C'est tôt dans la matinée d'hier que les candidats au baccalauréat ont reçu les résultats de la session principale via le service SMS mis à leur disposition. Des youyous et des coups de klaxon festifs ont retenti un peu partout dans les villes tunisiennes. Beaucoup de larmes ont été versées aussi, parfois de joie, quelquefois d'amertume. Seuls 27,22% ont décroché leur diplôme et 41,24% ont été refusés. L'année dernière, le taux de réussite à la session principale était de 36,53%. Pour ceux qui auront droit à une deuxième chance, la session de contrôle débutera le mardi 23 juin et les résultats seront proclamés le 4 juillet prochain. Aussitôt les premiers SMS envoyés, Omar Oulelbani, Directeur Général des examens au sein du ministère de l'Education a dévoilé les taux de réussite dans chaque filière. La section Mathématiques l'emporte haut la main avec un taux de 56,36%, suivie par les Sciences Expérimentales avec un taux de 39,99% et les Sciences Techniques avec un taux de 37,87%. Celui de la filière Sciences Informatiques est de 36,06% et celui de l'Economie Gestion de 26,46%. Comme à l'accoutumée, les candidats de la filière littéraire sont ceux qui ont le moins réussi avec un taux de 16,66%. La meilleure moyenne, toutes sections confondues, a été décrochée par Nessrine Zarrougui, élève du lycée pilote de Sousse, section Sciences Techniques. Elle est de 19,54 sur vingt. La deuxième meilleure moyenne nationale est revenue à la filière Mathématiques. Elle est de 19,50 et a été obtenue par Haïfa El Haddad. Du côté des Sciences Expérimentales, c'est Mariem Kammoun qui a eu le meilleur résultat avec 19,38 de moyenne et du côté des Sciences Informatiques, c'est Ines Ben Youssef qui a réussi avec 17,88 de moyenne. Quatre filles, quatre fiertés ! Les garçons se sont, quant à eux, distingués en Economie Gestion avec 17,47 de moyenne pour Iyed Hammadi, en Sport avec 17,43 de moyenne pour Ahmed Kaouel et en Lettres où Jasser Ghoulam a réussi à obtenir 16,79 sur vingt. Une année scolaire tendue D'excellentes moyennes au baccalauréat qui tranchent pourtant avec le nombre d'élèves qui ont réussi, toutes filières confondues. « Une session principale décevante, des résultats peu fameux et des taux de réussite catastrophiques, conséquence directe de l'année scolaire écoulée, ponctuées de grèves et de boycott d'examens. » Voilà ce que pense Ali Mahjoub, parent d'un candidat au Baccalauréat, filière Economie Gestion, qui a réussi avec un petit dix de moyenne. C'est que le père espérait mieux pour son fils et espérait, en secret, une mention « Bien ». Wafa est, elle, maman d'un jeune bachelier inscrit au lycée pilote de l'Ariana. Malgré de brillantes notes tout au long de l'année, elle raconte avoir ressenti beaucoup de peur à l'approche de l'annonce des résultats. Elle avoue avoir largement tablé sur les cours particuliers pour éviter que son fils ne soit déstabilisé par les interruptions de cours à répétition et que le rythme soutenu qu'il avait adopté dès le début de l'année scolaire ne soit perturbé. Ce n'est qu'après avoir appris que son fils avait réussi avec 17 de moyenne qu'elle a enfin pu pousser un ouf de soulagement. Salma, a elle aussi réussi à décrocher son bac mais a pourtant fondu en larmes en découvrant sa moyenne. Elle espérait faire de longues et brillantes études de médecine mais son rêve est parti en fumée lorsqu'elle a reçu le fameux SMS. Avec quatorze de moyenne à la session principale, il est quasiment impossible qu'elle accède à une faculté de médecine, à moins qu'elle ne fasse ses études à l'étranger. Nadia a elle reçu un SMS lui annonçant qu'elle était admise au baccalauréat. Seul souci, Nadia a décroché son diplôme l'année dernière et poursuit cette année des études à l'Institut de Hautes Etudes Touristiques à Sidi Dhrif. En recevant le fameux message sur son téléphone et le premier moment d'étonnement passé, elle en a bien ri avec ses parents et ses amis. « Chic alors, je vais encore recevoir des cadeaux à l'occasion de ma réussite au bac ! », s'en est-elle amusée. Volonté et persévérance Tous ceux qui ont décroché leur baccalauréat cette année en garderont un souvenir ému, à l'instar de tous ceux qui les ont précédés depuis des années et des années. Mais il arrive que le bonheur de réussir soit mêlé à d'autres sentiments plus complexes et revête une forte symbolique. Bien plus qu'une réussite à un examen national, cette expérience est pour certains, une revanche sur la vie et une véritable leçon de courage et de persévérance. C'est le cas de Chamseddine Dallegi. Ancien prisonnier politique, il a été arrêté en 1991, l'année de son bac et a écopé de 18 ans d'emprisonnement, ce qui l'a obligé à interrompre ses études. Il n'avait alors que dix huit ans. L'année dernière, il a présenté une demande de réorientation de la filière scientifique à celle littéraire mais elle a été refusée. Cette année, il s'y est pris bien en avance et et sa demande a été acceptée. Vingt trois ans après avoir interrompu ses études, Chamseddine s'est inscrit au lycée privé « El Ghazéli » à Menzel Bourguiba et a enfin pu passer son bac. Il avoue avoir travaillé dur tout au long de l'année. Hier, il a appris sa réussite avec 11,15 de moyenne. Une belle réussite pour ce quadragénaire qui invite aujourd'hui tous les jeunes à se fixer des objectifs, à croire dur comme fer en leurs rêves et à s'y accrocher de toutes leurs forces malgré les obstacles pour pouvoir les réaliser. « A coeur vaillant, rien d'impossible. », telle pourrait aussi être la devise d'Anis, condamné à perpétuité et purgeant sa peine à la prison civile de Kébili. Après quatre tentatives infructueuses, le jeune homme a enfin décroché son diplôme de baccalauréat, section Sciences Expérimentales avec une moyenne de 11,14. Malheureusement et comme dans tout concours, il n'y a pas que des succès et il arrive que dans un moment de désespoir, ceux qui échouent commettent de regrettables actes. Ainsi, à Kairouan et plus précisément dans le ville d'El Alâa, une jeune fille refusée au baccalauréat, section Lettres, s'est jetée du haut du toit de sa maison. C'est la deuxième fois qu'elle échoue à cet examen. Transportée d'urgence à l'hôpital de la région, son état est actuellement stable.