Une cinquantaine de tableaux rares et authentiques garnissent actuellement les cimaises de la somptueuse galerie Saladin, à Sidi Bou Saïd. Cette collection offre un panorama de l'art tunisien du siècle dernier et celui de peintres étrangers séduits par notre pays au long des époques. L'exposition présente également deux cartes anonymes qui témoignent de la capitale, en 1535 et 1574. La peinture tunisienne est largement représentée, souvent par des œuvres de premier plan, réalisées par trois des grands maitres de la peinture en Tunisie (Adel Megdish, Aly Ben Salem et Jalel Ben Abdallah). La peinture étrangère comporte aussi des tableaux notables créés par F.W.Odelmark (peintre suédois né en 1849 et mort en 1937), Carl Christian Andersen (Danois, 1849-1906), Olle Hjortzberg (suédois, né en 1872 et mort en 1959), Ernest V. Brandt (Allemand, 1880-1957), Pierre Ives Tremois (Français, né en 1921) ... Les travaux de ces peintres étrangers se distinguent par un ensemble de tableaux évoquant la vie des habitants de Tunis au 19è et au début du 20è siècle (traite des esclaves...), ainsi que d'autres ayant trait à l'architecture de la ville (Mosquée, marabout, arcades, arabesques...). Picasso, l'un des plus célèbres artistes du XXe siècle, est présent à cette exposition par une copie de l'une de ses lithographies rares représentant une femme allaitant son enfant. On compte seulement quatre dessins de Megdish, dont deux sont à base d'encre de Chine, qui sont d'une grande valeur artistique, à savoir « Le portrait », « Modèle vivant », « Le Centaure » et « La princesse et le chevalier ». 26 toiles appartiennent à Aly Ben Salem, dont les fameux « Fresques » et « Le Grand bleu » ; quant aux œuvres de Ben Abdallah, elles sont au nombre de neuf, dont le fameux tableau « Elyssa ». Tous ces travaux passent pour des objets précieux, qui ont leur pesant d'or, tel des bijoux rares qui s'héritent d'une génération à une autre et qu'on craint d'altérer ou déformer, ce qui explique peut-être les prix exorbitants affichés sur chacun des tableaux. D'ailleurs, les connaisseurs de l'art, tels les collectionneurs, les historiens de l'art et les galeristes, savent estimer ces œuvres à leur juste valeur et sont prêts à y mettre le prix ! De toute façon, même pour un néophyte, la valeur des œuvres exposées dépend de critères tout à fait objectifs, à savoir la technique utilisée (huile, aquarelle, acrylique...) les dimensions, l'expérience, le talent et la notoriété de l'artiste ! Les œuvres tunisiennes présentent une variété de thèmes concernant le vécu du Tunisien, ses traditions, ses soucis et ses rêves. Quelques miniatures signées par Ben Salem sont d'une beauté rare et évoquent des scènes florales ou des figures de femmes ou encore des portraits équestres. Jalel Ben Abdallah, à son tour, il brosse dans ses travaux des paysages « Boukornine », des métiers artisanaux « La tisseuse » et la femme « L'impératrice », « La Troupe musicale »... Sans doute, cette exposition, tenue en fin de saison estivale, passe pour un avant-goût donné par la Galerie Saladin sur la toute prochaine rentrée culturelle, mais c'est aussi une occasion de révéler cette belle collection aux passionnés de l'art qui n'ont la possibilité de (re)voir de telles œuvres qu'au cours d'expositions organisées conjointement par un collectionneur qui a bien veillé sur leur conservation et un galeriste soucieux de joindre les travaux picturaux d'antan à ceux des arts plastiques contemporains, ce qui nous permettra d'avoir une idée sur l'histoire de l'art en Tunisie et dans le monde.