Il est vrai que depuis quelques temps, sous nos douces latitudes, post- révolutionnaires, les émotions fortes sont devenues, partie prenante du paysage. Comme le tribut à payer, parfois ô combien lourd !, d'une démocratie naissante, qui peine à trouver ses assises, dans un contexte, politico-socio- économique tourmenté, et qui a toujours, malgré tous les efforts consentis, mal aux entournures. Il est vrai. Est-ce à dire que nous frôlons l'addiction, jusqu'à en redemander, ne pouvant plus vivre sans ces soudaines poussées d'adrénaline, le cœur battant la chamade à se demander de quoi demain sera fait ? Toujours est-il que via nos chaînes nationales, -les chaînes de télévision privées ne lésinant pas non plus sur la question-, on ne peut pas prétendre ne pas être servis. Et copieusement encore ! Alors, vous avez le choix, entre le proxénétisme aggravé, la pédophilie, la drogue, le vol des organes, et tous leurs corollaires de meurtres avec préméditation, et nous en passons. « Tropiques du valium » à côté c'est Alice au pays des merveilles revisité. Le plus surprenant, c'est que nous y adhérons en masse, comme si ces fictions avaient sur nous, un étrange pouvoir hypnotique. Du coup, autant elles nous révulsent, autant elles nous attirent, comme la fascination que peut éprouver un papillon devant une source lumineuse où il se brûlera les ailes le plus sûrement, mais qu'il ne pourra se défendre d'approcher. Est-ce à dire que notre télévision fait office, aujourd'hui de miroir, réfléchissant nos laideurs les plus cachées, pour mieux nous choquer, en nous imprimant cette secousse, qui peut être brutale, mais salutaire à la fois, puisqu'elle nous oblige à dessiller les yeux et d'ôter nos œillères, pour voir le monde, tel qu'il est, et non pas tel que nous voudrions qu'il soit ? Et partant, nous placer devant nos propres responsabilités afin que l'on agisse justement, pour changer les choses ? Toujours est-il que la déprime, mode d'emploi, passe aussi aujourd'hui par le biais de nos fictions télévisuelles, qui se chargeront d'enfoncer le clou. Un mal pour un bien ? De fait, nous avons besoin d'apesanteur pour respirer ; et les images parfois peuvent être d'une violence terrible ! Il faut pouvoir encaisser, et c'est loin d'être évident... Se détacher, cultiver la distance nécessaire pour ne pas se coltiner un surplus de déprime, voilà qui n'est pas donné à tout le monde. La télévision, opium du peuple ? Mettons qu'on aura superbement, réinventé le manque. Du coup, on en redemande...