La « bidonvilisation » de nos villes a été la conséquence inéluctable du premier impact « révolutionnaire » qui accompagne le changement social et politique pour déstructurer un « ordre » jugé à l'origine de tous les malheurs vécus du temps de l'ancien régime, et se « libérer » de la tutelle de l'autorité, en général ! L'exemple universel de ce phénomène de « désurbanisation » suite au changement politique majeur, nous vient de France avec la destruction de la Bastille après la Révolution de 1789. Mais, la Tunisie a vécu aussi des périodes similaires, dont l'incendie de l'amphithéâtre d'El Jem par les Béni Hilal et Béni Souleim et on pourrait même remonter à la destruction de Carthage par les armées romaines et leurs alliés locaux, bien qu'il s'agissait là d'une occupation étrangère. Les Révolutions et le changement social et politique, sont rarement amis des villes, et le grand Tunis en a payé la note cash avec une exode rurale massive qui compte par millions. Oui, nous disons bien « millions », car Tunis est passée en quelques mois et quelques années de deux à plus de 4 millions d'âmes, alors que son infrastructure de base, aussi bien pour le routier que pour l'évacuation des eaux usées et pluviales ne dépasse pas en termes de capacités, d'absorption et de gestion, le million et demi d'habitants. D'où l'inadéquation entre la nouvelle réalité « postrévolutionnaire », embouteillée à l'extrême et de toute part et les moyens humains et matériels pour faire face et endiguer ce raz-de-marée de la pollution humaine et motrice additionnelle. Il fallait des « curateurs » de très hauts calibres, et des proconsuls (en termes modernes = Maires) de très grande étoffe avec cette volonté « guerrière » de prendre le mal à la source et les taureaux par les cornes, pour remettre sur orbite nos villes en perdition et spécialement la capitale qui a perdu son âme ! Mais, jour après jour, le naufrage urbain prenait de l'ampleur et de manière telle que les quartiers même dits « chic » ou « huppés » ont été ramenées à la norme de la médiocrité, générale, et la défiguration. Il faut avoir la mémoire visuelle encore bien active (merci nos ophtalmos émérites) pour se rappeler les temps des avenues propres, des trottoirs entretenus, des façades brillantes de blancheur et surtout des parcs et squares pris d'assaut par le « nomadisme » ascendant dans nos pauvres villes. Ibn Khaldoun a eu bien la chance d'émigrer en Egypte en d'autres périodes de décadence urbaine, au Maghreb et surtout en Ifriquiya. Notre Prophète vénéré Mohamed (SAWASLM) disait bien « oummati fil Moudoun » (Mon peuple est dans les villes) de quoi laisser croire que dans nos villes délabrées par le séisme dit « révolutionnaire » les Musulmans « Mohamétiens » se sont fait rares ! Maintenant, que faire après tout cela ! attendre des miracles des futures élections municipales à l'horizon 2017 ! Je préfère même pas y penser, la démocratie politique et décentralisée risque encore une fois de nous servir bien des mirages, couleuvres et autres surprises de quoi crier : « Allah yardha aâlik ya rajel ommi louel » (Merci au premier mari de ma mère !). Il faudrait plutôt une action vigoureuse du gouvernement et de l'autorité de tutelle pour exiger une dynamique appropriée pour nettoyer nos villes et les remettre à niveau car les Maires sont totalement dépassés et pleurent comme au temps de Ali Bey dans la « maison des larmes » ! Le nouveau gouverneur de l'Ariana, lui, semble l'avoir compris et il est allé directement au charbon, quelques semaines après sa nomination. D'où sa grande popularité auprès des citoyens de la « Cité des Roses » qui reprend des couleurs. Encore une fois « il y a parfois dans la rivière plus qu'en mer », comme dit l'adage arabe (Youjadou finnahri ma la youjadou fil bahri) et donc, il faut tout simplement l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ce que les Anglais, traduisent par « The right man in the right place » ! Mais, les « politiciens » tunisiens ont horreur de cela ! K.G