L'Ugtt refuse l'option de repousser l'âge de départ à la retraite La mesure préconisant de repousser l'âge de la retraite à 65 ans pourrait, selon certaines estimations, ramener le déficit des régimes de retraite à moins de 800 millions de dinars. Mais encore faudrait-il parvenir à mettre en œuvre cette nouvelle disposition. Les oppositions sont nombreuses et fermes. Pourtant, on sait qu'un projet d'amendement de la loi n-12 en date du 5 mars 1985 avait été adopté par un conseil des ministres le 14 juillet 2015. Le projet en question ouvrirait la voie au départ à la retraite à 63 ans et 65 ans dans une étape finale. La décision est, certes, volontaire. Elle doit être signifiée deux ans avant le départ à la retraite proprement dit. Une fois ce choix formulé, il devient irréversible. L'application de la nouvelle approche peine à voir le jour en raison des réticences qui fusent de toutes parts. Aux yeux de certains, une telle mesure serait prématurée même si d'aucuns arguent le fait que l'espérance de vie a évolué en Tunisie pour atteindre 72 ans. De plus, d'autres détracteurs soutiennent que cette option va à l'encontre de la politique de l'emploi. En effet, il y aurait moins de postes à pourvoir en cas de maintien en activité d'un grand nombre de seniors. Ni plus ni moins que d'un reniement des engagements pris avec l'ancien ministre des Affaires sociales. Dialogue en panne C'est, surtout, l'Ugtt qui manifeste son désaccord total avec cette orientation. Pour elle, il s'agirait d'un précédent grave puisqu'il touche à la crédibilité de l'Etat. Seulement, quand on observe bien le cours des événements, force est de constater qu'il y a une crise de confiance entre cette structure syndicale et le ministère en question. Les indices sont clairs, notamment au niveau du problème de l'augmentation des salaires dans le secteur privé. Sur ce point, l'Ugtt accuse, carrément, le ministère des Affaires sociales d'être derrière la non-application de cette mesure. Le fait de repousser l'âge de départ à la retraite vient ajouter de l'eau au moulin des syndicalistes. En tout état de cause, le débat autour de cette option stratégique est à son plus haut. Le gouvernement assure, de son côté, que cette mesure serait salutaire à plus d'un titre. Parmi les arguments avancés, il y a celui de la dégradation chronique du déficit des caisses sociales. La situation actuelle est alarmante. On prévoit, justement, que le déficit en question va en s'aggravant et qu'il se situerait autour de 2.084 millions de dinars au cours des années 2016, 2017 et 2018. En outre, le gouvernement précise que la mise en œuvre serait progressive et volontaire. Ici, l'Ugtt soutient que c'est un moyen détourné pour, en réalité, appliquer une augmentation obligatoire. Il est, néanmoins, utile pour chacun d'étaler au clair ses arguments et de proposer des réponses pratiques à la question des déficits des caisses sociales. Tous ceux qui ne sont pas d'accord doivent fournir des solutions de rechange capables de sortir le système des régimes de retraite de l'impasse où il se trouve. Dans le cas contraire, il faut laisser l'Etat faire, sereinement, son travail. L'expérience des seniors N'oublions pas que la situation est urgente et qu'on ne peut pas perdre encore du temps dans des discussions stériles. Pourquoi, alors, ne pas demander l'avis des concernés ? Ne serait-ce pas plus sage ? Il va sans dire que la création de nouveaux postes d'emploi pour les jeunes est une priorité absolue, mais il y a, également, un autre enjeu à prendre en considération : l'expérience des seniors. La législation a pris en compte cet atout et a créé des dérogations pour certaines catégories de fonctionnaires en particulier. Aucun Etat moderne ne peut se passer de l'expérience de ses agents. Le départ de plusieurs de nos cadres depuis 2011 a vidé notre administration de ses plus grandes ressources. Et si elle tient encore, c'est grâce, entre autres, à l'abnégation des anciens et au dévouement d'une bonne partie des nouvelles recrues. Aussi serait-il logique de s'en tenir à un langage sincère et adopter une attitude sage pour parler d'un tel sujet. Le populisme est à éviter à tout prix dans cette affaire.