L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a annoncé, hier, avoir été surprise par l'adoption en conseil des ministres d'un projet relatif au relèvement volontaire de l'âge de départ à la retraite pour les fonctionnaires et les salariés des établissements publics. «Nous avons été surpris par l'adoption de ce projet de loi vu que la question de l'augmentation de l'âge du départ à la retraite fait toujours l'objet d'un débat au sein de la commission de la protection sociale issu du pacte national signé en janvier 2013, et qui regroupe des représentants du gouvernement, de la centrale syndicale et de l'Union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA)», déclare le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la couverture sociale, Abdelkarim Jerad. «Cela est d'autant plus surprenant que les trois partenaires sociaux se sont mis d'accord sur le fait que cette commission mixte est l'unique partie habilitée à prendre des mesures concertées et consensuelles en ce qui concerne la réforme des régimes de sécurité sociale», a-t-il ajouté, indiquant que l'UGTT pourrait boycotter les travaux de la commission de la de la protection sociale au cas où le gouvernement s'obstine à soumettre le projet de loi controversé à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Le responsable syndical précise dans ce cadre que l'UGTT défend une réforme globale des régimes de sécurité sociale qui souffrent d'un déficit chronique depuis plusieurs années. «Lors de la dernière réunion de la commission de la protection sociale tenue le 16 juin dernier, nous nous sommes d'ailleurs mis d'accord sur l'examen de quatre axes visant à sauver la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS), dont la situation financière est de l'avis de tous la plus alarmante: le recouvrement des créances de la caisse auprès de certains ministères et des entreprises publiques, l'augmentation des cotisations des employeurs au titre des régimes de sécurité sociale, l'augmentation volontaire de l'âge du départ à la retraite et la diversification des modes de financement des régimes de sécurité sociale», révèle-t-il. Réuni mardi sous l'égide du président de la République Béji Caïd Essebsi, le conseil des ministres a adopté un projet de loi amendant et complétant la loi n°12 de 1985 en date du 5 mars 1985 sur le régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public. Ce projet de loi prévoit l'augmentation volontaire de l'âge de la retraite de 5 ans, et spécifie les catégories professionnelles concernées par cette mesure, à savoir les agents exerçant dans la fonction publique et les établissements publics soumis aux dispositions de la loi n°12/1985 et que 5 ans séparent de l'âge légal de départ à la retraite au moment de la promulgation de cette loi. Le gouvernement a précisé suite à l'adoption du projet de loi en conseil des ministres que la mesure relative à l'augmentation de l'âge de départ à la retraite contribuera à ramener le déficit des caisses sociales à 774 millions de dinars au cours des trois prochaines années (2016, 2017 et 2018), contre 2 084 millions de dinars au cas où l'âge de départ à la retraite reste fixé à 60 ans. Le gouvernement a aussi indiqué qu'il s'agit là d'une mesure urgente, en attendant une réforme globale des régimes de sécurité sociale conformément aux dispositions du pacte social.