Nouveau président de la Rachidia, Hédi Mouhli remet la vieille dame de la musique tunisienne en mouvement avec l'annonce de la deuxième édition d'un festival musical pour le Ramadan et un calendrier de festivités pour les 80 ans de l'institut historique, berceau et conservatoire moderne de la tradition du malouf... La Rachidia est de nos jours, avec l'association des Anciens Sadikiens, l'une des plus anciennes institutions culturelles à poursuivre ses activités. Fondée en 1934, la Rachidia a vu le jour dans un contexte difficile. Il s'agissait pour les pionniers de ce conservatoire de la musique tunisienne de sauver un patrimoine en péril et, en même temps, militer pour l'indépendance et le mouvement national naissant. La longue marche de l'institut rachidien Fondée par Mustapha Sfar, alors maire de Tunis, la Rachidia a été ainsi nommée en homage à Rachid Bey, un souverain tunisien musicophile. Il faut noter que le début des années trente a constitué une période faste pour la musique en Tunisie. En effet, en 1930, le musicologue Rodolphe d'Erlanger faisait ses débuts en Tunisie et facilitait la participation de notre pays au premier congrés de musique arabe au Caire en 1932. Suivront en 1934 la fondation de la Rachidia et la rédaction par Sadok Rezgui du fameux manuscrit «Al Aghani attounisiya». Ce processus sera couronné en 1938 par la fondation de la radio tunisienne. Depuis sa fondation, la Rachidia a rassemblé la quasi-totalité du patrimoine andalou. Cette société musicale qui est parvenue à réunir les meilleurs musiciens de Tunisie a bénéficié de l'immense savoir-faire de Khemais Tarnane, compagnon avec Mustapha Sfar de cette aventure musicale. Né à Bizerte en 1890, Tarnane s'installe à Tunis en 1920 et sera celui qui formera le premier orchestre de la Rachidia. Il parviendra a être l'animateur d'une forme de nationalisme artistique et le porte-drapeau de toute une génération. Avec Saliha et Chafia Rochdi, il trouvera deux voix féminines idéales. Avec Chedli Khaznadar, Mustapha Agha et Jalleledinne Naccache, ce sont aussi des paroliers inoubliables qui verront le jour dans l'univers musical tunisien. Cette longue marche de la Rachidia se poursuit aujourd'hui sous la houlette de Hedi Mouhli, nouveau responsable de l'institut musical tunisien. En fêtant les 80 ans de la Rachidia, avec un léger décalage, la nouvelle équipe marque des points et remet au centre de la vie musicale cet institut historique qui reste aussi une école de formation et de transmission du patrimoine musical. Avec un projet renové et une visibilité accrue, la vieille dame de la musique tunisienne va allégrement vers son centenaire et continue à réunir un public fidèle. Un festival pour le Ramadan Une fois par mois, la Rachidia donne un grand concert mais c'est au quotidien que se vit la musique du côté de la rue de la Driba, véritable conservatoire et lieu cardinal de la musique en Tunisie. Avec des membres complètement investis dans leur mission et l'héritage de 80 ans, la Rachidia peut voir venir et sans doute l'ambitieux programme de la saison en cours marquera la vitalité de cette association musicale. Cap désormais sur le Ramadan avec un festival musical qui, à partir de la Rachidia, rayonnera sur plusieurs espaces culturels de la médina de Tunis. En outre, le programme de la commémoration des 80 ans connaitra plusieurs temps forts qui seront dissémines au sein de la ville historique, berceau de la doyenne des formations musicales tunisiennes.