Dimanche soir, la 10ème édition de Jazz à Carthage by Ooredoo, l'édition de tous les défis et de la résistance, est arrivée à son terme. Une soirée mémorable pour un festival inoubliable ! Un spectacle qui a réuni la performance de la jeunesse tunisienne, Zied Bagga et la légende de la guitare américaine, Lucky Peterson. Plus de 1300 personnes ont pu jouir, en ce dimanche 19 avril 2015, de deux concerts hors-norme. L'ambiance était forte en émotions. Les lieux ont vibré sous les notes des deux artistes et de leurs troupes. Accompagné du trio Marwen Soltana à la basse, Omar El Ouaer au piano et Youssef Soltana à la batterie, le jeune et talentueux Zied Bagga a enchanté son public. Pendant une heure, l'auteur, compositeur et interprète tunisien a assuré une prestation très applaudie. Pour la première fois, il joue sur scène sa propre musique, son tout dernier album «Questions». Composé de 9 titres, il en a chanté 6. Pour lui c'était «un défi». «Au cours des deux premières chansons, je tâtonnais la réaction avec les spectateurs. C'est la première fois où je chante mon album face à un public dont j'appréhendais la réaction. Au bout d'un certain moment, l'interactivité et l'échange avec mon public l'a emporté.». L'artiste et son trio ont swingué en cette soirée de clôture entre musique folk, soul et neo/soul. Zied Bagga s'est livré entièrement à ses spectateurs venus en grand nombre. Son album «Questions» relate la vie de l'artiste, ses escapades musicales de la scène underground à la musique soul. A peine descendu de la scène, le jeune artiste a hâte déjà de retrouver son public : «Vivement la prochaine expérience !». La guitare de Lucky Peterson enflamme le public ! Au second concert, le public avait rendez-vous avec le guitariste américain Lucky Peterson. Tous les éléments étaient réunis pour une soirée spectaculaire ! Son, lumière, acoustique, prestation artistique et interaction avec le public. Tout y était pour que cette soirée de clôture de Jazz à Carthage by Ooredoo soit inoubliable pour tout le monde ! Une énergie débordante émanait du guitariste américain tant attendu ! La contagion était immédiate ! La salle en était transformée ! Un public en état de transe, debout sur les chaises dansant frénétiquement sur les notes endiablées sorties tout droit de la guitare de Lucky Peterson. Pendant plus d'une heure, son et lumière plongeaient la salle dans une dimension quasi-surnaturelle. L'osmose entre l'artiste et le public était telle que le guitariste a effectué une descente de la scène pour toucher de près le public. Encore plus enthousiastes, les spectateurs applaudissaient de plus en plus fort cette bête de scène. Fils du célèbre chanteur et guitariste James Peterson, il s'adonne à la joie de la guitare depuis 5 ans. Sa musique porte en elle cet héritage musical propre à la musique afro-américaine entre blues, jazz et Soul.Sa prestation à Jazz à Carthage témoigne d'un style à la guitare qui n'est pas sans rappeler celui de BB.King. Le dimanche soir, il a brillé d'ailleurs par sa présence sur scène, son charisme, son énergie époustouflante, son style musical et son touché. Les spectateurs, tout âge confondu, avaient dansé jusqu'à en perdre le souffle, sourire aux lèvres. Le rideau tombe sur le 10ème anniversaire de Jazz à Carthage dans une ambiance festive et riche en émotions. Une édition qui s'est tenue malgré toutes les contraintes sécuritaires qui pèsent sur la Tunisie, malgré le manque de soutien de la part de la partie gouvernementale, malgré les difficultés financières et les annulations de dernière minute. Le Temps qui était présent durant les deux semaines du festival a remarqué cette présence massive du public tunisien féru de ce genre de spectacles qui se font rares en Tunisie. La qualité de l'organisation, de la sonorisation, de la lumière, la logistique, l'aspect sécuritaire et enfin et surtout la qualité des prestations ont fait de cette édition un véritable succès. Les artistes ont joué à guichets fermés tous les soirs face à un public enchanté. Cette édition de la résistance a enfin eu lieu. Elle a montré la persévérance et le combat qu'ont livrés les organisateurs jusqu'à la dernière minute pour que Jazz à Carthage ne soit pas annulé. Le contexte était et l'est encore peu propice pour organiser des événements de cette envergure. Les organisateurs ont relevé le défi. Qu'en sera-t-il pour les prochaines éditions ? En l'absence d'un soutien de l'Etat, le privé pourrait-il faire face seul à ces innombrables défis ? Notons que la ministre de la Culture, Mme Latifa Lakhdher était présente à la soirée de clôture. Serait-ce un bon signe ? Croisons les doigts.