Au lendemain de l'avènement du gouvernement d'Habib Essid, le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, a assuré qu'un projet de loi relatif à la consommation de drogue allait être présenté à l'Assemblée des représentants du peuple et au vote des députés. Depuis, le sujet n'a plus été abordé. Si nous en parlons aujourd'hui, c'est suite à l'appel de trois mères en détresse dont les trois fils, âgés respectivement de 18, 25 et 26 ans, viennent d'être arrêtés pour avoir consommé du cannabis. Le plus jeune de ces trois garçons, Chiheb, informé de sa réussite au baccalauréat alors qu'il est derrière les barreaux de sa triste prison. Pour sa part, Amine, le plus aîné des trois, devait avoir un entretien d'embauche très important avec une compagnie aérienne. Il a été arrêté la veille de cet entretien. Pour finir, Elyess attendait les résultats de ses examens à la faculté et comptait travailler en été pour assurer les frais de sa prochaine année universitaire... Ces jeunes ne sont malheureusement pas des cas isolés. Plusieurs personnes, jeunes et moins jeunes, tombent quotidiennement dans le piège de cette loi devenue répressive et à la limite, inutile. En effet, à l'heure où nos prisons se trouvent saturées par le nombre croissant et impressionnant des détenus, et à l'heure où la montée du terrorisme et de la violence fait fureur un peu partout, les arrestations pour consommation de cannabis continuent de plus belle. A son ascension au palais de Carthage, le président de la République, Béji Caïd Essesbi, a choisi de libérer un nombre important de détenus jugés pour des affaires de cannabis lors des quelques grâces présidentielles qu'il a accordées. Mais aujourd'hui, cela devient insuffisant. Plusieurs députés nous ont assuré avoir des propositions intéressantes pour trouver une alternative à la loi 52. Parmi ces propositions, la mise en place de centres de désintoxication et des travaux d'intérêt général au lieu de la peine de prison notamment pour ceux qui consomment pour la première fois. A part le côté législatif, le deuxième blocage que connait cette loi est social : plusieurs sondages ont traité de la question et une certaine majorité estime que cette loi doit être maintenue ‘pour prémunir les jeunes contre la consommation de la drogue'... N'oublions pas que les jeunes sont toujours tentés par l'expérience de l'interdit et que certains consommateurs se trouvent être des addicts et ont donc besoin d'une vraie thérapie et non pas d'un séjour en prison qui risquerait d'aggraver leur situation sociale et leur état psychologique. A bon entendeur.