bateau Espoir" a ensuite été présentée au musée de Stockholm en 2000. A cette occasion, une importante délégation tunisienne avait fait le déplacement en Suède et donné à cet événement un plus grand rayonnement. Depuis, je n'ai jamais perdu le contact avec la Tunisie et j'y reviens toujours avec beaucoup de bonheur. D'ailleurs, "Woman in red" est une œuvre qui se crée à travers la rencontre, celle d'un pays, de son peuple et sa culture. C'est une œuvre artistique et aussi une rencontre humaine.