Ils ont entre 18 et 19 ans -c'est la moyenne d'âge-, et ils s'apprêtent à passer les épreuves de sport, du baccalauréat 2015. Jendouba, en ce même « an de grâce » où il est dit qu'on en aura vu, effectivement de toutes les couleurs. Au fronton de deux lycées, deux étendards : l'un aux couleurs de Daech, le fameux Etat islamique, l'autre à celui du « Führer » et de l'Allemagne nazie. Une apnée. Prendre le temps de respirer, de se pincer, pour émerger du cauchemar. Car c'en est n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas la Tunisie, non ce n'est pas la Tunisie, non, ça ne peut être la Tunisie ! Notre jeunesse ? Nos espoirs, nos lendemains meilleurs ? La plaisanterie, s'il s'avère que c'en est une, ne prête pas du tout à rire. De la « provoc » à ras-les-pâquerettes tout au plus, qui aurait flirté avec une bouche d'égout avant de s'en venir, empuantir l'atmosphère alentour. Et qu'on ne vienne pas nous dire, que ces « gamins » ont agi tout seuls. De leur plein chef, de leur plein grès, sur une initiative, « spontanée » dont la responsabilité leur incomberait entièrement. Parce qu'on ne le croira pas. Une « pâte », malléable à souhait, dont on peut faire ce que l'on veut, après le naufrage avéré de l'Ecole publique. Une perdition sous influence, une totale perte de repères, une « déshérence » en termes des valeurs réelles de la République. Cela peut déboucher sur quoi ? Sur le pire bien sûr, jamais sur le meilleur... « Incidents » isolés sans réelle incidence ? Que faut-il faire en pareils cas ? « Botter » les fesses à ses énergumènes, pour qu'ils ne recommencent pas à jouer avec le feu, ou les ignorer superbement de façon à ce qu'ils ne puissent pas en tirer vanité : ce qui pourrait constituer pour eux, un bon stimulant pour persévérer sur une voie, laquelle pourrait être sans retour ? Non, parler avec eux, mais parler vraiment, comme si sa propre vie en dépendait, pour qu'ils comprennent ce que veut vraiment Daech, et ce qu'a fait Hitler et le nazisme, dans « l'innommable... ». Les obliger à regarder « l'horreur » dans les yeux, pour qu'ils sachent à quel point, hélas !, il peut être facile de basculer de l'état d'Homme à celui de bête monstrueuse et sanguinaire. Afin aussi qu'ils intègrent l'idée, qu'il faut, impérativement, choisir son camp. Etre du côté des Hommes, ou de celui des monstres ? Samia HARRAR