Tandis qu'ils couvraient la grève des instituteurs durant la journée du mardi 9 juin 2015 devant le ministère de l'Education nationale, quelques journalistes ont été violement agressés, physiquement et verbalement, par les protestataires. Une violence inexpliquée que les instituteurs, ceux-là mêmes censés encadrer et éduquer nos enfants, ont fait subir aux journalistes et caméramans venus, pourtant, transmettre à l'opinion publique leurs revendications. En réaction à cet incident, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a diffusé un communiqué dans lequel il condamne ces agressions tout en assurant que l'avocate du syndicat a déjà lancé les procédures juridiques à l'encontre des agresseurs. Et d'ajouter que le SNJT dispose de preuves accablantes filmées de ces dépassements qui seront employées pour éclaircir la justice. La semaine dernière, lors de la manifestation des meneurs de la campagne ‘où est le pétrole', les journalistes ont, de nouveau, servi de bouc émissaire puisque les forces de l'ordre ont dû utiliser la force à l'encontre des manifestants, y compris les journalistes. Des agressions physiques importantes ont été commises à l'encontre de nos confrères. Le seul tort de ces journalistes était le fait qu'ils aient filmé les agressions des forces de l'ordre contre les manifestants. L'une des journalistes agressés s'est vue confisquer son appareil photo qui lui a été rendu après que les forces de l'ordre aient effacé les images qu'elle a prises durant les confrontations. Là aussi, le SNJT a émis un communiqué sévère dénonçant ces pratiques que l'on croyait révolu. Par ailleurs, on ne peut parler des agressions faites à l'encontre des journalistes sans évoquer l'incident qu'ont vécu nos confrères lors des événements de la zone d'El Fouar. Les protestataires ont violemment attaqué les journalistes. Deux de ces derniers ont été évacués à l'hôpital régional de Kébili. A l'heure où le ministère de l'Intérieur s'efforce à rétablir le lien entre la police et les journalistes – en menant, entre autres, une formation au profit des journalistes travaillant sur terrain – ce genre d'incident vient saboter gravement ces efforts en ramenant l'ambiance haineuse et méfiante qui a si longtemps marqué les rapports conflictuels entre les deux corps. Un journaliste qui travaille sur terrain est responsable d'une matière qu'il transmet par la suite à l'opinion publique pour que cette dernière soit informée de tout ce qui se passe en Tunisie. Des agressions de ce genre viennent perturber le travail du journaliste et le couper dans sa mission. Du côté des protestataires, cela relève peut-être d'une inconscience de l'importance de ce métier délicat. Du côté des forces de l'ordre, il s'agit d'une mauvaise habitude qui tient bon malgré les efforts des deux parties. Attirer l'intention des responsables sur ce genre d'évènement et sa gravité afin que ces derniers agissent pour y mettre un terme est primordial.