Réunie jeudi à Hammamet, la commission administrative nationale de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé le gouvernement à surseoir à l'application de sa décision relative aux prélèvements sur salaires des agents de l'Etat des jours de grève, en attendant qu'une commission mixte formée récemment tranche la question. «Le gouvernement a pris la décision de procéder aux prélèvements sur salaires des agents de l'Etat des jours de grève de façon unilatérale et n'a pas attendu les conclusions d'une commission bipartite mise sur pied pour examiner la légalité de cette mesure et empêcher qu'elle ne pénalise les salariés qui participent à des grèves légitimes et encadrées», a souligné le porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri. En d'autres termes, l'UGTT refuse les prélèvements sur salaires des jours de grève pour les agents qui participent à des grèves légales et l'accepte en cas de grève sauvage, c'est-à-dire organisée sans préavis et non avalisée par les instances dirigeantes de la centrale syndicale. Les membres de la commission administrative ont d'ailleurs accusé dans ce cadre certains partis politiques d'être derrière la pléthore de grèves anarchiques observées ces derniers mois dans plusieurs régions. Il s'agit, selon eux, de partis souhaitant ternir l'image de l'UGTT qu'ils accusent d'avoir été à l'origine de leur éviction du pouvoir par la voie du dialogue national. La commission administrative a, d'autre part, déploré une campagne de dénigrement des mouvements sociaux qui vise à faire assumer aux salariés les retombées néfastes des mauvais choix économiques et sociaux faits par les différents gouvernements et à passer sous silence le déséquilibre régional et les inégalités sociales. Mesures insuffisantes L'UGTT a aussi appelé à ce que les négociations sociales se déroulent à l'échelle centrale dans la fonction publique et à un niveau sectoriel en ce qui concerne les entreprises publiques. L'organisation a réitéré, dans ce cadre, son appel au lancement d'un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé. S'agissant de la situation du bassin minier, la commission administrative a estimé que les mesures annoncées récemment par le gouvernement à l'issue d'une consultation avec la société civile demeurent insuffisantes, tout en appelant les habitants de la région à privilégier le dialogue avec les autorités et à barrer la route à des lobbies souhaitant instrumentaliser leurs revendications légitimes à des fins politiques. Sur un autre plan, l'UGTT a estimé que le conseil national du dialogue social doit rester l'unique cadre de résolution des conflits et de discussion des diverses réformes économiques et sociales, tout en réitérant son refus aux mesures prises de façon unilatérale, en allusion notamment à l'intention du gouvernement d'augmenter l'âge du départ à la retraite. La centrale syndicale a, par ailleurs, plaidé pour un dialogue entre principaux partenaires sociaux sur le projet de loi relatif au partenariat public-privé avant sa discussion par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). L'Organisation craint que ce projet de loi, dont l'adoption fait partie des conditions citées par le Fonds monétaire international (FMI) pour le déblocage de nouveaux prêts, ne constitue un cadre légal pour la privatisation des entreprises publiques.