L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a entamé, hier, l'examen, en plénière, de la loi des finances complémentaire (LFC) pour l'année 2015, et ce, en présence du président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, du Chef du gouvernement, Habib Essid et des membres du gouvernement. Devant un hémicycle où seuls 140 députés sur 219 ont répondu présents, une marque d'irresponsabilité surprenante, dans une conjoncture exceptionnellement critique. Lorsqu'on représente le peuple, dans une période aussi noire pour l'économie tunisienne et les finances publiques, une telle négligence de la part de la « crème » des cadres de la Nation est intolérable. Lorsqu'on appelle à la mobilisation générale dans la guerre menée contre le risque de « daéchisaion » de certaines régions du pays, les députés doivent donner l'exemple. Les présents qui avaient pris la parole, ont émis certaines critiques parfois frontales rejetant dans sa totalité le projet...C'est sans effet sur le résultat du vote, mais donne l'impression qu'il y a d'autres sons de cloche. A peine 8 mois après la fin des élections de 2014, la flamme des représentants du peuple s'est presque éteint. Détails. Dans sa brève allocution d'ouverture, Habib Essid a clairement parlé du caractère exceptionnel de la conjoncture dans le pays, chose qui a nécessité l'élaboration de loi de finances complémentaire. Le contexte général est caractérisé par la non réalisation des objectifs fixés par la loi des finances de 2015. Essid a indiqué que « ce contexte exceptionnel a imposé l'actualisation des hypothèses et la prise de mesures urgentes, et ce, afin de préserver la stabilité des finances publiques et la dynamique de la production ». Des mesures exceptionnelles qui n'attendent pas, ont été proposées aux députés sans oublier les approches et des réformes profondes et globales. Le projet de la LFC, a-t-il affirmé, a été élaboré afin de maintenir les équilibres financiers, de réduire le budget général de l'Etat de 29 à 27 millions de dinars (MD) pour l'année 2015, d'abaisser le déficit budgétaire à 4,8% et l'endettement d'un montant de 1906 MD. Essid a, par ailleurs, fait savoir que ce projet de loi qu'il a qualifié d'»exceptionnel» vient répondre aux exigences de ce contexte particulier qui a incité à la prise de ces mesures urgentes et limitées dans le temps, dans l'attente de l'élaboration du budget de l'Etat et de la loi de finances pour l'exercice 2016. Il a rappelé, dans ce contexte, que les mesures urgentes de ce projet de loi de finances complémentaire, se reflètent à travers l'allocation d'une enveloppe de 306 MD destinée à consolider les équipements de la sécurité, l'armée et la douane. Cette mesure, a-t-il expliqué, s'inscrit dans le cadre de la guerre «féroce» menée contre le terrorisme qui nécessite, selon lui, une vigilance absolue. Il a, à ce propos, appelé de nouveau à l'unité nationale grâce à l'adhésion des citoyens et toutes les forces sociales à la lutte contre le terrorisme. Ces mesures visent essentiellement, selon le chef du gouvernement, à assurer la stabilisation des finances publiques, à assurer l'activité productive et à aplanir les difficultés dans certains secteurs et entreprises. Il a fait de la pédagogie aux députés clairsemés dans le Palais du Bardo, en leur disant : « il ne peut y avoir de développement économique et social ou encore d'emploi sans des entreprises dynamiques ...Les mesures exceptionnelles engagées devront soutenir les PME et il est nécessaire de préserver la pérennité des entreprises afin d'impulser l'emploi et de booster l'investissement ». Chiffres clefs Le budget de l'Etat pour 2015 est estimé selon la loi des finances complémentaire (LFC) à 27 786 millions de dinars contre 29 000 millions de dinars prévus par le budget principal. Les indicateurs de ce budget ont été fixés en prenant en considération l'évolution du climat général, la situation exceptionnelle qu'a connue la Tunisie depuis le début de l'année 2015 et en accordant la priorité à l'aspect sécuritaire et à la lutte contre le terrorisme. Le projet de la loi propose de réduire les dépenses estimées pour l'année 2015 à 17 702 MD, ce qui permettra de réduire des dépenses nettes de 268 MD. Le gouvernement œuvre à maîtriser le déficit du budget de l'Etat aux alentours de 4,8% du PIB(4186 MD) contre 4,9% du PIB(4391 MD) prévus par le budget principal. L'objectif recherché est de réduire, également, les dettes publiques à 51,9% du PIB contre 52,9% prévus par le budget principal. Les ressources propres de l'Etat sont estimées à 21 152 MD dont 18 510 MD de ressources fiscales et 2 642 MD des ressources non fiscales. Les ressources de l'emprunt sont estimées à 6748 MD. Quant aux dépenses budgétisées elles se répartissent ainsi : -Dépenses de gestion: ces dépenses sont estimées à 17 702 MD contre 17 970 MD prévus par le budget principal, ce qui permettra de réduire des dépenses nettes de 268 MD. -Les dépenses du budget complémentaire 2015 sont réparties comme suit : - 11 631 MD pour les salaires - 3 232 MD pour les subventions - 1815 MD pour financer d'autres interventions. -Dépenses de développement : ces dépenses sont estimées à 5264 MD contre 5800 MD prévus par le budget principal.