Le conservatoire du malouf tunisien et de la tradition andalouse accueille aujourd'hui à 18h deux chorales spécialisées dans le gospel, le chant africain et les musiques du monde. Hymnes de la spiritualité, chants liturgiques et œuvres classiques ou populaires sont au répertoire des chœurs, hôtes de la prestigieuse Rachidia... "Lorsque les voix s'unissent, les cœurs sont bien près de se comprendre": telle est la belle devise sous le signe de laquelle sont placés les deux concerts des chorales "Les costards d'Aumelas" et "Toyemba", cette semaine à Tunis. Liées par un programme d'échanges, ces deux formations ont entamé leur collaboration en 2014 et poursuivent ce partenariat avec ces deux récitals tunisois qui les ont menées à une prestation mémorable en l'église de la Goulette puis, ce soir, à une nouvelle performance qui aura pour cadre l'auguste Rachidia et son palais de la médina de Tunis. Chanter dans toutes les langues et traditions Née à Tunis en 2004, à l'initiative de la Banque africaine de développement (BAD), la chorale Toyemba a tout d'une Tunisienne. En effet, elle est formée par plusieurs membres tunisiens ou expatriés et se caractérise par un parcours brillant. Créée par Véronique Mahan qui en fut pendant dix ans le chef de chœur, "Toyemba" poursuit son chemin sous la férule de Serge Bourreau, nouvel animateur de cette formation. La chorale prend son nom du terme "Toyemba" qui signifie "Chantons" en lingala, une des langues congolaises. La troupe a désormais son histoire et ses projets, son répertoire particulier aussi. Le choix musical de "Toyemba" se situe à la confluence de plusieurs styles. Les chanteurs mêlent allégrement les langues et les époques, reflétant ainsi les nombreuses nationalités des membres de la chorale et leurs coups de cœur musicaux. Sous la direction de Serge Bourreau, "Toyemba" poursuit sa quête artistique dans un remarquable esprit de convivialité. Lors des répétitions qui ont lieu au conservatoire Walid Dhahri à la Marsa, les artistes, tous amateurs, au sens le plus noble du terme, se donnent pleinement aux muses et rivalisent d'audace et de vocalises. Comptant parmi les trop peu nombreuses chorales tunisiennes à vocation internationale "Toyemba" évolue dans un contexte dans lequel figurent les "Tunis Singers" ou encore la Chorale internationale de Tunis, deux autres formations qui ont leur quartier général dans les banlieues nord de la capitale et qui, dans un autre registre côtoient la Rachidia et ses chœurs traditionnels ou "Al Azifet" de Amina Srarfi et leur recherches polyphoniques. Il faut le souligner, cette tradition des chorales remonte en Tunisie à la fin du dix-neuvième siècle, lorsque naquirent les chœurs du "Caveau" et du "Carillon". Avec d'autres voix, l'histoire se poursuit dans le bonheur du chant et le partage des vibrations. Venons-en maintenant à la chorale des "Costards", terme qui se réfère aux costumes que portent les choristes. Ce chœur français a pour nom "Les Costards de l'Aumelas" et trouve son ancrage dans le Hérault, non loin de Montpellier, dans le sud de la France. La formation comprend douze hommes, douze voix masculines, menées à la baguette par Fabiola Dalle, la chef de chœur et unique femme de cette compagnie d'amateurs éclairés, versés dans les chants du monde. Belge, Fabiola Dalle dirige cette chorale aux résonances masculines, avec un répertoire des plus éclectiques et qui comprend aussi bien de lancinantes berceuses corses que des gospels frémissants. "Les Costards" ont aussi une nette prédilection pour le chant sacré sous toutes ses formes et n'hésitent pas à entamer des hymnes du "Cantique des Cantiques" ou des chants de diverses liturgies. Entre ces deux chorales, un programme a mené les uns et les autres à se produire en France et en Tunisie, avec le choix de présenter des concerts en trois parties distinctes, les deux premières mettant à l'honneur chacune des formations et la troisième mêlant les voix dans un creuset de nuances. La Rachidia accueille les musiques du monde Cette prestation en trois temps a d'ailleurs été l'option retenue pour les deux concerts tunisois. Le premier de ces rendez-vous a eu lieu jeudi 23 avril à 18h30 en l'église Saint-Augustin et Saint-Fidèle de la Goulette, bondée pour la circonstance. Il est à noter que l'entrée pour ce concert était gratuite et qu'une participation libre au profit du foyer pour personnes âgées de Radés était suggérée au public nombreux qui ne s'est pas fait prier pour ovationner les choristes et, probablement, reprendre in petto bien des airs légers comme un vol d'oiseau. Après cette première prestation, les deux chorales auront un nouveau rendez-vous avec le public, cette fois, au sein de la prestigieuse Rachidia dont Hédi Mouhli ouvre les portes aux choristes de "Toyemba" et des "Costards" Aujourd'hui à 18h, les choristes seront donc à la rue de la Driba, au siège de la Rachidia. Ils donneront le même programme que l'avant-veille et offriront à un public différent d'apprécier leur maitrise vocale. Le concert de l'Amitié débutera avec les "Costards" qui interpréteront un cocktail de onze compositions. Chants tziganes, chants traditionnels bulgares et chants d'inspiration orthodoxe russe cohabiteront avec des œuvres provençales, catalanes, piémontaises ou corses. En deuxième partie, la chorale "Toyemba" sera à l'honneur et interprétera des œuvres de diverses origines avec un penchant pour le gospel et les chants traditionnels africains en langues vernaculaires. Le public pourra apprécier des mélopées d'Afrique australe ainsi que des hymnes malgaches ou congolais. Des chansons russes et croates compléteront ce programme qui offre également une pièce classique, un Ave Maria de Mozart. Le chant spirituel sera particulièrement mis en valeur par les choristes de "Toyemba" qui vont à plusieurs sources et dédient plusieurs œuvres à la Vierge. Plus brève, la troisième partie permettra aux deux chorales de mêler leurs voix pour un chant de Moravie et le fameux "Fog el Nakhel, immortalisé par la divine interprétation de la diva Fairouz. Programme aux contours internationaux qui apportera à la Rachidia de nouvelles couleurs et des chants du vaste monde. Alors, le rideau pourra retomber sur cet épisode du partenariat entre deux chorales et le conservatoire de la musique tunisienne. En attendant de prochaines retrouvailles...