Le déficit colossal de pas moins de 28 entreprises publiques tunisiennes dépasse les 3,5 milliards de dinars. Malencontreusement, la plupart de ces entreprises à ardoises salées constituent les artères de l'économie nationale. L'endettement cumulé de ces entreprises et en l'absence de plans de restructuration et de mise à niveau effectifs, ont ruiné ces unités productives, lesquelles ont pourtant activement contribué depuis l'indépendance à la construction de la Tunisie moderne. Défectuosité du modèle de gouvernance, corruption, mauvaise exploitation ou détournement des fonds : des milliards et des milliards ont été décaissés par l'Etat au cours de deux décennies, au titre de subventions ou de plans de sauvetage au profit de ces entreprises en difficultés. Toutefois, rien à faire, ces entreprises ne voient toujours pas le bout du tunnel et la situation empire davantage. Pour voler au secours de ces entreprises publiques, Yassine Brahim, ministre de Développement et de la Coopération Internationale vient de dévoiler son plan de sauvetage au profit de 10 unités productives sur un total de 106 entreprises publiques surendettées. Il s'agit en fait de convertir les dettes des entreprises publiques au profit de l'Etat en capitaux facilitant le financement des investissements. « Une orientation qui figure parmi les priorités de l'action de son département au cours des cent premiers jours », a affirmé le ministre lors d'un point de presse tenu jeudi au Palais de la Kasbah. Toutefois, cette déclaration qui constitue une bouffée d'oxygène pour les entreprises publiques en difficulté dont Tunisair, El Fouladh, la STEG, la Transtu, la CTN... Néanmoins, le « manuel de procédure » de l'opération de sauvetage pourrait prêter à équivoque. Certains observateurs flairent des opérations d'ouverture des capitaux de certaines entreprises publiques à l'actionnariat étranger, autrement dit la privatisation partielle de ces entreprises. Nous avons à juste titre sollicité l'avis d'un expert. * Anis Wahabi, expert-comptable « Oui pour le principe, mais en quelles valeurs va-t-on convertir ces dettes » « Dans l'absolu, je ne suis pas contre cette orientation de conversion des dettes des entreprises publiques au profit de l'Etat en investissement. A vrai dire çà toujours été le cas, mais il reste à savoir si cette annonce n'est pas une manière déguisée à l'ouverture de ces entreprises aux capitaux étrangers. De toutes les manières, personnellement je ne suis pas contre cette optique ou stratégie de privatisation. Toutefois, il faut savoir quelles sont les entreprises à privatiser et comment va-t-on procéder. Il faut mettre cette stratégie sur la table pour en discuter et arriver à un consensus. En quelles valeurs va-t-on convertir ces dettes ? Parce qu'il faut savoir que les dettes ne se convertissent pas d'une manière directe, il ya des évaluations à faire »