A l'instar d'autres organisations et associations, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a exprimé sa «déception» vis-à-vis de la LFC pour l'exercice 2015 Une lecture critique a été présentée par l'économiste et membre du comité directeur du Ftdes, Abdeljelil Bédoui, qui a déclaré que cette loi «ne répond pas aux attentes du peuple tunisien et que le gouvernement s'est contenté de prévoir une baisse du taux de croissance de 3% programmé dans la loi de finances principale 2015 à 1% dans la LFC sans pour autant proposer une stratégie économique claire et réformiste, capable de faire face à la situation économique du pays». Et d'ajouter que cette loi ne reflète pas le saut qualitatif estimé et s'est limitée à identifier les mutations économiques ( baisse du prix du baril du pétrole, augmentation du prix de change du dollar et des produits de base....) et leur impact sur les équilibres financiers. D'un autre côté, l'économiste a dû rappeler que les études montrent qu'à défaut d'un taux de croissance dépassant 6% et un taux d'investissement avoisinant 30% du PIB, il «serait impossible d'entamer sérieusement la résolution du chômage, de l'exclusion ainsi que les déséquilibres régionaux et sociaux. Il est a signaler, par ailleurs, que la LFC ne s'est pas limitée à l'identification des retombées négatives sur le rythme de croissance mais a recouru à des politiques d'austérité susceptibles d'appuyer ce processus rétrograde du rythme de croissance». L'usage des politiques d'austérité représente, en effet, un «tournant grave» qui est «différent des politiques adoptées durant la période post-révolutionnaire visant toutes la réalisation de la relance économique». M. Bédoui a indiqué, dans le même ordre d'idées, que l'aspect d'austérité, tel que mentionné dans la LFC, se manifeste essentiellement dans la régression des dépenses publiques de 1114 MD dont 268 MD au titre de dépenses de gestion brutes, due à la baisse des subventions, notamment suite à la baisse du prix du baril du pétrole sur le marché international, à la maîtrise du volume des salaires (536 MD au titre des dépenses de développement), à la baisse du déficit budgétaire de 4391MD prévu dans la loi des finances de 2015 à 4186MD prévu dans la LFC 2015. Ce recul favorisera une légère amélioration en ce qui concerne le taux du déficit budgétaire du PIB qui atteindra -4,8% contre -4,9%. A cela s'ajoute le recul du taux d'endettement qui atteindra 51,9% programme dans la loi des finances 2015. «Ces indicateurs, reflétant la logique d'austérité, montrent que le gouvernement ne manifeste pas la volonté de promouvoir le développement et ne lui accorde pas la priorité afin d'améliorer les équilibres financiers conformément aux recommandations des institutions financières internationales», précise M. Bédoui. Il a dénombré également les indicateurs des cinq premiers mois de l'année en cours, en matière de gestion dans les ressources publiques, des indicateurs indiquant les causes principales de la défaillance de la politique de relance de l'économie nationale et du rendement du gouvernement qui ne reflète pas jusqu'à présent une nette amélioration dans la gestion de ces ressources. D'où, une augmentation dans les dépenses de gestion ( excepté les dépenses de subvention) de l'ordre de 7,6% dont une augmentation de 8,6% du budget alloué aux salaires et 11,6% dans les dépenses des logistiques et des services. Concernant le taux de réalisation des dépenses de développement, il demeure faible ne dépassant pas 19% selon les prévisions contre 17% durant la même période en 2014. Ce taux demeure en deçà des attentes (42%). Les indicateurs enregistrent également un déficit budgétaire de 100MD durant les cinq premiers mois de l'année 2015 et une augmentation du volume d'endettement public pour atteindre 41.495MD contre 38.325MD en 2014 . «Le texte de la LFC, qui représente le premier projet après la révolution où les dépenses publiques ont régressé de 29.000MD programmées dans la loi de finances à 27.900MD dans la LFC, se caractérise par l'absence de l'élan réformiste en maintenant les même choix, le même cadre et la même démarche de développement». La LFC s'est contentée, par ailleurs, de «présenter l'appui et les avantages au secteur privé, dans l'espoir d'impulser les investissements de ce secteur, sans engagements visant à réaliser quelques objectifs de la part des bénéficiaires et sans considération des spécificités de la situation sécuritaire et sociale, d'où le lancement de l'initiative de réconciliation nationale financière et économique». Ce qui caractérise la LFC, c'est le déséquilibre social et sectoriel. En effet, ce déséquilibre social a favorisé l'absence d'une répartition équitable des fardeaux dus à la spécificité de l'étape actuelle. Ainsi, les ressources fiscales régresseront de 1310MD contrairement à ce qui est prévu dans la loi de finances principale et de 71MD seulement par rapport au volume enregistré en 2014. L'économiste a signalé que le manque à gagner enregistré dans les ressources fiscales sera comblé par l'augmentation du volume des entrées non fiscales, de 1775MD programmés dans la loi de finances 2015 à 2742 MD dans la LFC et en recourant aux crédits extérieurs devant passer de 4405MD à 5632MD.