Plusieurs sont les économies qui vivent une situation de récession économique ou encore de récession technique à l'instar de ce qui se passe en Tunisie. Transition démocratique impose ses contraintes : paralysie de la production, fléchissement des investissements et par ricochet contraction de la croissance. En Tunisie, le Produit Intérieur Brut (PIB) a baissé de 0.7% au terme du second trimestre 2015. Une situation préoccupante qui intrigue les décideurs notamment en l'absence de prémices de relance ou de reprise de l'économie réelle comme en témoigne l'affaiblissement du niveau des exportations, le fléchissement des importations et le tarissement de la production industrielle. D'où une faiblesse des moyens de financement long termes de l'économie nationale. La Banque Mondiale a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme dans un rapport publié lundi et met en garde contre la pénurie de financements de long terme depuis la crise de 2008. « Une situation qui étouffe la croissance fondée sur l'investissement dans les pays en développement et empêche les ménages solvables d'emprunter pour financer leur éducation et leur logement et échapper à la pauvreté », note le rapport. Et c'est d'ailleurs le cas pour la Tunisie qui se trouve contrainte de mobiliser les fonds nécessaires au financement de l'économie. D'où le recours incessant aux lignes de crédits outre la nouvelle sortie sur le marché international récemment annoncée. Réticence du financement bancaire En l'absence ou la paralysie des moteurs de croissance, l'endettement extérieur reste la seule et unique alternative valable. Dans un communiqué rendu public le 14 septembre courant, le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, estime : « faute de pouvoir accéder à des financements de long terme, les ménages ont beaucoup de mal à élever progressivement leurs niveaux de vie, en investissant par exemple dans leur logement ou l'éducation, et risquent de ne pas pouvoir profiter des rendements à long terme plus élevés de leur épargne. ». D'ailleurs, les problèmes d'accès au financement s'accentuent en Tunisie aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. La sous-liquidité bancaire et le ralentissement du rythme de contribution des banques à l'économie continuent de faire pression. Toutefois, le recours au marché financier constitue une échappatoire. La dynamique que connaît la Bourse de Tunis est un indicateur favorable qui témoigne d'un certain progrès et d'une certaines prise de conscience quant à la nécessité de diversifier les sources de financement de l'économie de manière à amortir le choc en cas de crise. Réforme institutionnelle Cela dit, les canaux de financement long terme devront aller de pair avec le redéploiement des institutions publiques et la poursuite des réformes structurelles. A juste titre Asli Demirguc-Kunt, directrice de recherche à la Banque mondiale affirme : « La tentation de recourir à des solutions de court terme est forte, mais seule une réforme globale des institutions qui sous-tendent le système financier permettra de résoudre le problème ». Ainsi la Banque Mondiale suggère dans son rapport des points de réflexion permettant de développer l'accès aux financements à long terme dont : une meilleure protection des droits des investisseurs et une amélioration de la gouvernance d'entreprise. Le développement des marchés financiers pourrait également améliorer la disponibilité de financements à long terme et servir également de « roue de secours » en cas de chocs dans le système bancaire. Comment mobiliser davantage de ressources long terme pour l'économie tunisienne constitue le défi immédiat à surmonter par le gouvernement Essid. Rationaliser le financement sous contraintes budgétaires, demeure l'équation à résoudre urgent.