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Rapport de la Banque Mondiale sur la région MENA
Publié dans L'expert le 15 - 10 - 2009

La Banque Mondiale vient de publier un rapport sur les évolutions et perspectives économiques de la région MENA(dont fait partie la Tunisie) pour 2009 et qui a pour but d'examiner les retombées de la triple crise (alimentaire, énergétique et financière) sur les économies des pays qui la composent. Le rapport a fait le diagnostic des différentes économies de la région MENA (Middle East and North Africa) depuis 2007 et le déclenchement de la crise alimentaire.
Des conclusions importantes :
Le rapport aboutit aux principales conclusions que voici :
1) l'effet de la crise est fonction de l'exposition des pays aux marchés et produits de base concernés, de même que de leur situation et de leurs politiques macroéconomiques initiales ;
2) les retombées de la crise mondiale sur les secteurs financiers des pays MENA se sont pour l'heure limitées aux pays du Conseil de Coopération du Golfe, dont les secteurs financiers étaient plus ouverts aux centres financiers internationaux, mais qui se sont aussi trouvés en mesure de réagir grâce à la marge financière fournie par les excédents pétroliers antérieurs ;
3) s'agissant des répercussions sur l'économie réelle, la région a bien tenu le choc en 2008, la croissance moyenne du PIB étant restée stable alors qu'elle reculait dans d'autres régions ;
4) à terme, l'économie réelle de quasiment tous les pays MENA risque fortement de subir le contrecoup de la crise, et la capacité des pays à rebondir par la suite sera d'autant plus grande qu'ils mettront cette occasion à profit pour remédier aux insuffisances de l'infrastructure et restructurer des programmes de subventions inefficaces mais onéreux,
5) cette crise, à l'instar des précédentes, a mis en lumière la nécessité de procéder à des réformes structurelles afin de réduire la vulnérabilité des pays de la région et d'améliorer leur capacité à riposter aux chocs futurs.

Selon les perspectives de la Banque Mondiale l'économie réelle de la région MENA a bien tenu le choc face aux effets de la crise en 2008. Le PIB y a dans l'ensemble enregistré une légère hausse, passant de 5,6 % en 2007 à 6,1 % en 2008. Cette résistance à la crise en 2008 marque un contraste saisissant avec d'autres régions en développement, où la croissance a chuté par rapport aux niveaux enregistrés en 2007. Celle de MENA a été favorisée en 2008 par la hausse des cours pétroliers sur l'ensemble de l'année, malgré leur recul considérable au second semestre, et par le dynamisme du secteur de la construction. Des signes d'affaiblissement étaient toutefois perceptibles au dernier trimestre de 2008 et dans les premiers mois de 2009.

Une conjoncture mondiale incertaine assombrit les perspectives à court terme de la région mena :
Compte tenu de la persistance de la crise et de la morosité de la conjoncture économique internationale en 2009 et 2010, la crise risque d'avoir des retombées substantielles sur l'économie réelle de MENA.
- Premièrement, le volume mondial d'échanges devrait chuter de 9,7 % en 2009. Ce recul a un retentissement direct sur les exportations et les recettes pétrolières, ainsi que sur les exportations de produits manufacturés et d'autres marchandises de MENA.
- Deuxièmement, les cours du pétrole devraient tourner autour de 55,5 dollars le baril en 2009, et de 63 dollars en 2010, soit un niveau suffisant pour éviter une crise d'envergure dans les pays producteurs, mais nettement inférieur aux niveaux atteints en 2008. Les facteurs qui ont favorisé l'essor des prix pétroliers avant le milieu de 2008 ne joueront probablement guère en 2009. La demande mondiale devrait rester modérée et la spéculation ne devrait pas créer de pression à la hausse compte tenu de l'atonie des marchés boursiers. Le principal indicateur des cours du pétrole, la production industrielle mondiale, devrait fléchir de 12 % en 2009 après une forte contraction au quatrième trimestre de 2008.
- Troisièmement, même si le tourisme a fait preuve d'une certaine résistance, il n'a pas été imperméable à la crise, et un recul devrait être observable en 2009. Mis à part les pays du CCG, dont les recettes touristiques afficheront probablement une croissance positive, quoique moindre, en 2009 et 2010, d'autres pays devraient entrer en territoire négatif en 2009, mais un léger redressement est prévu en 2010.
- Quatrièmement, si les transferts par les salariés vivant à l'étranger sont restés stables en 2008, ils devraient diminuer de 6,2 % dans la région MENA en 2009. Bien que cette baisse soit compatible avec la tendance mondiale, elle pourrait toutefois poser des difficultés considérables dans la région MENA étant donné la forte dépendance de la région sur les transferts par les salariés basés à l'étranger.
- Cinquièmement, comme pour la plupart des pays émergents et en développement, les conditions de financement extérieur vont demeurer difficiles pour MENA en 2009, voire en 2010. Une régression considérable des flux mondiaux d'IDE est prévue en 2009, qui devrait toucher directement la région. Les flux d'IDE sont modérés dans MENA ; s'ils n'ont pas fléchi en 2008, ils devraient sensiblement reculer en 2009.

Dans ce contexte, la situation économique de la région MENA devrait se dégrader en 2009 par rapport à 2008 – dégradation dont témoigne la contraction brutale de la croissance globale, de 6,1 % en 2008 à 2,2% en 2009. Cette contraction marque un net contraste par rapport à 2008, année durant laquelle la région a été en mesure de maintenir un taux de croissance comparable à celui de l'année antérieure (2007), alors que toutes les autres voyaient leur taux de croissance diminuer par rapport à 2007. Qui plus est, malgré le ralentissement prononcé de la croissance du PIB prévu en 2009, le taux de croissance de MENA devrait rester proche de la moyenne des pays en développement (2,1 %), et rebondir légèrement en 2010 pour atteindre 4 %. En 2009 et 2010, la progression du PIB de la région devrait être soutenue avant tout par la consommation publique (alimentée par les mesures de relance budgétaire) face à l'affaissement des investissements et des exportations.
Les soldes extérieurs courants et budgétaires vont sensiblement se dégrader dans la plupart des pays, en grande partie sous l'effet de la chute de 50 % des prix pétroliers en regard de l'année précédente. Certains pays verront toutefois leur balance courante se redresser, l'apathie de la demande intérieure entraînant une baisse des importations supérieure à celle des exportations.
Les recettes publiques vont considérablement diminuer, du fait que les gouvernements de la MENA maintiennent les subventions et les augmentations de salaires promises en 2008 en réponse à la hausse des prix des produits alimentaires et énergétiques, ou qu'ils s'efforcent de financer d'autres mesures de relance pour faire face à la crise financière.
Pour de nombreux pays MENA, l'inflation marquera la seule évolution positive en 2009, voire en 2010, ce qui ne suffira pas à empêcher la crise d'avoir de graves retombées sociales. La baisse des prix des biens mondiaux, produits alimentaires compris, et le renforcement du dollar par rapport aux grandes monnaies internationales ont concouru à la baisse des indices des prix à la consommation dans les pays de la région.
Néanmoins, malgré l'atténuation de l'inflation, les conséquences humaines de la crise seront vraisemblablement lourdes en 2009-10. D'une part, le ralentissement économique a affaibli la capacité déjà médiocre de la région à créer des emplois dans le secteur privé; d'autre part, l'Organisation internationale du Travail (OIT) prévoit en 2009 une augmentation de 25 % du taux de chômage au Moyen-Orient, et de 13 % en Afrique du Nord par rapport à 2007.
Au niveau national, les répercussions économiques de la récession mondiale varieront en fonction du degré d'intégration économique des différents pays avec les régions profondément ébranlées par la crise ou de leur dépendance vis-à-vis des produits qu'elle a touchés. Leur capacité de réaction sera en outre fonction de la marge de manœuvre budgétaire dont les pays disposent ainsi que de leur capacité institutionnelle à appliquer des politiques macroéconomiques et structurelles de qualité. Se fondant sur ces caractéristiques, le rapport a rangé les pays en quatre catégories pour analyser les retombées de la crise.
La Tunisie appartient à la catégorie des pays non-exportateurs de pétrole dotés d'économies diversifiées et étroitement liés à la zone euro. Ces pays, selon le rapport,sont très exposés aux événements intervenant dans les pays européens et de l'OCDE (au travers des échanges), disposent d'un volant budgétaire restreint, mais possèdent une capacité institutionnelle solide pour appliquer des mesures macroéconomiques et structurelles.

Les économies diversifiées entretenant des liens commerciaux et touristiques poussés avec l'Europe et les pays de l'OCDE (Maroc, Tunisie et Egypte) affichaient une situation macroéconomique relativement saine lorsque la crise a débuté ; cette dernière a dans un premier temps eu des retombées modérées sur leurs systèmes financiers, mais ses conséquences sur leur économie réelle sont désormais sensibles étant donné l'amplification de la récession sur leurs principaux marchés d'exportation européens. La croissance devrait s'essouffler pour s'établir aux environs de 4 % en 2009, et de 3,9 % en 2010, et l'inflation autour de 5,2 % en 2009, et de 4,3 % en 2010. La récession dans l'Union européenne, la diminution des arrivées touristiques et la décrue des flux de transferts devraient provoquer une forte contraction de l'activité des PME manufacturières des secteurs d'exportation en 2009 et 2010. Le déficit budgétaire moyen pendant ces deux années devrait se maintenir au niveau de 2008, soit 4,5 % du PIB. Si la crise persiste, les positions budgétaires pourraient néanmoins se détériorer du fait que la faible demande d'exportations fragilise l'emploi dans les PME exportatrices; le chômage devrait ainsi augmenter et accroître les tensions sur les finances publiques, les autorités s'efforçant de fournir des incitations financières aux entreprises afin de maintenir ou d'effectuer des transferts de revenus vers les ménages concernés.
Le déficit courant devrait s'établir à 5 % du PIB en moyenne en 2009 et 2010. Les pays de ce groupe peuvent compter sur le bilan solide des politiques macroéconomiques judicieuses et des réformes structurelles qu'ils ont conduites pour mobiliser les financements nécessaires à l'application de mesures anticycliques. Cela dit, la conjoncture n'est probablement pas propice à ces derniers. Les finances publiques sont mal en point, et il n'est pas certain que les autorités soient en mesure d'émettre des obligations souveraines, les écarts demeurant élevés (même s'ils ont sensiblement diminué par rapport au niveau maximal atteint à la fin de 2008). Les autorités vont probablement davantage faire appel à l'emprunt intérieur et au financement extérieur de sources publiques.
Les risques pour la région :
Des risques substantiels continuent de peser sur les perspectives de MENA pour 2009-10. L'endurance des pays de la région sera en outre fonction de la profondeur de la crise mondiale et du moment où l'économie redémarrera. Trois risques méritent d'être soulignés.
D'abord, une récession planétaire plus profonde et durable qu'envisagé à ce stade ou l'intervention plus tardive de la relance mondiale pourraient continuer de peser sur la demande d'exportations d'hydrocarbures et de produits manufacturés en provenance de la région MENA. Même si la croissance mondiale redevient positive en 2010, le niveau du PIB restera nettement inférieur à son niveau potentiel étant donné le vaste excédent de capacité et les corrections nécessaires aux schémas mondiaux de consommation.
Ensuite, les tendances protectionnistes incontrôlées des partenaires commerciaux ou des pays MENA risquent de compromettre la contribution de la région à la reprise mondiale au travers des échanges, de même que ses perspectives de croissance et d'emploi à court terme.
Enfin, il se pourrait que les effets de rétroaction négatifs d'une dégradation prononcée ou persistante de l'économie réelle de MENA fasse du tort au secteur financier. Si la crise persiste et fragilise la position financière des PME exportatrices, puis d'autres entreprises nationales, l'apparition ou l'augmentation des prêts non productifs risquent d'entraîner une dégradation des bilans des banques nationales.
Au second semestre de 2009 et en 2010, la résistance des pays MENA aux retombées de la crise dépendra en grande partie de la profondeur et de la durée de la récession économique mondiale. Les projections du présent rapport supposent que la reprise mondiale interviendra en 2010, ce qui ne peut toutefois être tenu pour acquis.

Gérer le rétrécissement de l'espace budgétaire
Les pays MENA sont confrontés à des situations diverses en termes d'espace budgétaire et, partant, d'aptitude à atténuer les répercussions de la crise financière dans les mois à venir. Le présent rapport se fonde sur le déficit budgétaire et la dette publique pour évaluer cet espace.

Parmi les exportateurs hors pétrole intégrés aux marchés européens et de l'OCDE, le Maroc et la Tunisie bénéficient d'un certain espace budgétaire grâce à leur faible endettement public ; l'Egypte, quant à elle, n'en a pas et aura des difficultés à financer en 2009-10 d'autres mesures de relance que celles déjà annoncées par les autorités, à moins qu'elle n'obtienne un financement à faible taux pour financer son déficit budgétaire. Face à la chute des recettes publiques dans presque tous les pays de la région et au resserrement des conditions de financement extérieur, la dette intérieure publique peut constituer une solution attrayante pour financer les plans de relance budgétaire. Les gouvernements de la MENA devront toutefois gérer prudemment les risques d'éviction du secteur privé.

Rationaliser les subventions pour créer un espace budgétaire
Un moyen de lutter contre l'amenuisement de l'espace budgétaire consiste à rationaliser les programmes de subventions en vigueur. De fait, le moment pourrait s'avérer propice à la restructuration des subventions et des dépenses sociales élevées des pays MENA qui immobilisent une part substantielle des ressources publiques et profitent rarement aux groupes ou secteurs sociaux auxquels elles sont destinées. Dans la plupart des pays, tous les carburants et l'électricité sont subventionnés. S'il n'est pas facile de supprimer des subventions structurelles, et s'il n'existe pas de moment idéal pour le faire, l'heure est peut-être venue pour les pouvoirs publics de la région MENA de réorganiser leurs coûteux programmes de subventions.
La légère baisse des prix des carburants et des produits alimentaires fait que la restructuration des programmes de subventions n'entraînera pas de hausse déraisonnable des dépenses des ménages. Il n'en demeure pas moins que cette restructuration devra être conduite avec prudence de manière à maintenir, voire à relever, les prestations destinées aux pauvres. Dans certains cas, les subventions aux prix, alimentaires notamment, profitent effectivement aux plus démunis et jouent un rôle essentiel dans leur subsistance.
Outre les subventions, les pays envisagent de restructurer d'autres dépenses sociales. Si toutes les mesures ne sont pas directement associées à la crise financière mondiale, les enseignements dégagés de crises antérieures indiquent que ceux qui restructurent leurs dépenses sociales doivent privilégier les projets qui joueront un rôle de stabilisateur automatique, comme les programmes de prestations sociales assortis de conditions de ressource, dont l'amplification intervient naturellement et qu'il convient de financer durant les périodes de récession compte tenu du nombre croissant de personnes passant au-dessous du seuil d'admissibilité, cette tendance s'inversant lorsqu'intervient la reprise économique.

Supprimer les obstacles à la croissance
Pour tirer parti de la reprise mondiale une fois la crise terminée, les pays MENA devront saisir l'occasion qu'elle offre de supprimer les obstacles infrastructurels et les contraintes institutionnelles qui ont fait obstruction à la croissance régionale pendant des décennies. Le taux de croissance de la région avant la crise était le plus élevé jamais enregistré, mais faisait pâle figure par rapport à d'autres régions. Etant donné les besoins élevés et le faible niveau des investissements actuels, il convient de veiller à ne pas réduire trop brutalement les taux d'investissement de MENA par suite de la crise, comme cela s'est produit en Argentine à la fin des années 80 et en 2001-02, ou en Thaïlande à la fin des années 90. La reprise de la croissance dans les pays de la région sera vraisemblablement conditionnée par l'intensification des investissements nationaux, de même que par l'IDE et des exportations à destination des pays émergents et en développement présentant le plus fort potentiel de croissance.
Les mesures adoptées en riposte à la crise dans la région doivent vivement encourager le rôle du secteur privé dans l'infrastructure. Au cours des quinze dernières années, un pays comme l'Egypte a pris, lentement mais sûrement, des dispositions visant à renforcer le rôle des marchés dans l'allocation des ressources. Ces réformes ont délivré d'excellents résultats en termes de croissance et d'emploi, ce qui montre que des évolutions sont possibles. EnTunisie aussi, c'est le secteur privé qui est dans une certaine mesure à l'origine de la croissance.
Mais même dans ces deux pays, et encore plus dans la majorité des autres pays de la région, beaucoup reste à faire pour établir des conditions de concurrence équitables pour tous les investisseurs, nationaux et étrangers, publics et privés. Dans la période qui suivra la crise, les pays dotés d'une infrastructure adaptée et d'un climat propice aux affaires bénéficieront d'un avantage particulier.
La vulnérabilité de la région aux crises économiques et sa capacité à rebondir sont déterminées par les structures économiques sous-jacentes, les mécanismes d'intégration dans l'économie mondiale, et les politiques qui les influencent. À long terme, l'atténuation de cette vulnérabilité passera par un cadre structurel capable de réduire le risque systémique et de renforcer la résilience des économies aux chocs quand ils se produisent.

Développement restreint des secteurs financiers
L'intégration limitée de MENA aux marchés financiers mondiaux l'a en partie mise à l'abri des effets initiaux de la contraction économique actuelle. À plus long terme, la région aura toutefois des difficultés à surmonter les chocs compte tenu du développement modéré du secteur financier, de l'accès restreint des ménages et des entreprises aux services financiers et de sa faible exposition aux marchés financiers mondiaux.

Vulnérabilité élevée aux chocs sur les termes de l'échange
À long terme, la région MENA est également vulnérable aux chocs commerciaux. Les exportations sont fortement concentrées sur un petit nombre de produits. Celles des pays exportateurs de pétrole se composent pour plus de 85 % de carburants. Dans les pays pauvres en ressources naturelles, le degré de concentration des exportations est élevé, l'essentiel étant constitué de produits primaires ou de produits manufacturés à faible composante technologique tels que les vêtements, les chaussures et les textiles. Cette concentration n'a de surcroît pas sensiblement diminué ces quinze dernières années, ce qui fait de MENA la région la plus exposée au monde aux chocs des prix des produits de base. Elle est également vulnérable sur le plan des importations, essentiellement en raison de sa dépendance considérable à l'égard des importations de produits alimentaires.
La solution au problème de la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires, dont il y a tout lieu de craindre qu'elle soit une source permanente de chocs extérieurs, consisterait pour les pays de la MENA à mieux gérer leur exposition au risque de fluctuation des prix de ces produits ; ils devraient pour cela faire davantage appel aux marchés et contrats à terme et à d'autres instruments modernes afin de se protéger contre les aléas de l'offre, et d'amortir dans le même temps les retombées des chocs des prix sur les ménages confrontés à un problème chronique de sécurité alimentaire au moyen de régimes de protection sociale bien développés et ciblés.
S'agissant des exportations, les pays de la MENA ont tout intérêt, pour gérer leur vulnérabilité, à instaurer un environnement commercial qui développe d'une part la compétitivité (en permettant aux entreprises existantes de mieux s'adapter aux variations de la demande mondiale) et favorise d'autre part la diversification des exportations en termes de qualité des produits, de marchés d'exportation, et d'exportation des services. Il est alors nécessaire de renforcer les incitations au commerce des biens et des services, la diminution du coût des services essentiels au commerce, et des mesures dynamiques d'aide au commerce.


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