Après des semaines houleuses et un interminable bras de fer entre le Syndicat de l'enseignement secondaire et le Ministère de l'Education, les choses semblent être enfin rentrées dans l'ordre et demain sera donné le top départ de l'épreuve d'éducation physique pour la session 2015 du baccalauréat. Du 20 avril au 2 mai, près de 130 000 élèves passeront le bac sport dans les centres d'examens dédiés, implantés à l'occasion dans les stades et les terrains de sport répartis sur l'ensemble du territoire national. En attendant le bac blanc qui débutera le 15 mai et la grande épreuve du baccalauréat, dont la session principale se déroulera du 3 au 10 juin, cette épreuve est la première vraie confrontation des candidats avec cet examen national décisif qu'est le bac. Selon l'arrêté ministériel datant du 5 décembre 2014, il est stipulé que tous les candidats inscrits dans des lycées publics doivent passer l'épreuve d'éducation physique, à l'exception de ceux qui en sont dispensés sur autorisation du médecin de la santé scolaire ou d'un médecin de la santé publique désigné par l'administration. La note finale, sauf pour la filière sport, est calculée en additionnant la note de l'épreuve de fin d'année avec la moyenne annuelle en la matière puis en divisant le tout par deux. Concernant les élèves des lycées privés, la note finale en éducation physique sera celle obtenue à l'examen de fin d'année en la matière quant aux candidats à titre individuel, ils sont dispensés de cette épreuve. Coefficient un sauf pour la section sport, l'éducation physique n'en reste pas moins un atout de taille pour les élèves désireux de grappiller le moindre petit point pour améliorer leur moyenne finale. Et pour s'assurer d'avoir une bonne note à cet examen, certains n'hésitent pas à mettre le paquet, en s'entraînant intensivement mais aussi en dépensant des sommes d'argent conséquentes. Depuis quelques jours voire quelques semaines, les parcours de santé et autres parcs accueillent de nouveaux visiteurs, jusqu'ici peu habitués à fréquenter ce genre d'espaces verts. De petits groupes de cinq à dix jeunes en tenue de sport, accompagnés d'un adulte, font des courses, des étirements ou encore des roulades et autres mouvements de gymnastique sur l'herbe. Eux, ce sont de futurs bacheliers, qui s'entraînent à l'épreuve d'éducation physique, coachés par un professeur de sport, baskets aux pieds, chronomètre à la main et sifflet à la bouche. Car même pour cette matière, des cours particuliers existent et séduisent de plus en plus de candidats au bac. Ces séances d'entraînement ont bien évidemment un coût et cela peut varier du simple au double, selon le nombre de participants mais aussi selon les moyens financiers de leurs parents. Le tarif pour deux heures d'entrainement varie généralement entre 15 et 30 DT par candidat. Quant aux plus aisés d'entre eux, ils optent le plus souvent pour un coach sportif personnel qui proposera ses services exclusifs pendant quelques semaines contre quelques centaines de dinars. Par ailleurs, nombreuses sont les salles de sport qui proposent depuis quelques années déjà des séances exclusivement dédiées à la préparation du bac sport. Des cours qui connaissent un réel engouement auprès des élèves des deux sexes. Pour un abonnement mensuel allant de 40 à 80 DT, ils ont accès à des séances de préparation, notamment du fameux enchaînement, épreuve périlleuse tant redoutée par les élèves, constitué de roulades, de sauts, de rondades et autres mouvements techniques. L'incontournable « Dakhla » Outre l'épreuve en elle-même, qui dit épreuve du bac sport, dit aussi « kharja ». Ce phénomène, apparu en Tunisie depuis quelques années déjà, semble désormais bien ancré dans les traditions des candidats au bac. Tee-shirts personnalisés portant le logo de l'établissement scolaire et la section des élèves, énormes banderoles représentant des symboles et autres slogans, flammes, feux d'artifices, tambours, tambourins et autres bruyants bendirs... Voici l'essentiel des accessoires indispensables pour la « kharja » qui nécessite, mine de rien, des semaines de préparation et dont la facture globale est assez salée. Le jour J, les futurs bacheliers, sur autorisation du proviseur du lycée, se rassemblent dans la cour. Rivalisant de créativité et d'innovation, chaque section dévoile alors sa banderole, au son des instruments de musique, des sifflements et des applaudissements. Par la suite, les festivités se poursuivent généralement en dehors du lycée. Mais bien des fois, malgré les dispositions prises par les établissements scolaires, la « kharja » se termine sur une note de désolation quand des échauffourées éclatent entre des élèves et que la fête se transforme en grande bagarre à ciel ouvert. L'année dernière, à Nabeul, des émeutes avaient gâché les festivités du bac sport et plusieurs élèves ont même dû être hospitalisés pour soigner leurs blessures. Et les exemples sont malheureusement bien nombreux ! Coaching, kharja, festivités et stress devant les profs, le bac sport est une épreuve à nul autre pareille, bien moins intimidante que la session des examens écrits mais tout aussi mémorable. Tous les bacheliers se souviendront à jamais, de ce jour où ils ont revêtu leurs tenues de sport et tenté d'imiter, plus ou moins bien, les athlètes en essayant d'avoir la meilleure note possible. Un délectable souvenir qui n'a pas de prix, ou peut-être si !