Après avoir consulté le ministre de la Justice, la présidente du Tribunal de première instance de Tunis a pris la décision de faire passer la première séance du procès de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd dans le hall du Tribunal, situé au premier étage du bâtiment. Cette décision a été prise afin de permettre à tous les avocats et journalistes d'effectuer leur travail dans des conditions normales. Cependant, et vu le nombre exceptionnel des présents à la séance, la salle a été rapidement surchargée. Une surcharge et une mauvaise organisation qui ont provoqué un retard de plus de deux heures de la séance dont l'ouverture était prévue pour 9 heures. Maître Ali Kalthoum, membre du comité de défense du martyr Belaïd, a demandé à la Cour d'étudier la possibilité de faire tenir les prochaines séances du procès dans des salles plus spacieuses, comme celles du palais des congrès, afin que le comité de défense puisse mener à bien sa mission. Alors que les militants du Front Populaire et les composantes de la société civile ont envahi la rue du Tribunal en scandant des slogans comme « Chokri sera toujours vivant en nous », la séance a débuté, au hall du Tribunal, vers les coups de midi trente sous une protection policière impressionnante. Dans la salle, plusieurs figures politiques, dont Hamma Hammami, Bochra Bel Hadj Hmida, Samir Taïeb, Boujemaâ Rmili, Zouhaier Maghzaoui et Mbarka Brahmi, étaient venues afficher leur soutien pour la cause. Basma Khalfaoui, veuve du martyr Belaïd, a assuré que le comité de défense a accepté plus de 400 demandes d'avocats. De son côté, L'Union générale tunisienne du travail a publié un communiqué dans lequel elle a expliqué que ce procès est un rempart contre la vague de terrorisme que vit actuellement la Tunisie. La centrale syndicale a estimé que ce procès permettra de dévoiler toute la vérité sur les dessous du dossier du terrorisme dans le pays. Par ailleurs, et dans une déclaration accordée au Temps quelques minutes avant l'ouverture de la séance, Salah Belaïd, le père du martyr, a assuré avoir une confiance totale en la justice tunisienne. Et d'ajouter que Chokri Belaïd est un grand leader ayant sacrifié sa vie pour sa patrie. Dés le début de la séance, les avocats des accusés de l'assassinat de Belaïd ont réclamé que la séance ne soit ni filmée ni retransmise par les médias et qu'elle se déroule dans une salle ordinaire. Pour eux, l'enregistrement du procès est contraire à la loi relative à la protection des données personnelles et peut affecter les sentiments des accusés. De son côté, le comité de défense du martyr a insisté sur l'importance de la présence des médias expliquant que le procès n'implique pas uniquement la famille du défunt mais tous les citoyens tunisiens. Par ailleurs, les avocats des accusés ont réclamé à la Cour de refuser à ce que l'UGTT et le Parti des patriotes démocrates unifiés (Watad) se constituent parties civiles dans l'affaire. Après l'ouverture de la séance, les avocats des accusés ont annoncé que sur 27 suspects, seulement quatre ont accepté de comparaître devant le Tribunal. Il s'agit de Mohamed Amine Guesmi, Kaïs Machela, Malek Ayari et Seif Eddine Arfaoui. Pour les 23 autres accusés, les avocats ont expliqué leur refus d'assister à la séance est dû par un mauvais traitement qui leur aurait été infligée par des gardiens de prisons et par la présence des médias. De son côté, le ministère public a appelé la Cour à rejeter toutes les demandes de libération formulées par les avocats des accusés. La première séance de ce procès a été levée vers les coups de 15 heures. La prochaine séance sera fixée dans les prochains jours en attendant que le Tribunal se décide pour les demandes des deux parties du procès. Report au 30 octobre prochain Le procès relatif à l'assassinat de Chokri Belaid a été reporté au 30 octobre 2015 à la demande de la partie civile, du comité de défense et d'un des accusés. Sofien Selliti porte-parole du Tribunal de première instance a expliqué hier à la TAP, que le Tribunal a reporté le procès pour vérifier la situation d'un accusé en état de liberté. Le Tribunal a rejeté toutes les demandes de libération précisant que le procès concerne 24 accusés dont 23 arrêtés et seulement 1 en état de liberté, a-t-il précisé.