Tout au long du mois de mai de l'année en cours, l'inflation a atteint 5,3%. Une légère baisse par rapport aux mois de février, mars et avril 2015, au cours lesquels l'inflation s'est stabilisée autour de 5,7%. Selon les chiffres communiqués par l'Institut National de la Statistique (INS), ce taux est le plus bas enregistré depuis le début de 2015. Puisque l'année 2015 a débuté avec une inflation de l'ordre de 5,5% en janvier et de 5,7% durant les trois mois suivants (février, mars et avril). Les analystes de l'INS expliquent la régression de l'inflation par la baisse des prix de 0,9% du groupe alimentaire et du groupe habillement outre la stabilisation des prix de l'électricité, de l'eau et des hydrocarbures. Dans le même ordre d'idées, les prix de nombre de produits devraient connaître également une variation durant la période prochaine. Celle coïncide avec le mois de Ramadan, lequel connaît une augmentation de 30% de la consommation des citoyens. Cette variation s'explique généralement par la frénésie de la consommation durant ce mois. Une année auparavant, la surconsommation ramadanesque a engendré en moyenne une augmentation d'environ 8% des prix du groupe des produits alimentaires et des boissons, outre la hausse des prix des groupes immobiliers et l'ameublement dont les augmentations furent respectivement de 6,1% et 5,1%. Durant ce même mois, les prix produits libres ont connu une augmentation de 7%. L'augmentation est également observée au niveau des produits subventionnés qui ont connu une hausse de 3,8% par glissement annuel. Serait-ce le cas pour cette année ? L'IPC reflète-il l'inflation ? Un état de lieu mainte fois rapporté sur les colonnes du Journal le Temps. La révision du mode de calcul de l'IPC s'avère utile et important. D'autant plus que l'inflation telle qu'elle est calculée par les services de l'INS ne reflète pas réellement l'inflation déjà perçue par les citoyens. Cette différence incitait les spécialistes et les économistes à mettre en doute la crédibilité des chiffres auxquels le gouvernement fait toujours allusion. Le Centre tunisien de veille et d'intelligence économique (CTVIE), relevant de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACS) semble adopter la même démarche. Dans une étude qui date depuis 2012, intitulée «l'inflation réelle, l'inflation perçue : où est le biais ? », les analystes du CTVIE affirment que « le problème en matière d'inflation n'est pas un problème de régulation et de ciblage mais plutôt un problème de mesure. L'indice des prix à la consommation (IPC) semble ne pas refléter la réalité de l'inflation ». C'est ainsi que cette étude évoque le concept de plusieurs indices d'inflation vu la forte disparité régionale et les inégalités sociales. Ces indices incluent: un indice de prix pour les ménages pauvres, un indice de prix par région et même un indice du panier de la ménagère. Les auteurs de l'étude recommandent également, la prise en considération des habitudes des consommateurs. « Les mutations que subissent les habitudes de consommation ainsi que l'apparition de nouveaux produits et services ne sont pas pris en considération avec la méthode actuelle de calcul de l'IPC. Cette méthode ne permet pas de comprendre en particulier si ce sont les prix qui influencent les choix de consommation, ou si ce sont les choix de consommation qui influencent les prix », indique l'étude. Et pour résumer, les spécialistes de l'IACE, proposent la création d'un indice de coût de la vie puisque les Tunisiens ressentent de plus en plus le décalage entre l'évolution des prix annoncés et la réalité. Pour conclure, les solutions ne manquent pas pour mesurer la véritable inflation. Il suffit juste qu'elles soient envisagées.