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Une tempête dans un verre d'eau ?
Les éventuelles privatisation ou fusion de la STB, la BH et la BNA suscitent la polémique
Publié dans Le Temps le 09 - 04 - 2013

Le secteur bancaire et financier tunisien souffre depuis longtemps d'asthénies chroniques et structurelles freinant aussi bien sa rentabilité que son positionnement sur l'échiquier international voire régional. En dépit du programme de restructuration et de modernisation lancé depuis 1995, le secteur bancaire tunisien tarde à décoller et n'a pas encore atteint le saut qualitatif tant espéré.
Le cloisonnement des banques, un actif toxique, la petite taille du marché bancaire tunisien, la pente ascendante des créances accrochées outre la prédominance d'un paysage atomisé, sont autant d'anomalies qui sabordent l'appareil bancaire et par ricochet le financement des investissements productifs et la croissance du pays. Faute de gestion rigoureuse des risques et de transparence sans omettre l'implication de certaines banques publiques dans des affaires suspectées n'ont fait qu'alourdir la note. Résultats des courses, après la révolution les banques tunisiennes ont fait montre de fragilité et de morosité : à en retenir essentiellement la baisse de la liquidité bancaire nécessitant à maintes reprises l'intervention de l'institution d'émission pour injecter de la liquidité sur le marché monétaire. Les hommes d'affaires, les investisseurs et même les particuliers déplorent la réticence des banques voire leur immobilisme dans le financement de l'économie et de l'investissement. Se trouvant dans le collimateur des accusations, les banques se détachent peu à peu de leur responsabilité. Comme s'ils attendent que justice économique transitionnelle soit faite.
Aujourd'hui, gouvernement, opposition, société civile et experts sont unanimes pour crier l'inévitable restructuration du système bancaire et financier tunisien qui demeure le principal catalyseur de la croissance en Tunisie. Un audit complet sur les trois banques publiques : BH, BNA et la STB a été lancé. L'objectif est de faire un diagnostic complet sur la santé des trois banques publiques pour pouvoir par la suite prescrire les remèdes nécessaires à la consolidation de l'assise financière des banques précitées. Et en attendant les résultats de l'audit qui devront être fin prêts vers la fin de l'année en cours, le gouverneur de la BCT a lancé la semaine dernière un avant goût des alternatives ou de choix existants : la recapitalisation, la privatisation et la fusion.
Une déclaration qui suscite encore la polémique. Des altre-mondialisations et plusieurs voix notamment de l'opposition se sont élevés pour dénoncer l'éventuelle privatisation de ces banques publiques.
Les opérations de privatisations partielles ou totales n'en manquent pas en Tunisie. Il est vrai que la plupart des opérations de privatisations réalisées sous l'ancien régime ont quelque part servi les intérêts de la famille élargie de Ben Ali même, mais la privatisation au sens large et « propre » du terme est un mal nécessaire dans un monde où le rôle de l'Etat providence est révolu. Pour ce qui est de la fusion bancaire, nous avons la fameuse expérience de la STB fruit d'un rapprochement avec les deux banques de développement en l'occurrence, la BNDT et la BDET. Une fusion qui pour une raison ou une autre n'a pas donné les résultats escomptés. En 2010, une étude a été lancée portant sur la fusion envisagée entre la STB et la BH : une opération qui a été jugée en tant qu'opération de siècle. Un projet présidentiel qui a été vivement salué à l'époque, par les institutions et les experts internationaux et même par les décideurs et banquiers. Aujourd' hui, les avis sont mitigés même s'il est encore tôt de se prononcer sur les plans d'actions à envisager pour assainir le secteur en profondeur.
Les antagonistes de la privatisation flairent déjà des opérations souillées et les tensions politiques s'invitent inlassablement dans les politiques et stratégies économiques du pays. Certains parlent de surenchères politiques alors que d'autres défendent la souveraineté du pays et se doutent de la transparence des opérations de désengagement de l'Etat des activités, des secteurs ou encore des entités confisquées. Est-ce une tempête dans un verre d'eau ? Qu'en pensent les professionnels ?
Yosr GUERFEL AKKARI

Fethi Nouri, professeur universitaire
« Il faut des banques qui servent le pays et non le régime »
« De prime à bord, la restructuration du système bancaire et notamment des trois banques publiques dépend aujourd'hui des résultats de l'Audit complet lancé par le gouvernement sur les trois banques en question : La BNA, la BH et la BH. Seul l'audit qui a été fait permettra de présenter les solutions adéquates aux maux bancaires. On ne peut pas donner de remèdes avant de finaliser le diagnostic du problème. A l'heure actuelle on ne peut pas trancher, les propos annoncés par le Gouverneur de la BCT ne sont que des propositions. A mon sens il importe aujourd'hui d'éviter les procès d'intentions. L'Etat ne pourra pas aujourd'hui et n'a aucun intérêt à garder les entreprises défaillantes et leur actif défaillant. La notion de l'Etat providence, c'est de l'histoire. Il faut quelque part trouver la dose qu'il faut et faire un arbitrage entre le politique, l'expert et la société civile. Un consensus serait inévitable dans ce sens. Après tout, les opérations de privatisation réalisées sous l'ancien régime n'ont pas montré totalement leurs limites. C'est l'ingérence de la politique qui a endommagé le secteur. Aujourd'hui, les banques nationales doivent s'atteler à sauver le pays et non le régime.
Il faut arrêter la campagne anti –privatisation. Seul le libéralisme nous amènera vers l'efficacité économique espérée. Je défends l'opération de privatisation à moins d'assurer une bonne réglementation, de manière que chaque partie trouvera son compte. Il ne faut pas partir d'un échec, il faut voir préalablement le dossier pour pouvoir ensuite trancher. »

Ezzedine Saïdane, Expert économique et financier
« La recapitalisation des banques coûtera
2 milliards de dinars tunisiens... l'opinion publique craint que le gouvernement ne soit obligé de vendre les joyaux de la couronne »
« Commençons par le commencement. Le secteur bancaire connaît aujourd'hui des faiblesses inquiétantes. L'agence de notation Standard & Poor's vient de dégrader la notation des banques tunisiennes en les classant à la 8ème position sur une échelle de 1 à 10. Par ailleurs, le volume des créances classées des banques atteint un seuil faramineux : 10 milliards de dinars tunisiens soit 19% de l'encours bancaire. Or le secteur bancaire demeure le moteur essentiel de la croissance et la source principale du financement de l'économie. Il faut en fait trouver des solutions idoines à l'affaiblissement du système bancaire tunisien et notamment des trois banques publiques à savoir : la BH, la BNA et le STB. Trois solutions sont dans ce cas envisageables : la recapitalisation, la fusion ou la privatisation.
La recapitalisation des banques coûteraient dans les deux 2 milliards de dinars tunisiens de fonds publics. Or et dans les temps qui courent, le budget de l'Etat ne pourra pas fournir une telle somme. Qu'elle serait ma solution à emprunter surtout que l'assainissement du secteur est inévitable ? La Fusion serait-elle la planche de salut ? La création d'un grand pôle bancaire en fusionnant ces trois banques n'est pas faisable et elle ne peut pas être envisageable. On ne pourra pas fusionner des entités malades. Ça risque de créer des doublons et des problèmes au niveau du réseau bancaire et autres.
Reste la troisième alternative qui n'est autre que la privatisation partielle ou totale des trois banques. Il faut rappeler à ce titre que le niveau de l'épargne nationale s'est effondré en 2012 pour passer de 22% du PIB à 16% du PIB. Donc, le capital tunisien prêt à être investi a subi une baisse en 2012, ce qui nous amènera à dire que la privatisation partielle ou totale de ces banques sera ouverte au capital étranger. D'où l'inquiétude de l'opinion publique qui craint que le gouvernement soit obligé de vendre les joyaux de la couronne et appréhende le fait que ces opérations pourraient s'étendre à d'autres secteurs.
Un débat entre spécialistes devra être instauré autour de ce problème afin de trouver la meilleure solution possible. »


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