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La société est capable de tout : du meilleur comme du pire...
La santé mentale des Tunisiens
Publié dans Le Temps le 23 - 10 - 2007


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La prise en charge de ces maladies est un challenge pour notre système de santé. Thérapies lourdes, onéreuses, mais il ne faut pas oublier qu'un malade psychotique « est un citoyen »
La maladie psychotique est une maladie mentale répandue en Tunisie. Elle touche 1% de la population.
Elle affecte indifféremment les personnes de tout âge, hommes et femmes, de tous les milieux et quel que soit
leurs styles de vie. Cette pathologie se caractérise par des symptômes qui atteignent le dynamisme et le
comportement du patient. Il s'ensuit une mauvaise perception de la situation et un refus de l'entourage.
La société tunisienne n'assume pas comme il se doit ses malades mentaux, souvent marginalisés et blessés dans leur sensibilité.

Les enjeux de la prise en charge de cette maladie sont différents face à un épisode aigu. Le traitement thérapeutique consiste à réduire la sévérité des symptômes psychotiques, de contrôler les troubles du comportement et de prévenir la violence permettant un retour rapide à un meilleur niveau fonctionnel. Mais il arrive comme l'a indiqué Dr Essedik Deddi président de la Société Tunisienne de Psychiatrie qu'au détour de l'une de ces rechutes : « Un malade psychotique déjà connu et supposé pris en charge au long cours dans une instance de soins spécialisés devienne le support de l'irruption brutale et tragique du réel désorganisateur, de la mort, ceci dans l'espace
familial à travers le suicide d'un malade psychotique déjà connu et en état de rechute aigue suite à une rupture de traitement ou à d'autres facteurs. A titre d'illustration, le drame tragique du 16 avril 2007 (30 morts et plus de 30 blessés) à l'Université Tech de Blacksburg, en Virginie aux Etats-Unis avec l'irruption brutale d'un jeune étudiant psychotique qui semblait pourtant déjà connu et supposé suivi et traité pour une psychose grave » Cet incident n'a cessé d'interpeller les psychiatres qui se sont réunis les 19, 20 et 21 octobre au cours des 20ème journées nationales de psychiatrie tenues au centre culturel de Hammamet, un espace de rencontre et de réflexion renouvelée et qui a réuni d'imminents spécialistes tunisiens, algériens, Suisses, espagnols, belges et français avec le concours de la STP et l'OMS M. Mondher Znaidi ministre de la Santé Publique qui a présidé la séance d'ouverture a précisé que : « Le thème de cette rencontre s'inscrit parfaitement dans l'un des axes majeurs de la politique de l'Etat Tunisien à savoir la promotion de la santé mentale en témoignent les multiples décisions présidentielles ainsi que les textes réglementaires et législatifs avant-gardistes promulgués au cours des vingt dernières années au profit du malade mental, à l'instar de la loi 92 accordant aux malades atteints d'une psychose chronique invalidante le bénéfice à vie de la retraite du parent décédé.

La santé mentale, une priorité
La santé mentale figure parmi les priorités du système sanitaire national. Un programme national a été mis en œuvre en 1990 visant à intégrer la santé mentale dans la prise en charge en général et particulièrement au niveau des soins de santé de base. Cette démarche a contribué à la concrétisation de plusieurs objectifs à savoir la prévention des troubles mentaux, le dépistage et le traitement des différentes psychopathologies, la promotion du bien être psychique et le rapprochement de l'accès aux soins pour le citoyen. Certes a souligné M. Znaidi «Le coût de la prise en charge de ces maladies est lourd. Elles réclament la mise en œuvre de thérapeutiques et de programmes de soins intra et extra-hospitaliers adaptés. C'est un challenge sérieux que nous nous employons à gagner en assurant une meilleure accessibilité et une meilleure continuité des soins tout en généralisant progressivement les services de psychiatrie dans les hôpitaux et en favorisant des programmes de formation aux différentes formes de psychothérapies » Ces journées ont essayé de traiter les maladies psychotiques qui posent encore des problèmes mais qui impliquent une bonne prise thérapeutique. Les explications du Dr Paul Lacaze de Montpellier et Dr Raja Labbène de Tunis
Kamel BOUAOUINA


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Paul Lacaze (Psychiatre à Montpellier)
« Psychotiques oui, mais citoyens d'abord »
Le Temps
Tout d'abord, un psychotique est-ce un citoyen comme les autres ?
Le titre que j'ai donné à ma conférence s'intitule :
« le malade psychotique est un citoyen comme les autres » et en tant que citoyen je commence à le revoir, à l'écouter et à le soigner.

Quels sont les signes de cette maladie ?
C'est extrêmement divers. Impossible de les décrire en peu de temps. Ce sont des signes de la folie. Par contre le travail essentiel du psychiatre c'est de distinguer dont ce qu'il donne voire ce qu'il entend du malade. Ce qui est de nature psychotique de la folie ou ce qui est de nature non psychotique c'est-à-dire d'une souffrance psychique qui n'est pas de la psychose. C'est un élément fondamental pour un psychiatre spécialisé d'où l'intérêt du diagnostic différentiel et là il faut faire la différence entre le diagnostic de la maladie psychotique et de la maladie non psychotique (névrose, perversion, obsession) et selon le diagnostic, le traitement est totalement différent. Donc, l'important pour le médecin est de faire ce diagnostic très vite pour éviter les confusions. Par contre, il y a des éléments dans la structure du langage du malade, de son comportement et dans la manière dont il voit le monde qui permettent au psychiatre de dire s'il est psychotique ou s'il n'a pas de maladie psychotique.

Comment se manifeste cette maladie ?
Cette manifestation peut se résumer en des difficultés de communication entre le malade et son entourage. Pour le malade, c'est une vision du monde souvent démesuré donc déplacé. C'est une inadaptation à la vie sociale et cela fait réagir l'environnement. Le malade psychotique a des réactions inattendues dans son milieu social et professionnel. Il fait resurgir ce que personne ne voit et n'entend. C'est la surprise. Ce qu'on appelle le réel et cette surprise dérange souvent.

Comment réagir face à cette pathologie ?
Il faut s'en occuper c'est-à-dire faire appel à un spécialiste pour que le diagnostic soit bien fait. Ce dernier pourra par la suite mettre en œuvre un
traitement oral et médicamenteux bien adapté au patient. Le plus souvent, il faut utiliser les deux traitements. Il s'ensuit l'hospitalisation et le
soutien de la famille. Ce sont des actes très spécialisés qui exigent une formation de personnel très compétent, d'abord les psychiatres ensuite les
infirmiers et tous les travailleurs sociaux. C'est une formation qui ne peut pas être faite à la légère. Elle est plutôt spécialisée. Dans ce type de travail, on ne peut pas déléguer les soins à des personnes qui ne sont pas préparées en matière. On ne peut pas envoyer un technicien mais une équipe bien formée et compétente

Quelles sont les nouvelles thérapeutiques biologiques ?
Ils y en a eu et il y en aura encore. Ces nouvelles thérapeutiques biologiques sont de nos jours incontournables. Le seul problème c'est le risque de l'efficacité de cette thérapeutique biologique ou comportementalistes non biologiques car on essaie de formater le comportement du malade. Le risque de cette technique biologique ou comportementaliste est de faire l'économie, de penser le malade et de le comprendre car ce sont des thérapeutiques efficaces. Après une efficacité et une réussite souvent très grande au début, Cette réussite n'est que éphémère car le malade n'a pas parlé. Le délire peut ressortir un peu plus tard. Le malade revient et passe à l'acte grave et dangereux. C'est ce qui s'est
produit dernièrement en Virginie où à Pau. Si les thérapeutiques permettent d'externaliser les patients, de les autoriser de vivre normalement une vie citoyenne, c'est une bonne opportunité

Cette maladie touche-elle aussi la population scolarisée ?
La maladie de la psychose n'atteint pas davantage la population scolarisée. Mais de nos jours, nous avons de grandes possibilités de recevoir ces malades et de les traiter. La scolarisation ne pourra seul contribuer à ces psychoses. Autrefois, la société gardait le malade chez elle de manière quasi religieuse c'est le phénomène du « Djin » c'est une façon d'aborder la psychose d'une manière non scientifique. Mais aujourd'hui, on ne peut pas parler ce langage car il y a le savoir, la modernité, l'éclatement de la cellule familiale. Il y une nouvelle approche biologique et psychothérapique.

Y a-t-il une bonne guérison de la psychose ?
Il n'y a pas de vraie guérison de la psychose. C'est une pathologie qui touche l'être dans sa grande profondeur dès la naissance et même avant la naissance. C'est transgénérationnel c'est-à-dire des secrets de famille qui sont restés de génération en génération et qui un jour finissent par produire un effet d'incompréhension chez un nouveau né et qui au fond n'a pas sa place dans la société et qui devient insupportable par son entourage et c'est la psychose. Ce n'est pas génétique ni héréditaire mais ça passe de génération en génération et cela touche tous les membres de la famille.
KB

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Raja Labbène ( chef de service de psychiatrie à
l'hôpital Razi ) :
« La psychose peut toucher des enfants brillants »

Le Temps
Quelles sont les manifestations de la maladie psychotique ?
Il y a plusieurs maladies psychotiques qui touchent 1% de la population. Ce sont les maladies mentales qui touchent le rapport à la réalité. Ce sont des patients qui vont être coupés de cette réalité et qui vont vers un monde délirant fabriqué d'hallucinations et d'interprétations pathologiques. Ils n'auront plus la capacité d'entrer en relation avec l'environnement et la réalité extérieure et cela entraîne des troubles du comportement qui pourraient être graves car il y a une altération du jugement et du discernement. Il y a des psychoses qui touchent des jeunes. C'est une maladie mentale la plus difficile à appréhender. Affectant une population jeune, elle est très redoutable et peut compromettre son avenir. Elle peut déstabiliser toute une famille surtout s'il a misé sur un de ses enfants, atteint par cette psychose. C'est une psychose qui peut toucher des enfants brillants et progressivement on assiste à une chute de leurs résultats scolaires et un changement d'attitudes avec des
comportements étranges et bizarres. Ce sont les premiers signes de la maladie.

Comment se fait la prise en charge de ces maladies ? Ce sont des maladies de relationnel, de fonctionnement social, d'adaptation du sujet dans son environnement et il est impératif et nécessaire de prendre en charge de manière rigoureuse ce type de maladie. Ce sont destraitements médicamenteux efficaces contre les symptômes de ces maladies à savoir le délire, les hallucinations, l'agitation permettant ainsi le
retour à un fonctionnement social normal. A ajouter en cela la prise en charge psychothérapique c'est-à-dire de soutien et d'accompagnement au cours de leur traitement chimique mais aussi un suivi de la famille qui pourrait devenir dépressive, qui n'aura plus les moyens de communiquer avec leur patient et qui pourrait se sentir coupable de ne pas avoir assez fait d'où la nécessité de rétablir une communication saine.

Y-a-t-il de nouveaux thérapies pour ces psychoses ?
Ce sont surtout les avancées en matière médicamenteuse. Les neuroleptiques sont efficaces pour le traitement des symptômes de la psychose à savoir les hallucinations, les dissociations psychiques. Ces médicaments donnent des effets secondaires parfois gênants avec des tremblements et des hyper salivation.
De nouveaux antipsychotiques de dernière génération sont apparus. Ils sont très efficaces pour le traitement de ces psychoses


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